HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lysias, Discours XXXI : Contre Philon

Paragraphes 20-29

  Paragraphes 20-29

[31,20] ΜΑPΤΥPΕΣ <20> Οὐ τοίνυν ἔγωγε οἶδα τι ὑμᾶς διαφερόντως δεῖ γιγνώσκειν περὶ αὐτοῦ οἱ οἰκεῖοι γιγνώσκουσι· τοιαῦτα γάρ ἐστιν, ὥστ' εἰ καὶ μηδὲν αὐτῷ ἄλλο ἡμάρτητο, διὰ μόνα ταῦτα δίκαιον εἶναι ἀποδοκιμασθῆναι. <21> Οἷα μὲν οὖν ζῶσα μήτηρ αὐτοῦ κατηγόρει, παρήσω· ἐξ ὧν δὲ τελευτῶσα τὸν βίον διεπράξατο τεκμαιρομένοις ῥᾴδιόν ἐστιν ὑμῖν γνῶναι ὁποῖός τις ἦν περὶ αὐτήν. <21> Ἐκείνη γὰρ τούτῳ μὲν ἠπίστησεν ἀποθανοῦσαν ἑαυτὴν ἐπιτρέψαι, Ἀντιφάνει δὲ οὐδὲν προσήκουσα πιστεύσασα ἔδωκεν εἰς τὴν ἑαυτῆς ταφὴν τρεῖς μνᾶς ἀργυρίου, παραλιποῦσα τοῦτον ὑὸν ὄντα ἑαυτῆς. Ἆρα δῆλον ὅτι εὖ ᾔδει αὐτὸν οὐδὲ διὰ τὸ προσήκειν αὐτῇ τὰ δέοντα ἂν ποιήσοντα; <22> Καίτοι εἰ μήτηρ, πέφυκε καὶ ἀδικουμένη ὑπὸ τῶν ἑαυτῆς παίδων μάλιστα ἀνέχεσθαι καὶ μίκρ' ὠφελουμένη μεγάλα ἔχειν ἡγεῖσθαι διὰ τὸ εὐνοίᾳ μᾶλλον ἐλέγχῳ τὰ γιγνόμενα δοκιμάζειν, ἐνόμιζε τοῦτον κἂν ἀπὸ τεθνεώσης φέρειν ἑαυτῆς, τί χρὴ ὑμᾶς περὶ αὐτοῦ διανοηθῆναι; <23> Ὅστις γὰρ περὶ τοὺς ἑαυτοῦ ἀναγκαίους τοιαῦτα ἁμαρτάνει ἁμαρτήματα, τί ἂν περί γε τοὺς ἀλλοτρίους ποιήσειεν; Ὡς οὖν καὶ ταῦτ' ἀληθῆ ἐστιν, ἀκούσατε αὐτοῦ τοῦ λαβόντος τὸ ἀργύριον καὶ θάψαντος αὐτήν. ΜΑPΤΥPΙΑ <24> Τί ἂν οὖν βουληθέντες ὑμεῖς τοῦτον δοκιμάσαιτε; πότερον ὡς οὐχ ἡμαρτηκότα; ἀλλὰ τὰ μέγιστα περὶ τὴν πατρίδα ἠδίκηκεν· ἀλλ' ὡς ἔσται βελτίων; τοιγάρτοι πρότερον βελτίων γενόμενος περὶ τὴν πόλιν ὕστερον βουλεύειν ἀξιούτω, φανερόν τι ἀγαθὸν ὥσπερ τότε κακὸν ποιήσας. Σωφρονέστερον γάρ ἐστιν ὕστερον πᾶσι τῶν ἔργων τὰς χάριτας ἀποδιδόναι· δεινὸν γὰρ ἔμοιγε δοκεῖ εἶναι, εἰ ἐξ ὧν μὲν ἤδη ἡμάρτηκε μηδέποτε τιμωρηθήσεται, ἐξ ὧν δὲ μέλλει εὖ ποιήσειν ἤδη τετιμήσεται. <25> Ἀλλ' ἄρα ἵνα βελτίους ὦσιν οἱ πολῖται ὁρῶντες ἅπαντας ὁμοίως τιμωμένους, διὰ τοῦτο δοκιμαστέος ἐστίν; ἀλλὰ κίνδυνος καὶ τοὺς χρηστούς, ἐὰν αἰσθάνωνται ὁμοίως τοὺς πονηροὺς τιμωμένους, παύσεσθαι τῶν χρηστῶν ἐπιτηδευμάτων, τῶν αὐτῶν ἡγουμένους εἶναι τούς τε κακοὺς τιμᾶν καὶ τῶν ἀγαθῶν ἀμνημο νεῖν· ἄξιον δὲ καὶ τόδε ἐνθυμηθῆναι, <26> ὅτι εἰ μέν τις φρούριόν τι προὔδωκεν ναῦς στρατόπεδόν τι, ἐν μέρος τι ἐτύγχανε τῶν πολιτῶν ὄν, ταῖς ἐσχάταις ἂν ζημίαις ἐζημιοῦτο, οὗτος δὲ προδοὺς ὅλην τὴν πόλιν οὐχ ὅπως μὴ τιμωρηθήσεται ἀλλὰ καὶ ὅπως τιμήσεται παρασκευάζεται. Καίτοι δικαίως γ' ἄν, ὅστις φανερῶς ὥσπερ οὗτος προὔδωκε τὴν ἐλευθερίαν, οὐ περὶ τοῦ βουλεύειν ἀλλὰ περὶ τοῦ δουλεύειν καὶ τῆς μεγίστης ἀτιμίας ἠγωνίζετο. <27> Ἀκούω δ' αὐτὸν λέγειν ὡς, εἴ τι ἦν ἀδίκημα τὸ μὴ παραγενέσθαι ἐν ἐκείνῳ τῷ καιρῷ, νόμος ἂν ἔκειτο περὶ αὐτοῦ διαρρήδην, ὥσπερ καὶ περὶ τῶν ἄλλων ἀδικημάτων. <28> Οὐ γὰρ οἴεται ὑμᾶς γνώσεσθαι ὅτι διὰ τὸ μέγεθος τοῦ ἀδικήματος οὐδεὶς περὶ αὐτοῦ ἐγράφη νόμος. Τίς γὰρ ἄν ποτε ῥήτωρ ἐνεθυμήθη νομοθέτης ἤλπισεν ἁμαρτήσεσθαί τινα τῶν πολιτῶν τοσαύτην ἁμαρτίαν; οὐ γὰρ ἂν δήπου, εἰ μέν τις λίποι τὴν τάξιν μὴ αὐτῆς τῆς πόλεως ἐν κινδύνῳ οὔσης ἀλλ' ἑτέρους εἰς τοῦτο καθιστάσης, ἐτέθη νόμος ὡς μεγάλα ἀδικοῦντος, εἰ δέ τις αὐτῆς τῆς πόλεως ἐν κινδύνῳ οὔσης λίποι τὴν πόλιν αὐτήν οὐκ ἂν ἄρα ἐτέθη; σφόδρα γ' ἄν, εἴ τις ᾠήθη τινὰ τῶν πολιτῶν ἁμαρτήσεσθαί τι τοιοῦτόν ποτε. <29> Τίς δ' οὐκ ἂν εἰκότως ἐπιτιμήσειεν ὑμῖν, εἰ τοὺς μετοίκους μέν, ὅτι οὐ κατὰ τὸ προσῆκον ἑαυτοῖς ἐβοήθησαν τῷ δήμῳ, ἐτιμήσατε ἀξίως τῆς πόλεως, τοῦτον δέ, ὅτι παρὰ τὸ προσῆκον ἑαυτῷ προὔδωκε τὴν πόλιν, μὴ κολάσετε, εἰ μή γε ἄλλῳ τινὶ μείζονι, τῇ γε παρούσῃ ἀτι μίᾳ; [31,20] <20> Je ne pense pas que vous deviez juger de Philon autrement que ses proches. Telle a été sa conduite à leur égard, que, quand on n'aurait rien autre chose à reprendre en lui, il mériterait d'être rejeté. Ne parlons point des reproches que sa mère lui faisait pendant sa vie ; il est facile de connaître ce qu'il était envers elle, par ce qu'elle a fait à sa mort. <21> Dans la crainte qu'il ne la privât de la sépulture, elle donna sa confiance à Antiphane qui lui était absolument étranger, et lui remit trois mines pour ses funérailles sans daigner parler de son fils. Elle croit donc certaine que Philon négligerait de remplir à son égard les devoirs de la piété filiale ; la chose est évidente. <22> Mais si une mère naturellement indulgente pour les fautes de ses enfants, et toujours sensible à leurs plus légères attentions, qu'elle n'apprécie que par les sentiments du cœur, si une mère craignit que son fils n'exerçât sa cupidité jusques sur ses funérailles, que doit-on penser d'un tel fils? <23> un homme capable de tels procédés envers ses proches, que pourra-t-il être envers les étrangers ? Pour preuve de ce que j'avance, écoutez celui même qui reçut l'argent de la mère de Philon, et qui lui donna la sépulture. On fait paraître le témoin. <24> Par quels motifs confirmeriez-vous donc le choix du sort en saveur de Philon ? Serait-ce parce qu'il n'est pas coupable ? mais il a offensé la patrie dans des points essentiels ? Serait-ce parce qu'il deviendra meilleur ? qu'il commence donc par devenir meilleur, et qu'il demande ensuite une place dans le sénat ; qu'il se fasse connaître par de bonnes actions, comme il est déjà connu par de mauvaises : car la raison veut que l'action précède la récompense, et il me paraît absurde de ne pas punir Philon pour le mal qu'il a déjà fait, et de l'honorer déjà pour le bien qu'il se propose de faire. <25> Serait-ce enfin pour que les citoyens deviennent plus zélés et plus vertueux en voyant tout le monde également honoré ? mais il est à craindre que même les bons, s'ils se voient indistinctement honorés avec les méchants, ne renoncent à faire le bien, persuadés que la vertu ne tarde pas à être oubliée quand le vice est en honneur. <26> Observons encore que si quelqu'un eût livré une forteresse, un vaisseau ou un camp, dans lesquels se trouvât seulement une partie de la ville, il ne manquerait pas de subir les derniers supplices : et Philon qui livra la ville entière, loin de s'attendre à être puni, prétend même être récompensé ! Cependant, quiconque, à son exemple, a trahi manifestement la liberté publique, loin de prétendre à être sénateur, doit craindre de se voir condamné à la plus extrême indigence, et réduit à l'état d'esclave. <27> Il dit, à ce que j'apprends, que il c'était un délit réel de s'être éloigné d'Athènes dans les conjonctures dont je parle, il existerait une loi formelle pour ce délit comme pour les autres. <28> Mais il ne songe pas que c'est à cause de sa gravité qu'on n'a porté aucune loi sur ce délit. Et la raison en est sensible. Quel orateur, en effet, eût jamais pensé, quel législateur se fût jamais imaginé, qu'un citoyen pût commettre un tel crime ? On a porté une loi sévère, comme dans un délit grave, contre quiconque abandonne son poste, lorsque c'est la ville elle-même qui entreprend une attaque ; et l'on n'en aurait porté aucune contre quiconque abandonne la ville, lorsque c'est elle-même qui est attaquée ! On en eût porté, sans doute, si on eût présumé qu'un citoyen pût être capable d'une pareille lâcheté. <29> Qui ne vous blâmerait avec justice, Sénateurs, si, ayant gratifié des étrangers d'une récompense digne d'Athènes, pour avoir secouru le peuple sans aucune obligation de leur part, vous ne punissiez pas Philon pour avoir livré une patrie qu'il était obligé de défendre, vous ne lui infligiez pas, sinon la peine la plus rigoureuse, du moins la flétrissure que nous sollicitons contre lui ?


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Dernière mise à jour : 25/02/2010