HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lysias, Discours XXV : Plaidoyer pour un citoyen accusé d'avoir détruit la démocratie

βελτίων



Texte grec :

[10] Οὔκουν χαλεπὸν γνῶναι, ὦ ἄνδρες δικασταί, ὅτι οὐ περὶ πολιτείας εἰσὶν αἱ πρὸς ἀλλήλους διαφοραί, ἀλλὰ περὶ τῶν ἰδίᾳ συμφερόντων ἑκάστῳ. Ὑμᾶς οὖν χρὴ ἐκ τούτων δοκιμάζειν τοὺς πολίτας, σκοποῦντας μὲν ὅπως ἦσαν ἐν τῇ δημοκρατίᾳ πεπολιτευμένοι, ζητοῦντας δὲ εἴ τις αὐτοῖς ἐγίγνετο ὠφέλεια τῶν πραγμάτων μεταπεσόντων· οὕτως γὰρ ἂν δικαιοτάτην 〈τὴν〉 κρίσιν περὶ αὐτῶν ποιοῖσθε. (11) Ἐγὼ τοίνυν ἡγοῦμαι, ὅσοι μὲν ἐν τῇ δημοκρατίᾳ ἄτιμοι ἦσαν (εὐθύνας δεδωκότες) ἢ τῶν ὄντων ἀπεστερημένοι ἢ ἄλλῃ τινὶ συμφορᾷ τοιαύτῃ κεχρημένοι, προσήκειν αὐτοῖς ἑτέρας ἐπιθυμεῖν πολιτείας, ἐλπίζοντας τὴν μεταβολὴν ὠφέλειάν τινα αὑτοῖς ἔσεσθαι· ὅσοι δὲ τὸν δῆμον πολλὰ κἀγαθὰ εἰργασμένοι εἰσί, κακὸν δὲ μηδὲν πώποτε, ὀφείλεται δὲ αὐτοῖς χάριν κομίσασθαι παρ´ ὑμῶν μᾶλλον ἢ δοῦναι δίκην τῶν πεπραγμένων, οὐκ ἄξιον τὰς περὶ τούτων ἀποδέχεσθαι διαβολάς, οὐδ´ ἐὰν πάντες οἱ τὰ τῆς πόλεως πράττοντες ὀλιγαρχικοὺς αὐτοὺς φάσκωσιν εἶναι. (12) Ἐμοὶ τοίνυν, ὦ ἄνδρες δικασταί, οὔτ´ ἰδίᾳ οὔτε δημοσίᾳ συμφορὰ ἐν ἐκείνῳ τῷ χρόνῳ οὐδεμία πώποτε ἐγένετο, ἀνθ´ ἧς τινος ἂν προθυμούμενος τῶν παρόντων κακῶν ἀπαλλαγῆναι ἑτέρων ἐπεθύμουν πραγμάτων. Πετριηράρχηκά τε γὰρ πεντάκις, καὶ τετράκις νεναυμάχηκα καὶ εἰσφορὰς ἐν τῷ πολέμῳ πολλὰς εἰσενήνοχα, καὶ τἆλλα λελῃτούργηκα οὐδενὸς χεῖρον τῶν πολιτῶν. (13) Καίτοι διὰ τοῦτο πλείω τῶν ὑπὸ τῆς πόλεως προσταττομένων ἐδαπανώμην, ἵνα καὶ βελτίων ὑφ´ ὑμῶν νομιζοίμην, καὶ εἴ πού μοί τις συμφορὰ γένοιτο, ἄμεινον ἀγωνιζοίμην. Ὧν ἐν τῇ ὀλιγαρχίᾳ ἁπάντων ἀπεστερούμην· οὐ γὰρ τοὺς τῷ πλήθει ἀγαθοῦ τινος αἰτίους γεγενημένους χάριτος παρ´ αὑτῶν ἠξίουν τυγχάνειν, ἀλλὰ τοὺς πλεῖστα κακὰ ὑμᾶς εἰργασμένους εἰς τὰς τιμὰς καθίστασαν, ὡς ταύτην παρ´ ἡμῶν πίστιν εἰληφότες. Ἃ χρὴ πάντας ἐνθυμουμένους μὴ τοῖς τούτων λόγοις πιστεύειν, ἀλλὰ (καὶ) ἐκ τῶν ἔργων σκοπεῖν ἃ ἑκάστῳ τυγχάνει πεπραγμένα. (14) Ἐγὼ γάρ, ὦ ἄνδρες δικασταί, οὔτε τῶν τετρακοσίων ἐγενόμην· ἢ τῶν κατηγόρων ὁ βουλόμενος παρελθὼν ἐλεγξάτω· οὐ τοίνυν οὐδ´ ἐπειδὴ οἱ τριάκοντα κατέστησαν, οὐδείς με ἀποδείξει οὔτε βουλεύσαντα οὔτε ἀρχὴν οὐδεμίαν ἄρξαντα. καίτοι εἰ μὲν ἐξόν μοι ἄρχειν μὴ ἐβουλόμην, ὑφ´ ὑμῶν νυνὶ τιμᾶσθαι δίκαιός εἰμι· εἰ δὲ οἱ τότε δυνάμενοι μὴ ἠξίουν μοι μεταδιδόναι τῶν πραγμάτων, πῶς ἂν φανερώτερον ἢ οὕτως ψευδομένους ἀποδείξαιμι τοὺς κατηγόρους; (15) Ἔτι τοίνυν, ὦ ἄνδρες δικασταί, καὶ ἐκ τῶν ἄλλων τῶν ἐμοὶ πεπραγμένων ἄξιον σκέψασθαι. Ἐγὼ γὰρ τοιοῦτον ἐμαυτὸν ἐν ταῖς τῆς πόλεως συμφοραῖς παρέσχον ὥστε, εἰ πάντες τὴν αὐτὴν γνώμην ἔσχον ἐμοί, μηδένα ἂν ὑμῶν μηδεμιᾷ χρήσασθαι συμφορᾷ. Ὑπ´ ἐμοῦ γὰρ ἐν τῇ ὀλιγαρχίᾳ οὔτε ἀπαχθεὶς οὐδεὶς φανήσεται, οὔτε τῶν ἐχθρῶν οὐδεὶς τετιμωρημένος, οὔτε τῶν φίλων εὖ πεπονθώς. (16) (Καὶ τοῦτο μὲν οὐκ ἄξιον θαυμάζειν· εὖ μὲν γὰρ ποιεῖν ἐν ἐκείνῳ τῷ χρόνῳ χαλεπὸν ἦν, ἐξαμαρτάνειν δὲ τῷ βουλομένῳ ῥᾴδιον.) Οὐ τοίνυν οὐδ´ εἰς τὸν κατάλογον Ἀθηναίων καταλέξας οὐδένα φανήσομαι, οὐδὲ δίαιταν καταδιαιτησάμενος οὐδενός, οὐδὲ πλουσιώτερος ἐκ τῶν ὑμετέρων γεγονὼς συμφορῶν. Καίτοι εἰ τοῖς τῶν γεγενημένων κακῶν αἰτίοις ὀργίζεσθε, εἰκὸς καὶ τοὺς μηδὲν ἡμαρτηκότας βελτίους ὑφ´ ὑμῶν νομίζεσθαι. (17) Καὶ μὲν δή, ὦ ἄνδρες δικασταί, μεγίστην ἡγοῦμαι περὶ ἐμαυτοῦ τῇ δημοκρατίᾳ πίστιν δεδωκέναι. Ὅστις γὰρ τότε οὐδὲν ἐξήμαρτον οὕτω πολλῆς δεδομένης ἐξουσίας, ἦ που νῦν σφόδρα προθυμηθήσομαι χρηστὸς εἶναι, εὖ εἰδὼς ὅτι, ἐὰν ἀδικῶ, παραχρῆμα δώσω δίκην. Ἀλλὰ γὰρ τοιαύτην διὰ τέλους γνώμην ἔχω, ὥστε ἐν ὀλιγαρχίᾳ μὲν μὴ ἐπιθυμεῖν τῶν ἀλλοτρίων, ἐν δημοκρατίᾳ δὲ τὰ ὄντα προθύμως εἰς ὑμᾶς ἀναλίσκειν. (18) Ἡγοῦμαι δέ, ὦ ἄνδρες δικασταί, οὐκ ἂν δικαίως ὑμᾶς μισεῖν τοὺς ἐν τῇ ὀλιγαρχίᾳ μηδὲν πεπονθότας κακόν, ἐξὸν ὀργίζεσθαι τοῖς εἰς τὸ πλῆθος ἐξημαρτηκόσιν, οὐδὲ τοὺς μὴ φυγόντας ἐχθροὺς νομίζειν, ἀλλὰ τοὺς ὑμᾶς ἐκβαλόντας, οὐδὲ τοὺς προθυμουμένους τὰ ἑαυτῶν σῶσαι, ἀλλὰ τοὺς τὰ τῶν ἄλλων ἀφῃρημένους, οὐδὲ οἳ τῆς σφετέρας αὐτῶν σωτηρίας ἕνεκα ἔμειναν ἐν τῷ ἄστει, ἀλλ´ οἵτινες ἑτέρους ἀπολέσαι βουλόμενοι μετέσχον τῶν πραγμάτων. Εἰ δὲ οἴεσθε χρῆναι, οὓς ἐκεῖνοι παρέλιπον ἀδικοῦντες, ὑμεῖς ἀπολέσαι, οὐδεὶς τῶν πολιτῶν ὑπολειφθήσεται. (19) Σκοπεῖν δὲ χρὴ καὶ ἐκ τῶνδε, ὦ ἄνδρες δικασταί. πάντες γὰρ ἐπίστασθε ὅτι ἐν τῇ προτέρᾳ δημοκρατίᾳ τῶν τὰ τῆς πόλεως πραττόντων πολλοὶ μὲν τὰ δημόσια ἔκλεπτον, ἔνιοι δ´ ἐπὶ τοῖς ὑμετέροις ἐδωροδόκουν, οἱ δὲ συκοφαντοῦντες τοὺς συμμάχους ἀφίστασαν. Καὶ εἰ μὲν οἱ τριάκοντα τούτους μόνους ἐτιμωροῦντο, ἄνδρας ἀγαθοὺς καὶ ὑμεῖς ἂν αὐτοὺς ἡγεῖσθε· νῦν δέ, ὅτε ὑπὲρ τῶν ἐκείνοις ἡμαρτημένων τὸ πλῆθος κακῶς ποιεῖν ἠξίουν, ἠγανακτεῖτε, ἡγούμενοι δεινὸν εἶναι τὰ τῶν ὀλίγων ἀδικήματα πάσῃ τῇ πόλει κοινὰ γίγνεσθαι.

Traduction française :

[10] Il est donc évident que c'est moins pour le gouvernement qu'on se dispute que pour des intérêts particuliers. C'est sur ces principes qu'on doit nous examiner ; et la meilleure manière dont vous puissiez juger d'un citoyen, c'est de considérer comment il s'est conduit sous le règne démocratique, et s'il avait quelque intérêt à ce qu'il arrivât une révolution. (11) Pour moi, je pense que tous ceux qui dans la démocratie avaient été diffamés après avoir rendu leurs comptes, qui avaient perdu leurs biens, ou qui étaient tombés dans quelque autre disgrâce, devaient faire des vœux pour un autre gouvernement, et se flatter qu'une révolution leur serait avantageuse. Quant aux particuliers qui ont rendu au peuple de grands services, qui ne lui donnèrent jamais aucun sujet de plainte, et que vous devez récompenser plutôt que punir d'après leur conduite; on ne doit pas même écouter les calomnies débitées. contre eux, quand même tous nos orateurs politiques les représenteraient comme partisans de l'oligarchie. (12) Or, Athéniens, il ne m'était alors survenu aucune disgrâce quelconque qui pût me faire désirer de sortir d'embarras, et soupirer après une autre constitution. J'avais été cinq fois commandant de vaisseau ; je m'étais trouvé à quatre batailles navales ; pendant la guerre, j'avais souvent contribué de ma fortune ; j'avais rempli les autres charges avec autant d'ardeur que personne.(13) Toutefois je faisais plus de dépenses qu'on ne pouvait en exiger à la rigueur, afin que vous eussiez de moi une meilleure opinion, et que si on m'intentait un jour quelque procès criminel, je plaidasse avec plus d'avantage. J'étais privé du fruit de ces actions dans l'état oligarchique. Car, sans doute, les tyrans ne prétendaient pas récompenser ceux qui avaient fait quelque bien au peuple ; ils distinguaient au contraire, ils élevaient aux honneurs ceux qui vous avaient fait le plus de mal : c'était là comme le gage qu'ils recevaient de notre foi. Ces réflexions doivent vous faire rejeter les discours de mes adversaires, et c'est par les faits mêmes que vous devez juger de la conduite de chacun de nous. (14) Je n'étais pas des Quatre-cents ; ou que celui de mes ennemis qui le voudra paraisse et m'en convainque. On ne prouvera pas non plus que, sous les Trente, je sois entré dans le sénat, ni que j'aie possédé quelque charge. Cependant, si je refusai alors de m'élever aux honneurs quoique je pusse y parvenir, n'est-il pas juste qu'aujourd'hui je sois honoré par mes compatriotes ? et si ceux qui avaient alors la puissance ne me donnèrent aucune part dans l'administration, puis-je prouver plus clairement l'imposture de mes accusateurs ? (15) Examinez encore, Athéniens, le reste de ma conduite. Je me suis tellement comporté dans les infortunes de la patrie, que, si tout le monde eût pensé comme moi, nul de vous n'aurait essuyé aucune disgrâce. On ne m'a vu dans l'oligarchie, traîner qui que ce soit en prison : je n'ai persécuté aucun de mes ennemis, ni même obligé aucun de mes amis. (16) Toutefois cette dernière circonstance n'est pas celle dont je m'applaudis davantage, parce que dans ces temps de trouble il n'était pas facile d'obliger, et que celui qui voulait nuire le pouvait sans peine. On ne me vit donc alors ni enregistrer personne par fraude au nombre des Athéniens, ni condamner personne par une sentence judiciaire, ni m'enrichir de vos malheurs. Cependant, si vous avez sujet d'être animés contre les auteurs de vos maux, n'est-il pas naturel que vous regardiez comme de bons citoyens ceux qui ne vous firent aucun mal? (17) Je crois avoir donné d'assez bons garants de ce que je puis être dans la démocratie. Moi donc qui ne commis aucune faute lorsqu'il m'était si facile d'en commettre, à plus forte raison, sans doute, m'efforcerai-je maintenant d'être un citoyen vertueux, persuadé que si je venais à prévariquer, je ne tarderais pas d'en être puni. Mais enfin, et tels furent toujours mes principes, dans l'état oligarchique je n'enviai jamais le bien d'autrui ; dans le démocratique, je prodiguai le mien pour vous avec ardeur. (18) Or il me semble que ce ne sont pas ceux qui ont échappé aux persécutions de l'oligarchie, qui doivent encourir votre haine et votre indignation, mais les persécuteurs du peuple ; il me semble que vous devez regarder comme ennemis non ceux qui ne furent pas exilés, mais ceux qui vous chassèrent de votre patrie ; non ceux qui se montrèrent jaloux de retenir leur fortune, mais ceux qui ravirent celle des autres; non ceux qui restèrent dans la ville pour leur propre conservation, mais ceux qui prirent part aux affaires avec le dessein formé d'opprimer l'innocence. Si vous vous arrogez l'injuste droit de perdre les citoyens qu'épargnèrent les tyrans, que deviendront la plupart de nous ? (19) Voici une remarque qui mérite aussi quelque attention. Vous savez tous que dans la première démocratie, la plupart des chefs de notre ville pillaient ses revenus ; vous en avez vu plusieurs qui trafiquaient de vos privilèges, et d'autres qui par leurs calomnies vous faisaient abandonner de vos alliés. Si les Trente n'eussent exercé leur sévérité que contre de tels hommes, vous les reconnaîtriez vous-mêmes pour de bons citoyens; mais, comme ils semblaient vouloir rendre le peuple responsable des excès qui lui étaient étrangers, une telle injustice vous révoltait, vous étiez indignés qu'on imputât à toute la ville des crimes qui n'appartenaient qu'à un petit nombre.





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Dernière mise à jour : 8/07/2010