HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lysias, Discours XXV : Plaidoyer pour un citoyen accusé d'avoir détruit la démocratie

Paragraphes 20-29

 Paragraphes 20-29

[20] Οὐ τοίνυν ἄξιον χρῆσθαι τούτοις, οἷς ἐκείνους ἑωρᾶτε ἐξαμαρτάνοντας, οὐδὲ πάσχοντες ἄδικα ἐνομίζετε πάσχειν, ὅταν ἑτέρους ποιῆτε, δίκαια ἡγεῖσθαι, ἀλλὰ τὴν αὐτὴν κατελθόντες περὶ ἡμῶν γνώμην ἔχετε, ἥνπερ φεύγοντες περὶ ὑμῶν αὐτῶν εἴχετε· ἐκ τούτων γὰρ καὶ ὁμόνοιαν πλείστην ποιήσετε, καὶ πόλις ἔσται μεγίστη, καὶ τοῖς ἐχθροῖς ἀνιαρότατα ψηφιεῖσθε. (21) Ἐνθυμηθῆναι δὲ χρή, ἄνδρες δικασταί, καὶ τῶν ἐπὶ τῶν τριάκοντα γεγενημένων, ἵνα τὰ τῶν ἐχθρῶν ἁμαρτήματα ἄμεινον ὑμᾶς ποιήσῃ περὶ τῶν ὑμετέρων αὐτῶν βουλεύσασθαι. Ὅτε μὲν γὰρ ἀκούοιτε τοὺς ἐν ἄστει τὴν αὐτὴν γνώμην ἔχειν, μικρὰςτὰςἐλπίδας εἴχετε τῆς καθόδου, ἡγούμενοι τὴν ἡμετέραν ὁμόνοιαν μέγιστον κακὸν εἶναι τῇ ὑμετέρᾳ φυγῇ· (22) Ἐπειδὴ δὲ ἐπυνθάνεσθε τοὺς μὲν τρισχιλίους στασιάζοντας, τοὺς ἄλλους δὲ πολίτας ἐκ τοῦ ἄστεως ἐκκεκηρυγμένους, τοὺς δὲ τριάκοντα μὴ τὴν αὐτὴν γνώμην ἔχοντας, πλείους δ´ ὄντας τοὺς ὑπὲρ ὑμῶν δεδιότας τοὺς ὑμῖν πολεμοῦντας, τότ´ ἤδη καὶ κατιέναι προσεδοκᾶτε καὶ παρὰ τῶν ἐχθρῶν λήψεσθαι δίκην. Ταὐτὰ γὰρ τοῖς θεοῖς ηὔχεσθε, ἅπερ ἐκείνους ἑωρᾶτε ποιοῦντας, ἡγούμενοι διὰ τὴν τῶν τριάκοντα πονηρίαν πολὺ μᾶλλον σωθήσεσθαι διὰ τὴν τῶν φευγόντων δύναμιν κατιέναι. (23) Χρὴ τοίνυν, ἄνδρες δικασταί, τοῖς πρότερον γεγενημένοις παραδείγμασι χρωμένους βουλεύεσθαι περὶ τῶν μελλόντων ἔσεσθαι, καὶ τούτους ἡγεῖσθαι δημοτικωτάτους, οἵτινες ὁμονοεῖν ὑμᾶς βουλόμενοι τοῖς ὅρκοις καὶ ταῖς συνθήκαις ἐμμένουσι, νομίζοντες καὶ τῆς πόλεως ταύτην ἱκανωτάτην εἶναι σωτηρίαν καὶ τῶν ἐχθρῶν μεγίστην τιμωρίαν· οὐδὲν γὰρ ἂν εἴη αὐτοῖς τούτων χαλεπώτερον, πυνθάνεσθαι μὲν ἡμᾶς μετέχοντας τῶν πραγμάτων, αἰσθάνεσθαι δὲ οὕτως διακειμένους τοὺς πολίτας ὥσπερ μηδενὸς ἐγκλήματος πρὸς ἀλλήλους γεγενημένου. (24) Χρὴ δὲ εἰδέναι, ἄνδρες δικασταί, ὅτι οἱ φεύγοντες τῶν ἄλλων πολιτῶν ὡς πλείστους καὶ διαβεβλῆσθαι καὶ ἠτιμῶσθαι βούλονται, ἐλπίζοντες τοὺς ὑφ´ ὑμῶν ἀδικουμένους ἑαυτοῖς ἔσεσθαι συμμάχους, τοὺς δὲ συκοφάντας εὐδοκιμεῖν δέξαιντ´ ἂν παρ´ ὑμῖν καὶ μέγα δύνασθαι ἐν τῇ πόλει· τὴν γὰρ τούτων πονηρίαν ἑαυτῶν ἡγοῦνται σωτηρίαν. (25) Ἄξιον δὲ μνησθῆναικαὶτῶν μετὰ τοὺς τετρακοσίους πραγμάτων· εὖ γὰρ εἴσεσθε ὅτι, μὲν οὗτοι συμβουλεύουσιν, οὐδεπώποτε ὑμῖν ἐλυσιτέλησεν, δ´ ἐγὼ παραινῶ, ἀμφοτέραις ἀεὶ ταῖς πολιτείαις συμφέρει. Ἵστε γὰρ Ἐπιγένην καὶ Δημοφάνην καὶ Κλεισθένην ἰδίᾳ μὲν καρπωσαμένους τὰς τῆς πόλεως συμφοράς, δημοσίᾳ δὲ ὄντας μεγίστων κακῶν αἰτίους. (26) Ἐνίων μὲν γὰρ ἔπεισαν ὑμᾶς ἀκρίτων θάνατον καταψηφίσασθαι, πολλῶν δὲ ἀδίκως δημεῦσαι τὰς οὐσίας, τοὺς δ´ ἐξελάσαι καὶ ἀτιμῶσαι τῶν πολιτῶν· τοιοῦτοι γὰρ ἦσαν ὥστε τοὺς μὲν ἡμαρτηκότας ἀργύριον λαμβάνοντες ἀφιέναι, τοὺς δὲ μηδὲν ἠδικηκότας εἰς ὑμᾶς εἰσιόντες ἀπολλύναι. Καὶ οὐ πρότερον ἐπαύσαντο, ἕως τὴν μὲν πόλιν εἰς στάσεις καὶ τὰς μεγίστας συμφορὰς κατέστησαν, αὐτοὶ δ´ ἐκ πενήτων πλούσιοι ἐγένοντο. (27) Ὑμεῖς δὲ οὕτως διετέθητε ὥστε τοὺς μὲν φεύγοντας κατεδέξασθε, τοὺς δ´ ἀτίμους ἐπιτίμους ἐποιήσατε, τοῖς δ´ ἄλλοις περὶ ὁμονοίας ὅρκους ὤμνυτε· τελευτῶντες δὲ ἥδιον ἂν τοὺς ἐν τῇ δημοκρατίᾳ συκοφαντοῦντας ἐτιμωρήσασθε τοὺς ἄρξαντας ἐν τῇ ὀλιγαρχίᾳ. Καὶ εἰκότως, ἄνδρες δικασταί· πᾶσι γὰρ ἤδη φανερόν ἐστιν ὅτι διὰ τοὺς μὲν ἀδίκως πολιτευομένους ἐν τῇ ὀλιγαρχίᾳ δημοκρατία γίγνεται, διὰ δὲ τοὺς ἐν τῇ δημοκρατίᾳ συκοφαντοῦντας ὀλιγαρχία δὶς κατέστη. Ὥστε οὐκ ἄξιον τούτοις πολλάκις χρῆσθαι συμβούλοις, οἷς οὐδὲ ἅπαξ ἐλυσιτέλησε πειθομένοις. (29) Σκέψασθαι δὲ χρὴ ὅτι καὶ τῶν ἐκ Πειραιῶς οἱ μεγίστην δόξαν ἔχοντες καὶ μάλιστα κεκινδυνευκότες καὶ πλεῖστα ὑμᾶς ἀγαθὰ εἰργασμένοι πολλάκις ἤδη τῷ ὑμετέρῳ πλήθει διεκελεύσαντο τοῖς ὅρκοις καὶ ταῖς συνθήκαις ἐμμένειν, ἡγούμενοι ταύτην δημοκρατίας εἶναι φυλακήν· τοῖς μὲν γὰρ ἐξ ἄστεως ὑπὲρ τῶν παρεληλυθότων ἄδειαν ποιήσειν, τοῖς δ´ ἐκ Πειραιῶς οὕτως πλεῖστονἂνχρόνον τὴν πολιτείαν παραμεῖναι. (30) Οἷς ὑμεῖς πολὺ ἂν δικαιότερον πιστεύοιτε τούτοις, οἳ φεύγοντες μὲν δι´ ἑτέρους ἐσώθησαν, κατελθόντες δὲ συκοφαντεῖν ἐπιχειροῦσιν. Ἡγοῦμαι δέ, ἄνδρες δικασταί, τοὺς μὲν τὴν αὐτὴν γνώμην ἔχοντας ἐμοὶ τῶν ἐν ἄστει μεινάντων φανεροὺς γεγενῆσθαι καὶ ἐν ὀλιγαρχίᾳ καὶ ἐν δημοκρατίᾳ, ὁποῖοί τινές εἰσι πολῖται· [20] Craignez donc de tomber dans les mêmes excès que vous blâmez dans vos tyrans, et ne vous imaginez pas que les mêmes traitements que vous regardiez comme injustes par rapport à vous, puissent être justes par rapport à d'autres. Prenez pour les autres, après votre retour, les sentiments que vous aviez pour vous-mêmes dans votre exil. Par-là, vous étendrez l'union mutuelle, la ville deviendra puissante, et la sagesse de vos démarches causera à vos ennemis de mortels déplaisirs. (21) Rappelez-vous encore ce qui se passa sous les Trente, et que les fautes de vos tyrans vous rendent plus sages pour la suite. Lorsque vous appreniez que les citoyens de la ville étaient tous d'accord, vous n'aviez que de faibles espérances de retour, convaincus que notre union était pour vous dans votre exil ce qu'il y avait de plus nuisible. (22) Mais, lorsqu'on vous annonçait que 3000 citoyens s'étaient séparés du plus grand nombre, que plusieurs avaient été chassés ignominieusement d'Athènes, que les Trente étaient divisés, qu'il y avait plus de citoyens qui favorisaient vos efforts qu'il ne s'en trouvait qui vous fussent contraires ; alors vous vous attendiez à revenir, et à tirer bientôt vengeance de vos ennemis. La conduite qu'ils tenaient était précisément ce que vous souhaitiez davantage ; et c'était moins sur les forces des exilés que sur les excès des Trente, que vous fondiez toutes vos espérances. (23) Le passé doit donc vous servir de leçon pour l'avenir, et ceux-là doivent être mis au nombre des plus zélés partisans du peuple, qui, jaloux de voir tous les citoyens parfaitement unis, sont fidèles au traité de réconciliation, parce qu'ils pensent que c'est le moyen le plus sûr de conserver la république, et de se venger pleinement des ennemis d'Athènes. Eh ! quelle plus grande mortification pour eux que d'apprendre que nous participons tous au gouvernement, et que nous sommes disposés les uns pour les autres comme si nous n'avions aucun sujet de plainte réciproque. (24) Remarquez enfin que les tyrans exilés n'ont rien plus à cœur que de voir décrier et diffamer un grand nombre de citoyens ; ils espèrent qu'ils trouveront dans les particuliers opprimés des hommes qui les secondent. Tout leur désir est donc que les calomniateurs puissent être considérés dans votre ville, et jouir parmi vous du plus grand crédit : les persécutions de la calomnie seraient leur salut. (25) Il est à propos de vous remettre sous les yeux l'état des affaires après les Quatre-cents ; vous verrez que mes accusateurs vous conseillent ce qui ne vous fut jamais avantageux, et moi ce qui fut toujours utile dans l'un et l'autre gouvernement. Vous savez qu'Epigene, Diophane et Clisthène profitèrent comme particuliers des malheurs de la patrie, et que comme hommes publics ils furent les auteurs des plus grands maux. (26) Ils vous persuadaient de condamner une foule de citoyens sans les entendre, confisquant leurs biens, les diffamant, les bannissant, ou les faisant mourir. Telle était leur perversité, qu'à prix d'or ils faisaient absoudre les plus coupables, et que traînant devant les juges les plus innocents, ils les faisaient succomber sous l'injustice : ils n'eurent point de repos qu'ils n'eussent jeté le trouble et la dissension dans la ville, et plongé la patrie dans les derniers malheurs, tandis qu'eux-mêmes se virent tout-à-coup dans l'opulence. (27) Vous, au contraire, telles étaient vos dispositions, que vous avez reçu les exilés, rendu leurs droits aux citoyens qui les avaient perdus, et conclu avec les autres un traité d'union scellé du serment. Enfin, vous vous êtes portés plus volontiers à punir les calomniateurs avérés dans la démocratie, que les principaux chefs de l'oligarchie. Et certes vous aviez raison, puisque c'est maintenant une vérité reconnue, que l'injustice des chefs de l'état oligarchique a produit la démocratie, et que la calomnie dans le gouvernement démocratique a établi l'oligarchie à deux différentes reprises. Or, doit-on se servir plusieurs fois des conseils de ceux dont on s'est mal trouvé dès la première ? (29) Faites attention, je vous prie, que parmi les citoyens revenus du Pirée, les plus distingués surtout, ceux qui avaient couru les plus grands périls, et qui vous avaient rendu les plus importants services, exhortèrent souvent le peuple à être fidèle au traité et au serment, convaincus que c'était la sûreté de l'état populaire, que par-là on inspirerait de la confiance pour le passé aux citoyens qui étaient restés dans la ville, et qu'on assurerait pour toujours le gouvernement actuel à ceux qui étaient venus du Pirée. (30) Vous devez plutôt en croire ces excellents patriotes que nos accusateurs, qui, exilés, durent leur salut à d'autres, et qui, de retour, cherchent à nous perdre par leurs calomnies. Je crois que les particuliers qui restèrent dans la ville et qui pensent comme moi, ont fait assez connaître quels citoyens ils sont dans l'oligarchie et dans la démocratie :


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Dernière mise à jour : 8/07/2010