HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lysias, Discours IV : Sur une accusation de blessure

ταύτην



Texte grec :

[4,10] <10> Καὶ φησὶ μὲν δεινῶς ἐπιβουλευθῆναι καὶ πρὸς ἅπανθ´ ἡμῖν ἀμφισβητεῖ, ἐξὸν δ´ ἐκ τῆς ἀνθρώπου βασανισθείσης τὸν ἔλεγχον ποιήσασθαι οὐκ ἠθέλησεν· ἣ πρῶτον μὲν τοῦτ´ ἂν κατεῖπεν, πότερα κοινὴ ἡμῖν ἦν ἢ ἰδία τούτου, καὶ πότερα τὸ ἥμισυ τοῦ ἀργυρίου ἐγὼ συνεβαλόμην ἢ οὗτος ἅπαν ἔδωκε, καὶ εἰ διηλλαγμένοι ἢ ἔτι ἐχθροὶ ἦμεν, <11> Ἔτι δὲ εἰ μεταπεμφθέντες ἤλθομεν ἢ οὐδενὸς καλέσαντος, καὶ εἰ οὗτος ἦρχε χειρῶν ἀδίκων ἢ ἐγὼ πρότερος τοῦτον ἐπάταξα. τούτων καθ´ ἓν ἕκαστον καὶ τῶν ἄλλων οὐδὲν <ἦν> ὅ τι οὐ ῥᾴδιον τοῖς τε ἄλλοις ἐμφανὲς καὶ τούτοις ποιῆσαι. <12> Ὅτι μὲν οὖν οὔτε πρόνοια ἐγένετο οὔτε ἀδικῶ τοῦτον, ὦ βουλή, ἐκ τοσούτων τεκμηρίων καὶ μαρτυριῶν ὑμῖν ἐπιδέδεικται· ἀξιῶ δ´ ὅσον ἂν ἐγένετο σημεῖον τούτῳ πρὸς τὸ δοκεῖν ἀληθῆ λέγειν φυγόντος ἐμοῦ τὴν βάσανον, τοσοῦτον ἐμοὶ τεκμήριον γενέσθαι ὅτι οὐ ψεύδομαι, διότι οὗτος οὐκ ἠθέλησεν ἐκ τῆς ἀνθρώπου ποιήσασθαι τὸν ἔλεγχον. καὶ μὴ τοσοῦτον ἰσχῦσαι τοὺς τούτου λόγους, ὅτι φησὶν αὐτὴν ἐλευθέραν εἶναι· ὁμοίως γὰρ προσήκει κἀμοὶ τῆς ἐλευθερίας, τὸ ἴσον καταθέντι ἀργύριον. <13> Ἀλλὰ ψεύδεται καὶ οὐκ ἀληθῆ λέγει. ἢ δεινόν γε, εἰ εἰς μὲν λύσιν τοῦ σώματος <ἔδωκα τὸ ἀργύριον> ἐκ τῶν πολεμίων ἐξῆν ἄν μοι χρῆσθαι αὐτῇ ὅ τι ἐβουλόμην, κινδυνεύοντι δέ μοι περὶ τῆς πατρίδος οὐδὲ πυθέσθαι παρ´ αὐτῆς τἀληθῆ ἐκγενήσεται περὶ ὧν εἰς τὴν κρίσιν καθέστηκα· καὶ μὲν δὴ πολὺ ἂν δικαιότερον ἐπὶ ταύτῃ τῇ αἰτίᾳ βασανισθείη ἢ ἐπὶ τῇ ἐκ τῶν πολεμίων λύσει πραθείη, ὅσῳ παρὰ μὲν ἐκείνων βουλομένων ἀπολῦσαι ἔστι καὶ ἄλλοθεν εὐπορήσαντι κομισθῆναι, ἐπὶ δὲ τοῖς ἐχθροῖς γενόμενον οὐ δυνατόν· οὐ γὰρ ἀργύριον λαβεῖν προθυμοῦνται, ἀλλ´ ἐκ τῆς πατρίδος ἐκβαλεῖν ἔργον ποιοῦνται. <14> Ὥσθ´ ὑμῖν προσήκει μὴ ἀποδέχεσθαι αὐτοῦ διὰ τοῦτο οὐκ ἀξιοῦντος βασανισθῆναι τὴν ἄνθρωπον, ὅτι αὐτὴν ἐλευθέραν ἐσκήπτετο εἶναι, ἀλλὰ πολὺ μᾶλλον συκοφαντίαν καταγιγνώσκειν ὅτι παραλιπὼν ἔλεγχον οὕτως ἀκριβῆ ἐξαπατήσειν ὑμᾶς ῥᾳδίως ᾠήθη. <15> Οὐ γὰρ δήπου τήν γε τούτου πρόκλησιν πιστοτέραν ὑμᾶς νομίζειν δεῖ τῆς ἡμετέρας, ἐφ´ οἷς τοὺς αὑτοῦ οἰκέτας ἠξίου βασανίζεσθαι. ἃ μὲν γὰρ ἐκεῖνοι ᾔδεσαν, ἐλθόντας ἡμᾶς ὡς τοῦτον, καὶ ἡμεῖς ὁμολογοῦμεν· εἰ δὲ μεταπεμφθέντες ἢ μή, καὶ πότερον πρότερος ἐπλήγην ἢ ἐπάταξα, ἐκείνη μᾶλλον ἂν ᾔδει. <16> Ἔτι δὲ τοὺς μὲν τούτου οἰκέτας ἰδίους ὄντας τούτου εἰ ἐβασανίζομεν, εἰκότως ἄν τι τούτῳ χαριζόμενοι καὶ παρὰ τὴν ἀλήθειαν ἐμοῦ κατεψεύσαντο· αὕτη δὲ ὑπῆρχε κοινή, ὁμοίως ἀμφοτέρων ἀργύριον κατατεθηκότων, καὶ <μάλιστα ᾔδει> διὰ ταύτην ἅπαντα τὰ πραχθέντα ἡμῖν γεγένηται. <17> Καὶ εὖ ᾔδειν 〈ὅτι〉 οὐδὲ ἐν ταύτῃ ἔγωγ´ ἂν ἴσον εἶχον βασανισθείσῃ, ἀλλ´ ἀπεκινδύνευον τοῦτο· πολὺ γὰρ περὶ πλείονος τοῦτον ἢ ἐμὲ φαίνεται ποιησαμένη, καὶ μετὰ μὲν τούτου ἐμὲ ἠδικηκυῖα, μετ´ ἐμοῦ δ´ οὐδεπώποτε εἰς τοῦτον ἐξαμαρτοῦσα. ἀλλ´ ὅμως ἐγὼ μὲν εἰς ταύτην κατέφυγον, οὗτος δὲ οὐκ ἐπίστευσεν αὐτῇ. <18> Οὔκουν δεῖ ὑμᾶς, ὦ βουλή, τηλικούτου ὄντος τοῦ κινδύνου, ῥᾳδίως ἀποδέχεσθαι τοὺς τούτου λόγους, ἀλλ´ ἐνθυμουμένους ὅτι περὶ τῆς πατρίδος μοι καὶ τοῦ βίου ὁ ἀγών ἐστιν, ἐν ὑπολόγῳ ταύτας τὰς προκλήσεις ποιεῖσθαι. καὶ μὴ ζητεῖτε τούτων ἔτι μείζους πίστεις· οὐ γὰρ ἂν ἔχοιμι εἰπεῖν ἄλλ´ ἢ ταύτας, ὡς οὐδὲν εἰς τοῦτον προὐνοήθην. <19> Ἀγανακτῶ δ´, ὦ βουλή, εἰ διὰ πόρνην καὶ δούλην ἄνθρωπον περὶ τῶν μεγίστων εἰς κίνδυνον καθέστηκα, τί κακὸν πώποτε τὴν πόλιν ἢ αὐτὸν τοῦτον εἰργασμένος, ἢ εἰς τίνα τῶν πολιτῶν ὁτιοῦν ἐξαμαρτῶν; οὐδὲν γὰρ ἔμοιγέ ἐστι τοιοῦτον πεπραγμένον, ἀλλ´ ἀλογώτατον πάντων κινδυνεύω πολὺ μείζω συμφορὰν ἐμαυτῷ διὰ τούτους ἐπαγαγέσθαι. <20> Πρὸς οὖν παίδων καὶ γυναικῶν καὶ θεῶν τῶν τόδε τὸ χωρίον ἐχόντων ἱκετεύω ὑμᾶς καὶ ἀντιβολῶ, ἐλεήσατέ με, καὶ μὴ περιίδητε ἐπὶ τούτῳ γενόμενον, μηδὲ ἀνηκέστῳ συμφορᾷ περιβάλητε· οὐ γὰρ ἄξιος οὔτ´ ἐγὼ φεύγειν τὴν ἐμαυτοῦ, οὔτε οὗτος τοσαύτην δίκην παρ´ ἐμοῦ λαβεῖν ὑπὲρ ὧν φησιν ἠδικῆσθαι, οὐκ ἠδικημένος.

Traduction française :

[4,10] <10> Il m'accuse d'avoir attenté à sa vie d'une manière atroce, il me poursuit avec la plus grande chaleur, et lorsqu'il pouvait tirer une preuve convaincante du témoignage de la femme mise à la torture, il ne l'a pas voulu. Cependant elle aurait certifié elle-même si elle était commune entre nous, ou si elle n'appartenait qu'à lui ; si j'avais fourni la moitié de l'argent pour l'acheter, ou s'il avait donné la somme entière ; si nous étions accommodés, ou encore en débat ; <11> si j'avais été à sa maison parce que lui-même m'avait fait venir, ou sans que personne m'eût appelé ; enfin s'il m'a frappé le premier, ou si c'est moi qui ai porté les premiers coups : ces faits et d'autres, elle aurait pu facilement les mettre sous les yeux du public et des juges. <12> Je vous ai démontré, Sénateurs, par un grand nombre d'inductions et de dépositions, qu'il n'y a pas eu de guet-à-pens, et que ce n'est pas moi qui ai attaqué mon adversaire. Vous auriez regardé, sans doute, mon opposition à la torture comme une forte preuve de la vérité de ses discours ; daignez croire aussi que son refus de certifier les faits par cette même torture, prouve avec autant de force que je ne mens pas. Ajouteriez-vous donc foi aux paroles d'un homme qui se contente de dire que la femme est libre, une femme dont je devais disposer aussi bien que lui-même, puisque j'ai donné la moitié du prix ? <13> Oui, assurément il cherche à vous tromper par des mensonges. Mais quelle est son injustice à mon égard ! Ayant fourni une partie des deniers pour acheter la femme, je pourrais, si j'étais en captivité chez les ennemis, faire d'elle ce que je voudrais pour me racheter : et lorsque je me vois exposé à perdre ma patrie, je ne puis obtenir que cette même femme dépose des faits pour lesquels je suis cité devant votre tribunal ! Il serait bien plus juste néanmoins de la mettre à la torture pour cette dernière cause, que de la vendre pour payer ma rançon. Car si les ennemis consentiraient à recevoir le prix de ma liberté, je pourrais me rendre libre en tirant de l'argent de quelque autre part ; au lieu que si je suis abandonné à mes adversaires, je ne pourrai me racheter de ma disgrâce. Non, ce n'est pas de l'argent qu'ils me demandent, ils veulent me chasser de ma patrie. <14> J'espère, Sénateurs, que vous n'écouterez pas un homme qui s'oppose à ce qu'on mette la femme à la torture sous prétexte qu'elle est libre ; mais que vous le regarderez comme un calomniateur audacieux, parce qu'il comptait vous séduire après s'être refusé lui-même à la preuve la plus décisive. <15> De ce qu'il a demandé qu'on mît à la torture ses propres esclaves, ne jugez pas sa proposition plus propre à découvrir la vérité. Le seul fait que pourraient savoir ses esclaves, c'est que je suis venu à sa demeure ; mais je conviens moi-même que j'y suis venu. La femme saurait bien mieux s'il m'avait fait venir ou non, si j'ai frappé ou si j'ai été frappé le premier. <16> D'ailleurs, si j'avais mis à la torture des esclaves qui étaient à lui seul, il est probable qu'ils auraient rendu contre moi un faux témoignage pour obliger leur maître : au lieu que la femme était commune entre nous, ayant été achetée à frais commun ; et, comme elle était la cause principale de tous nos démêlés, on auroit tout découvert en la mettant à la torture. <17> J'aurais eu probablement quelque désavantage dans cette épreuve ; mais enfin j'en voulais bien courir les risques. Oui, quoique la femme lui fût beaucoup plus attachée qu'à moi, quoiqu'elle se fût jointe à lui pour me nuire, et qu'elle ne se fut jamais unie à moi contre lui, je me livrais cependant à son témoignage, à un témoignage auquel il craignait de s'en rapporter. <18> Gardez-vous donc, Sénateurs, dans une affaire aussi importante, de donner légèrement créance aux vains reproches d'un ennemi. Considérez qu'il ne s'agit pour moi de rien moins que de ma patrie et de mon état civil ; daignez avoir égard aux propositions justes que j'ai faites à mon accusateur. Ne me demandez pas d'autres preuves que celles que je viens de fournir : car il me serait impossible de prouver autrement que je n'avais pas dessein d'attenter à ses jours. <19> Ce qui m'indigne ici, c'est de voir les risques auxquels je suis exposé pour une courtisane, pour une vile esclave. Quel tort ai-je fait à l'état ou à mon adversaire lui-même ? M'a-ton vu causer quelque dommage â mes compatriotes? Non, je n'ai rien à me reprocher à cet égard. Moi qui n'ai offensé mes ennemis que par de simples paroles, je me vois, par leur cruauté, près de subir la peine la plus rigoureuse. <20> Je vous en conjure, Sénateurs, au nom de vos femmes et de vos enfants, au nom des dieux protecteurs du pays, laissez-vous toucher au malheur de mon sort, ne m'abandonnez pas à la merci de mon adversaire, et ne me plongez pas dans des maux sans remède. Serait-il juste que je fusse privé de ma patrie, et que l'accusateur, pour une injure chimérique, pût tirer une vengeance aussi cruelle ?





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Dernière mise à jour : 4/03/2010