Texte grec :
[4] ὑμεῖς δὲ ἀνάσχεσθέ μου, ὦ ἄνδρες δικασταί,
πρὸς ὀλίγον τὰ ἐν τῇ τυραννίδι καίπερ εἰδόσιν
ὑμῖν ἀκριβῶς διηγουμένου· καὶ γὰρ τὸ μέγεθος
οὕτω μάθοιτ´ ἂν τῆς εὐεργεσίας τῆς ἐμῆς, καὶ αὐτοὶ
μᾶλλον εὐφρανεῖσθε λογιζόμενοι ὧν ἀπηλλάγητε.
Οὐ γὰρ ὥσπερ ἄλλοις τισὶν ἤδη συνέβη πολλάκις,
ἁπλῆν καὶ ἡμεῖς τυραννίδα καὶ μίαν δουλείαν
ὑπεμείναμεν, οὐδὲ ἑνὸς ὑπηνέγκαμεν ἐπιθυμίαν
δεσπότου, ἀλλὰ μόνοι τῶν πώποτε τὰ ὅμοια
δυστυχησάντων δύο ἀνθ´ ἑνὸς τυράννους εἴχομεν
καὶ πρὸς διττὰ οἱ δυστυχεῖς ἀδικήματα διῃρούμεθα.
μετριώτερος δὲ ὁ πρεσβύτης ἦν παρὰ πολὺ
καὶ πρὸς τὰς ὀργὰς ἠπιώτερος καὶ πρὸς τὰς
κολάσεις ἀμβλύτερος καὶ πρὸς τὰς ἐπιθυμίας
βραδύτερος, ὡς ἂν ἤδη τῆς ἡλικίας τὸ μὲν σφοδρότερον
τῆς ὁρμῆς ἐπεχούσης, τὰς δὲ τῶν ἡδονῶν
ὀρέξεις χαλιναγωγούσης. καὶ πρός γε τὴν ἀρχὴν
τῶν ἀδικημάτων ὑπὸ τοῦ παιδὸς ἄκων προσῆχθαι
ἐλέγετο, οὐ πάνυ τυραννικὸς αὐτὸς ὤν, ἀλλ´
εἴκων ἐκείνῳ· φιλότεκνος γὰρ ἐς ὑπερβολὴν
ἐγένετο, ὡς ἔδειξεν, καὶ πάντα ὁ παῖς ἦν αὐτῷ
καὶ ἐκείνῳ ἐπείθετο καὶ ἠδίκει ὅσα κελεύοι καὶ
ἐκόλαζεν οὓς προστάττοι καὶ πάντα ὑπηρέτει,
καὶ ὅλως ἐτυραννεῖτο ὑπ´ αὐτοῦ καὶ δορυφόρος
τῶν τοῦ παιδὸς ἐπιθυμιῶν ἦν.
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Traduction française :
[4] Laissez-moi, juges, exposer un moment à vos
yeux les maux que nous a causés la tyrannie : vous
ne connaissez que trop, je le sais, le tableau que
j'en vais faire ; mais par là vous comprendrez
mieux encore l'étendue de mes services, et vous
éprouverez une joie plus grande en songeant de
quelle servitude vous êtes délivrés. Notre sort, en
effet, n'a pas été celui qui pèse souvent sur les
autres peuples ; nous n'avions pas à subir une
tyrannie simple, un seul esclavage ; nous n'étions
pas en proie aux caprices d'un seul maître. Mais,
ce qui n'est jamais arrivé qu'à nous, au lieu d'un
tyran nous en avions deux, et nous étions les
malheureuses victimes d'une double scélératesse.
Le vieillard, cependant, était de beaucoup plus
modéré, moins emporté dans ses colères, moins
violent dans ses punitions, moins bouillant dans
ses désirs. L'âge ralentissait la véhémence de ses
passions ; et mettait un frein à la vivacité de ses
appétits. On disait même que ses injustices lui
étaient inspirées, malgré lui, par son fils. Son
caractère ne le portait point à la tyrannie ; il cédait
à celui pour lequel il avait une trop vive tendresse,
comme il en a donné la preuve ; son fils était tout
pour lui ; il lui obéissait en tout ; il commettait
toutes les injustices que celui-ci lui avait
ordonnées, punissait ceux qu'il lui enjoignait de
punir, se faisait son esclave, subissait, en un mot,
sa tyrannie, et n'était que le satellite des volontés
de son fils.
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