Texte grec :
[14] (ΜΙΚΥΛΛΟΣ)
Εἰπέ μοι, ὦ Κλωθοῖ, ἐμοῦ δὲ οὐδεὶς ὑμῖν λόγος;
ἢ διότι πένης εἰμί, διὰ τοῦτο καὶ τελευταῖον ἐμβῆναί με δεῖ;
(ΚΛΩΘΩ) Σὺ δὲ τίς εἶ;
(ΜΙΚΥΛΛΟΣ) Ὁ σκυτοτόμος Μίκυλλος.
(ΚΛΩΘΩ)
Εἶτα ἄχθῃ βραδύνων; οὐχ ὁρᾷς ὁπόσα ὁ τύραννος
ὑπισχνεῖται δώσειν ἀφεθεὶς πρὸς ὀλίγον;
θαῦμα γοῦν ἔχει με, εἰ μὴ ἀγαπητὴ καὶ σοὶ ἡ διατριβή.
(ΜΙΚΥΛΛΟΣ)
Ἄκουσον, ὦ βελτίστη Μοιρῶν· οὐ πάνυ με ἡ τοῦ
Κύκλωπος ἐκείνη εὐφραίνει δωρεά, ὑπισχνεῖσθαι
ὅτι "πύματον ἐγὼ τὸν Οὖτιν κατέδομαι"· ἄν τε
γοῦν πρῶτον, ἄν τε πύματον, οἱ αὐτοὶ ὀδόντες περιμένουσιν.
ἄλλως τε οὐδ´ ὅμοια τἀμὰ τοῖς τῶν πλουσίων·
ἐκ διαμέτρου γὰρ ἡμῶν οἱ βίοι, φασίν· ὁ μέν
γε τύραννος εὐδαίμων εἶναι δοκῶν παρὰ τὸν βίον,
φοβερὸς ἅπασι καὶ περίβλεπτος, ἀπολιπὼν χρυσὸν
τοσοῦτον καὶ ἀργύριον καὶ ἐσθῆτα καὶ ἵππους
καὶ δεῖπνα καὶ παῖδας ὡραίους καὶ γυναῖκας
εὐμόρφους εἰκότως ἠνιᾶτο καὶ ἀποσπώμενος αὐτῶν
ἤχθετο· οὐ γὰρ οἶδ´ ὅπως καθάπερ ἰξῷ τινι προσέχεται
τοῖς τοιούτοις ἡ ψυχὴ καὶ οὐκ ἐθέλει
ἀπαλλάττεσθαι ῥᾳδίως ἅτε αὐτοῖς πάλαι προστετηκυῖα·
μᾶλλον δὲ ὥσπερ ἄρρηκτός τις οὗτος
ὁ δεσμός ἐστιν, ᾧ δεδέσθαι συμβέβηκεν αὐτούς.
ἀμέλει κἂν ἀπάγῃ τις αὐτοὺς μετὰ βίας, ἀνακωκύουσι
καὶ ἱκετεύουσι, καὶ τὰ ἄλλα ὄντες θρασεῖς,
δειλοὶ πρὸς ταύτην εὑρίσκονται τὴν ἐπὶ τὸν Ἅιδην
φέρουσαν ὁδόν· ἐπιστρέφονται γοῦν εἰς τοὐπίσω
καὶ ὥσπερ οἱ δυσέρωτες κἂν πόρρωθεν ἀποβλέπειν
τὰ ἐν τῷ φωτὶ βούλονται, οἷα ὁ μάταιος ἐκεῖνος
ἐποίει καὶ παρὰ τὴν ὁδὸν ἀποδιδράσκων κἀνταῦθά
σε καταλιπαρῶν.
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Traduction française :
[14] MICYLLE
Eh Clotho ! Je compte pour du beurre, moi ! Ou alors c'est parce
que je n'ai pas un sou vaillant que j'embarque en dernier ?
CLOTHO Qui es-tu, toi ?
MICYLLE Moi, je suis Mycille, savetier de mon état.
CLOTHO
Tu te plains que le service a du retard ? Alors que l'autre espèce de tyran
me promet, lui, monts et merveilles si je lui donne quelque répit. Je n'en
reviens pas : tu ne cherches à pas à jouir du laps de temps que l'on t'accorde.
MICYLLE
Écoute-moi, gentille Moire : tu crois que je suis fou de joie quand le
Cyclope nous proclame : «Je mangerai Personne en dernier» ? Qu'on soit
en tête du cortège ou à la queue, ce sont les mêmes quenottes qui vont
nous croquer. Et puis, ma situation diverge notablement de celle des
richards : en fait, tout nous oppose. Regarde ce tyran, il a l'air d'avoir eu
une vie de rêve de son vivant : on le craignait, il était au centre de tout ;
or, il a dû renoncer à son or, son argent, sa garde-robe, ses écuries, ses
gueuletons, les jolies filles, que sais-je encore ! Je comprends que c'est
une véritable catastrophe pour lui que d'être obligé de quitter tout ça. Ah !
Je ne sais quelle glu vous colle à ces choses-là : en tout cas, force est de
reconnaître qu'il est difficile de s'en arracher ; c'est comme si la glu vous
avait pénétrés jusqu'au fond de la couenne. Bref, c'est une vraie chaîne
qui paralyse tous ces mectons, impossible de la rompre. Qu'on ose la leur
enlever d'un coup, alors ce ne sont plus que cris et lamentations ; eux, si
arrogants de nature font preuve d'une veulerie sans nom quand ils se
retrouvent sur la route de l'Hadès. Sans arrêt, ils se retournent en arrière
comme des amants ulcérés, rien que pour saisir encore une fois, même
loin du ciel, quelques bribes de lumière. On a eu droit à une scène
identique avec l'autre excentrique, celui qui a voulu s'échapper en cours
de route et qui nous a bien saoulés avec ses jérémiades.
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