Texte grec :
[5] ἵνα γὰρ τὰ κοινὰ ἐάσας τἀμὰ εἴπω, τοσούτους Ἀθηναίων
εἰς ὕψος ἄρας καὶ πλουσίους ἐκ πενεστάτων ἀποφήνας καὶ πᾶσι
τοῖς δεομένοις ἐπικουρήσας, μᾶλλον δὲ ἀθρόον εἰς εὐεργεσίαν τῶν
φίλων ἐκχέας τὸν πλοῦτον, ἐπειδὴ πένης διὰ ταῦτα ἐγενόμην,
οὐκέτι οὐδὲ γνωρίζομαι πρὸς αὐτῶν οὐδὲ προσβλέπουσιν οἱ
τέως ὑποπτήσσοντες καὶ προσκυνοῦντες κἀκ τοῦ ἐμοῦ νεύματος
ἀνηρτημένοι, ἀλλ´ ἤν που καὶ ὁδῷ βαδίζων ἐντύχω τινὶ αὐτῶν, ὥσπερ
τινὰ στήλην παλαιοῦ νεκροῦ ὑπτίαν ὑπὸ τοῦ χρόνου ἀνατετραμμένην
παρέρχονται μηδὲ ἀναγνόντες. οἱ δὲ καὶ πόρρωθεν ἰδόντες
ἑτέραν ἐκτρέπονται δυσάντητον καὶ ἀποτρόπαιον θέαμα ὄψεσθαι
ὑπολαμβάνοντες τὸν οὐ πρὸ πολλοῦ σωτῆρα καὶ εὐεργέτην αὐτῶν
γεγενημένον.
|
|
Traduction française :
[5] Mais laissons de côté les affaires générales ; parlons
des miennes : après avoir fait monter sur le pinacle une
foule d'Athéniens, les avoir élevés de la pauvreté à la
richesse, secouru tous ceux qui étaient dans l'indigence,
répandu avec profusion mes trésors sur mes amis, me
voilà devenu pauvre, et l'on ne me connaît plus, et je n'ai
pas même un regard de ceux qui, courbés et rampants
devant moi, attendaient en suspens un signe de ma tête.
Si, par hasard, je les rencontre sur ma route, il semble
qu'ils aperçoivent la colonne de quelque antique
tombeau, renversé par le temps ; ils passent sans lire ;
d'autres, me voyant de loin, prennent une autre route,
pour ne pas avoir sous les yeux un spectacle désagréable
et de mauvais augure, eux qui, la veille, m'appelaient
leur sauveur et leur bienfaiteur.
|
|