Texte grec :
[27] ΠΛΟΥΤΟΣ
Οἴει γὰρ τοιοῦτον οἷός εἰμι ὁρᾶσθαι αὐτοῖς, χωλὸν ἢ τυφλὸν
ἢ ὅσα ἄλλα μοι πρόσεστιν;
ΕΡΜΗΣ
Ἀλλὰ πῶς, ὦ Πλοῦτε, εἰ μὴ τυφλοὶ καὶ αὐτοὶ πάντες εἰσίν;
ΠΛΟΥΤΟΣ
Οὐ τυφλοί, ὦ ἄριστε, ἀλλ´ ἡ ἄγνοια καὶ ἡ ἀπάτη, αἵπερ νῦν
κατέχουσι τὰ πάντα, ἐπισκιάζουσιν αὐτούς· ἔτι δὲ καὶ αὐτός, ὡς
μὴ παντάπασιν ἄμορφος εἴην, προσωπεῖόν τι ἐρασμιώτατον περιθέμενος,
διάχρυσον καὶ λιθοκόλλητον, καὶ ποικίλα ἐνδὺς ἐντυγχάνω
αὐτοῖς· οἱ δὲ αὐτοπρόσωπον οἰόμενοι ὁρᾶν τὸ κάλλος
ἐρῶσι καὶ ἀπόλλυνται μὴ τυγχάνοντες. ὡς εἴ γέ τις αὐτοῖς
ὅλον ἀπογυμνώσας ἐπέδειξέ με, δῆλον ὡς κατεγίνωσκον ἂν
αὑτῶν ἀμβλυώττοντες τὰ τηλικαῦτα καὶ ἐρῶντες ἀνεράστων καὶ
ἀμόρφων πραγμάτων.
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Traduction française :
[27] PLUTUS. Crois-tu que ces gens-là me voient tel que je
suis, boiteux, aveugle, et plein d'autres difformités ?
MERCURE. Assurément, Plutus, à moins qu'ils ne
soient tous aveugles comme toi.
PLUTUS. Non, mon cher, ils ne sont pas aveugles ; mais
l'ignorance et l'erreur, ces reines du monde, leur mettent
un voile sur les yeux ; d'ailleurs, pour ne pas leur
paraître laid, je me couvre d'un masque charmant, orné
d'or et de pierreries, je me revêts d'habits aux mille
couleurs et parais ainsi devant eux. Ils s'imaginent alors
que cette beauté est réelle, se passionnent pour moi, et
meurent de ne pouvoir m'obtenir. Cependant si l'on me
mettait à nu en leur présence , il est évident qu'ils
rougiraient d'avoir eu les yeux fascinés, et de s'être épris
pour un objet si disgracieux et si difforme.
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