Texte grec :
[11] Καὶ ὡς μᾶλλον θαυμάσῃς, μιᾶς καὶ τῆς αὐτῆς
οἰκίας ἐστόν, υἱὸς καὶ πατήρ, ὁ μέν, εἴ τινα
Σόλωνα ἢ Περικλέα ἢ Ἀριστείδην ἐπινοεῖς, ὁ δὲ
υἱὸς καὶ ὀφθεὶς μὲν αὐτίκα ἐπάξεταί σε, οὕτω
μέγας ἐστὶ καὶ καλὸς ἀρρενωπήν τινα τὴν εὐμορφίαν·
εἰ δὲ καὶ φθέγξαιτο μόνον, οἰχήσεταί σε
ἀπὸ τῶν ὤτων ἀναδησάμενος, τοσαύτην Ἀφροδίτην
ἐπὶ τῇ γλώττῃ ὁ νεανίσκος ἔχει. ἥ γέ τοι
πόλις ἅπασα κεχηνότες αὐτοῦ ἀκούουσιν, ὁπόταν
δημηγορήσων παρέλθῃ, ὁποῖόν φασι τοὺς τότε
Ἀθηναίους πρὸς τὸν τοῦ Κλεινίου πεπονθέναι,
παρ´ ὅσον τοῖς μὲν οὐκ εἰς μακρὰν μετεμέλησε
τοῦ ἔρωτος, ὃν ἠράσθησαν τοῦ Ἀλκιβιάδου, τοῦτον
δὲ ἡ πόλις οὐ φιλεῖ μόνον, ἀλλὰ καὶ αἰδεῖσθαι
ἤδη ἀξιοῖ, καὶ ὅλως ἓν τοῦτο ἡμῖν δημόσιον
ἀγαθόν ἐστιν καὶ μέγα ὄφελος ἅπασιν, ἁνὴρ οὗτος.
εἰ δὴ αὐτός τε καὶ ὁ πατὴρ αὐτοῦ δέξαιντό σε καὶ
φίλον ποιήσαιντο, πᾶσαν ἔχεις τὴν πόλιν, καὶ
ἐπισεῖσαι χρὴ τὴν χεῖρα, τοῦτο μόνον, καὶ οὐκέτ´
ἐνδοιάσιμα τὰ σά. ταῦτα νὴ τὸν Δί´ ἅπαντες
ἔλεγον (εἰ χρὴ καὶ ὅρκον ἐπάγειν τῷ λόγῳ), καί
μοι ἤδη πειρωμένῳ τὸ πολλοστὸν τῶν προσόντων
εἰρηκέναι ἔδοξαν. "οὐχ ἕδρας τοίνυν οὐδ´ ἀμβολᾶς
ἔργον," ὡς ὁ Κεῖός φησιν, ἀλλὰ χρὴ πάντα
μὲν κάλων κινεῖν, πάντα δὲ πράττειν καὶ λέγειν,
ὡς φίλοι ἡμῖν τοιοῦτοι γένοιντο· ἢν γὰρ τοῦτο
ὑπάρξῃ, εὔδια πάντα καὶ πλοῦς οὔριος καὶ
λειοκύμων ἡ θάλαττα καὶ ὁ λιμὴν πλησίον.
|
|
Traduction française :
[11] Et ce qu'il y a de plus étonnant, c'est qu'ils sont
tous les deux de la même maison, le père et le fils :
en l'un, tu croiras voir Solon, Périclès ou Aristide ;
le fils, dès le premier regard, ravira ton coeur par
sa taille élégante et par la grâce de sa beauté virile
; puis, aussitôt qu'il aura parlé, il tiendra tes
oreilles enchaînées, tant il semble que Vénus elle-même réside sur les lèvres de ce jeune homme. La
ville tout entière l'écoute, la bouche béante,
lorsqu'il s'avance dans l'assemblée, ainsi que
faisaient jadis les Athéniens, quand arrivait le fils
de Clinias ; avec cette différence cependant, qu'ils
eurent bientôt à se repentir de leur amour pour
Alcibiade, tandis que notre cité n'aime pas
seulement, mais entoure de son respect celui dont
nous parlons, et le considère comme un bonheur
public, comme un citoyen utile à toute la nation. Si
donc son père et lui te reçoivent au nombre de leurs
amis, la ville tout entière t'appartient, qu'ils te
tendent seulement la main, et ton succès n'est pas
douteux Voilà, par Jupiter, s'il m'est permis de
jurer ici, ce que m'ont dit tous vos compatriotes ;
et, depuis que j'en ai fait moi-même l'expérience,
jai reconnu qu'on ne m'avait dit qu'une faible
partie de la vérité.
Ce nest donc plus le temps de rester en balance,
comme dit le poëte de Céos : il faut tout mettre
en oeuvre, il faut tout faire et tout dire, afin de les
avoir pour amis. Si ce bonheur m'arrive, le temps
devient serein, la traversée favorable, la mer est
calme, et je suis près du port.
|
|