Texte grec :
[11] ἢν δέ ποτε καὶ τὰ ἄριστα πράξῃς, καὶ ἴδῃ σε καὶ
προσκαλέσας ἔρηταί τι ὧν ἂν τύχῃ, τότε δὴ τότε
πολὺς μὲν ὁ ἱδρώς, ἀθρόος δὲ ὁ ἴλιγγος καὶ τρόμος
ἄκαιρος καὶ γέλως τῶν παρόντων ἐπὶ τῇ ἀπορίᾳ.
καὶ πολλάκις ἀποκρίνασθαι δέον, "Τίς ἦν ὁ βασιλεὺς
τῶν Ἀχαιῶν," ὅτι "Χίλιαι νῆες ἦσαν
αὐτοῖς," λέγεις. τοῦτο οἱ μὲν χρηστοὶ αἰδῶ ἐκάλεσαν,
οἱ δὲ τολμηροὶ δειλίαν, οἱ δὲ κακοήθεις
ἀπαιδευσίαν. σὺ δ´ οὖν ἐπισφαλεστάτης πειραθεὶς
τῆς πρώτης φιλοφροσύνης ἀπῆλθες καταδικάσας
σεαυτοῦ πολλὴν τὴν ἀπόγνωσιν.
Ἐπειδὰν δὲ πολλὰς μὲν ἀΰπνους νύκτας ἰαύσῃς
ἤματα δ´ αἱματόεντα
διαγάγῃς, οὐ μὰ Δία τῆς Ἑλένης ἕνεκα οὐδὲ τῶν
Πριάμου Περγάμων, ἀλλὰ τῶν ἐλπιζομένων πέντε
ὀβολῶν, τύχῃς δὲ καὶ τραγικοῦ τινος θεοῦ συνιστάντος,
ἐξέτασις τοὐντεῦθεν εἰ οἶσθα τὰ μαθήματα.
καὶ τῷ μὲν πλουσίῳ ἡ διατριβὴ οὐκ
ἀηδὴς ἐπαινουμένῳ καὶ εὐδαιμονιζομένῳ, σοὶ δὲ ὁ
ὑπὲρ τῆς ψυχῆς ἀγὼν καὶ ὑπὲρ ἅπαντος τοῦ βίου
τότε προκεῖσθαι δοκεῖ· ὑπεισέρχεται γὰρ εἰκότως
τὸ μηδ´ ὑπ´ ἄλλου ἂν καταδεχθῆναι πρὸς τοῦ
προτέρου ἀποβληθέντα καὶ δόξαντα εἶναι ἀδόκιμον.
ἀνάγκη τοίνυν εἰς μυρία διαιρεθῆναι τότε,
τοῖς μὲν ἀντεξεταζομένοις φθονοῦντα, —τίθει γὰρ
καὶ ἄλλους εἶναι τῶν αὐτῶν ἀντιποιουμένους—
αὐτὸν δὲ πάντα ἐνδεῶς εἰρηκέναι νομίζοντα,
φοβούμενον δὲ καὶ ἐλπίζοντα καὶ πρὸς τὸ ἐκείνου
πρόσωπον ἀτενίζοντα καὶ εἰ μὲν ἐκφαυλίζοι τι
τῶν λεγομένων, ἀπολλύμενον, εἰ δὲ μειδιῶν ἀκούοι,
γεγηθότα καὶ εὔελπιν καθιστάμενον.
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Traduction française :
[11] Et à supposer qu'un jour d'insigne chance, il s'aperçoive de
ta présence, t'appelle et te pose la première question qui lui
passe par la tête, alors, eh bien, alors, voilà que tu commences à
transpirer à grosses gouttes, tu as le crâne tout bourdonnant, tu
tremblotes on ne peut plus inopportunément, ton trouble
déclenche l'hilarité de la compagnie et bien souvent, à la
question : « Qui était le roi des Achéens ? », tu réponds que :
« Ils alignaient un millier de vaisseaux. » Les gens bienveillants
y verront une marque de modestie mais les esprits forts te
taxeront de pusillanimité et les grincheux, d'inculture. Quant à
toi, après avoir fourni une si piteuse prestation pour cette
première prise de contact, tu battras en retraite et te voueras au
pire des désespoirs. Pourtant, lorsque tu as
« ... abondamment gémi tant de nuits sans sommeil et tant de jours sanglants»,
non pour Hélène, nom de Zeus, ni pour la Troie de Priam, mais
pour les cinq oboles escomptées, et que tu parviens à tes fins,
non sans avoir fait intervenir en renfort quelque deus ex
machina, on t'organise alors un examen pour voir si tu les
connais, tes leçons. La séance n'est pas désagréable pour le
richard, dont on entonne les louanges et qui se voit souhaiter
toutes sortes de bonheurs ; toi, en revanche, tu as l'impression
de combattre pour ta peau et que dans l'histoire, c'est tout ton
avenir que tu mises, car il te vient très justement à l'esprit que si
ton premier examinateur te recale et t'estime inapte à le servir,
plus personne d'autre ne voudra de toi. Dès lors, mille et un
détails vont immanquablement te torturer l'esprit : tu vas
jalouser tes concurrents dis-toi bien, en effet, que vous serez
plusieurs à vouloir décrocher la timbale , te persuader que
ton oral a été indigent en tous points, balancer entre la crainte et
l'espoir, rester suspendu aux mimiques du gars, effondré s'il
dédaigne un de tes propos, tout ébaudi et ragaillardi pour peu
qu'il esquisse un sourire en t'écoutant.
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