Texte grec :
[4] Ῥηθήσεται δὲ ὁ πᾶς λόγος τὸ μὲν ὅλον ἴσως
διὰ σέ, πλὴν ἀλλ´ οὔ γε περὶ τῶν φιλοσοφούντων
ὑμῶν μόνον, οὐδὲ ὁπόσοι σπουδαιοτέραν τὴν
προαίρεσιν προείλοντο ἐν τῷ βίῳ, ἀλλὰ καὶ περὶ
γραμματιστῶν καὶ ῥητόρων καὶ μουσικῶν καὶ
ὅλως τῶν ἐπὶ παιδείαις συνεῖναι καὶ μισθοφορεῖν
ἀξιουμένων. κοινῶν δὲ ὡς ἐπίπαν ὄντων καὶ
ὁμοίων τῶν συμβαινόντων ἅπασι, δῆλον ὡς οὐκ
ἐξαίρετα μέν, αἰσχίω δὲ τὰ αὐτὰ ὄντα γίγνεται
τοῖς φιλοσοφοῦσιν, εἰ τῶν ὁμοίων τοῖς ἄλλοις
ἀξιοῖντο καὶ μηδὲν αὐτοὺς σεμνότερον οἱ μισθοδόται
ἄγοιεν. ὅ τι δ´ ἂν οὖν ὁ λόγος αὐτὸς ἐπιὼν
ἐξευρίσκῃ, τούτου τὴν αἰτίαν μάλιστα μὲν οἱ
ποιοῦντες αὐτοί, ἔπειτα δὲ οἱ ὑπομένοντες αὐτὰ
δίκαιοι ἔχειν· ἐγὼ δὲ ἀναίτιος, εἰ μὴ ἀληθείας καὶ
παρρησίας ἐπιτίμιόν τί ἐστιν.
Τοὺς μέντοι τοῦ ἄλλου πλήθους, οἷον γυμναστάς
τινας ἢ κόλακας, ἰδιώτας καὶ μικροὺς τὰς
γνώμας καὶ ταπεινοὺς αὐτόθεν ἀνθρώπους, οὔτε
ἀποτρέπειν ἄξιον τῶν τοιούτων συνουσιῶν, οὐδὲ
γὰρ ἂν πεισθεῖεν, οὔτε μὴν αἰτιᾶσθαι καλῶς ἔχει
μὴ ἀπολειπομένους τῶν μισθοδοτῶν εἰ καὶ πάνυ
πολλὰ ὑβρίζοιντο ὑπ´ αὐτῶν, ἐπιτήδειοι γὰρ καὶ
οὐκ ἀνάξιοι τῆς τοιαύτης διατριβῆς· ἄλλως τε
οὐδὲ σχοῖεν ἄν τι ἄλλο πρὸς ὅ τι χρὴ ἀποκλίναντας
αὐτοὺς παρέχειν αὑτοὺς ἐνεργούς, ἀλλ´ ἤν
τις αὐτῶν ἀφέλῃ τοῦτο, ἄτεχνοι αὐτίκα καὶ ἀργοὶ
καὶ περιττοί εἰσιν. οὐδὲν οὖν οὔτ´ αὐτοὶ δεινὸν
πάσχοιεν ἂν οὔτ´ ἐκεῖνοι ὑβρισταὶ δοκοῖεν εἰς τὴν
ἀμίδα, φασίν, ἐνουροῦντες· ἐπὶ γάρ τοι τὴν ὕβριν
ταύτην ἐξ ἀρχῆς παρέρχονται εἰς τὰς οἰκίας, καὶ
ἡ τέχνη φέρειν καὶ ἀνέχεσθαι τὰ γιγνόμενα. περὶ
δὲ ὧν προεῖπον τῶν πεπαιδευμένων ἄξιον ἀγανακτεῖν
καὶ πειρᾶσθαι ὡς ἔνι μάλιστα μετάγειν
αὐτοὺς καὶ πρὸς ἐλευθερίαν ἀφαιρεῖσθαι.
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Traduction française :
[4] Même si elles te sont évidemment destinées au premier chef,
la brassée de considérations que je vais développer ne vous
concerne pas exclusivement, vous la gent philosophique ou les
hommes qui ont fait le choix d'une vie plus réfléchie que le
commun des mortels, mais s'applique également aux
professeurs de lettres, aux rhéteurs, aux musiciens et, dirai-je
pour faire bref, à quiconque ambitionne de décrocher un emploi
culturel auprès des grandes familles et d'en tirer rétribution.
Bien que dans cette galère, toutes les professions que j'ai
énumérées se prennent grosso modo des coups identiques ou
comparables, il est clair que les philosophes ne gagnent rien à
être ainsi traités sur le même pied que les autres corporations
mais qu'ils ne s'en trouvent au contraire que davantage lésés,
dans la mesure où leurs patrons se croient autorisés à les
ramener ainsi au régime commun et à ne plus leur accorder de
marque d'honneur plus spécifique. Quant aux abus dévoilés au
fur et à mesure de notre exposé, on se doit, en toute justice, de
reconnaître que la responsabilité doit certes en être imputée en
premier lieu à leurs auteurs mais aussi, en second, aux victimes
qui s'y prêtent. En ce qui me concerne, je ne vois pas qu'il y ait
matière à m'imputer une quelconque responsabilité dans cette
situation, sauf à supposer que la vérité et la franchise fussent
choses répréhensibles. Pour le reste je veux parler du fond
du panier , il ne s'y débat que quelques maîtres de
gymnastique et autres flatteurs, gaillards incultes, à l'esprit
borné et vils par nature, qu'il ne vaut pas la peine de détourner
de ces emplois on ne parviendrait d'ailleurs pas à les en
convaincre , pas plus qu'on ne peut raisonnablement les
blâmer de ne pas rompre avec leurs rétributeurs, même s'ils
subissent les pires outrages, car ils sont faits pour ce genre de
vie et ne valent guère mieux. D'ailleurs, à supposer même qu'ils
franchissent le pas, vers quelle occupation voudriez-vous qu'ils
bifurquassent ? Privez-les de ces postes : les voilà aussitôt
déboussolés, ballants, surnuméraires. En conséquence, on ne
peut légitimement ni les prétendre maltraités, ni accuser leur
employeur de se comporter en tyran au seul et unique motif
que, pour parler comme le proverbe, il se sert de son pot de
chambre pour y pisser. Si ces pauvres hères rallient les grandes
maisons, c'est d'entrée de jeu pour y endurer cet enfer et tout
leur boulot consiste précisément à encaisser les coups au jour le
jour et à s'en accommoder. En revanche, l'indignation est de
mise dans le cas des gens de culture que j'ai évoqués
précédemment et qu'il s'agit, autant que faire se peut, de tenter
d'arracher à cette situation et de ramener à la liberté.
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