Texte grec :
[18] ἤδη δὲ καὶ ἐπὶ τὸ πῦρ, εἰ δοκεῖ, μέτειμι καὶ τὴν
ἐπονείδιστον ταύτην κλοπήν. καὶ πρὸς θεῶν
τοῦτό μοι ἀπόκριναι μηδὲν ὀκνήσας· ἔσθ´ ὅ τι
ἡμεῖς τοῦ πυρὸς ἀπολωλέκαμεν, ἐξ οὗ καὶ παρ´
ἀνθρώποις ἐστίν; οὐκ ἂν εἴποις. αὕτη γάρ, οἶμαι,
φύσις τουτουὶ τοῦ κτήματος, οὐδέν τι ἔλαττον
γίγνεται, εἰ καί τις ἄλλος αὐτοῦ μεταλάβοι· οὐ
γὰρ ἀποσβέννυται ἐναυσαμένου τινός· φθόνος δὲ
δὴ ἄντικρυς τὸ τοιοῦτο, ἀφ´ ὧν μηδὲν ὑμεῖς
ἠδίκησθε, τούτων κωλύειν μεταδιδόναι τοῖς δεομένοις.
καίτοι θεούς γε ὄντας ἀγαθοὺς εἶναι χρὴ
καὶ "δωτῆρας ἑάων" καὶ ἔξω φθόνου παντὸς
ἑστάναι· ὅπου γε καὶ εἰ τὸ πᾶν τοῦτο πῦρ ὑφελόμενος
κατεκόμισα ἐς τὴν γῆν μηδ´ ὅλως τι αὐτοῦ
καταλιπών, οὐ μεγάλα ὑμᾶς ἠδίκουν· οὐδὲν γὰρ
ὑμεῖς δεῖσθε αὐτοῦ μήτε ῥιγοῦντες μήτε ἕψοντες
τὴν ἀμβροσίαν μήτε φωτὸς ἐπιτεχνητοῦ δεόμενοι.
|
|
Traduction française :
[18] Maintenant, si tu veux bien, passons au feu et à ce larcin si amèrement
reproché. Et d'abord, au nom des dieux, réponds-moi sans hésiter. Avons-nous
perdu la moindre parcelle de ce feu, depuis qu'y est aux mains des hommes ? Tu
ne saurais répondre : telle est, en effet, la nature de cette possession,
qu'elle ne peut être diminuée par le partage ; le feu ne s'éteint pas en
allumant un autre feu : cest donc chez vous pure jalousie de ne pas permettre
qu'on fasse part d'un bien à ceux qui en ont besoin, quand il n'en résulte pour
vous aucun dommage. Nêtes-vous donc pas des dieux, et, par conséquent, des
êtres bons, faiseurs de riches présents, étrangers à toute envie ? Et lors même
que je vous aurais dérobé tout le feu, pour le porter sur la terre, sans vous en
rien laisser, je ne vous aurais pas fait grand tort : vous n'en avez nul besoin,
vous n'avez jamais froid, vous ne faites pas cuire l'ambroisie, et vous pouvez
vous passer de lumière artificielle.
|
|