Texte grec :
[1,1] Ἔπεμψεν ἡμᾶς, ὦ Δελφοί, ὁ ἡμέτερος δυνάστης
Φάλαρις ἄξοντας τῷ θεῷ τὸν ταῦρον τοῦτον καὶ
ὑμῖν διαλεξομένους τὰ εἰκότα ὑπέρ τε αὐτοῦ ἐκείνου
καὶ ὑπὲρ τοῦ ἀναθήματος. ὧν μὲν οὖν ἕνεκα
ἥκομεν, ταῦτά ἐστιν· ἃ δέ γε πρὸς ὑμᾶς ἐπέστειλεν τάδε·
Ἐγώ, φησίν, ὦ Δελφοί, καὶ παρὰ πᾶσι μὲν τοῖς
Ἕλλησι τοιοῦτος ὑπολαμβάνεσθαι ὁποῖός εἰμι,
ἀλλὰ μὴ ὁποῖον ἡ παρὰ τῶν μισούντων καὶ φθονούντων
φήμη ταῖς τῶν ἀγνοούντων ἀκοαῖς παραδέδωκεν,
ἀντὶ τῶν πάντων ἀλλαξαίμην ἄν, μάλιστα
δὲ παρ´ ὑμῖν, ὅσῳ ἱεροί τέ ἐστε καὶ πάρεδροι τοῦ
Πυθίου καὶ μόνον οὐ σύνοικοι καὶ ὁμωρόφιοι τοῦ
θεοῦ. ἡγοῦμαι γάρ, εἰ ὑμῖν ἀπολογησαίμην καὶ
πείσαιμι μάτην ὠμὸς ὑπειλῆφθαι, καὶ τοῖς ἄλλοις
ἅπασι δι´ ὑμῶν ἀπολελογημένος ἔσεσθαι. καλῶ
δὲ ὧν ἐρῶ τὸν θεὸν αὐτὸν μάρτυρα, ὃν οὐκ ἔνι
δή που παραλογίσασθαι καὶ ψευδεῖ λόγῳ παραγαγεῖν·
ἀνθρώπους μὲν γὰρ ἴσως ἐξαπατῆσαι ῥᾴδιον,
θεὸν δέ, καὶ μάλιστα τοῦτον, διαλαθεῖν ἀδύνατον.
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Traduction française :
[1,1] Nous sommes envoyés vers vous, habitants de Delphes, par notre souverain
Phalaris, pour présenter au dieu ce taureau d'airain, et pour vous exposer ce
qui nous paraît juste au sujet du donateur et de son offrande ; tel est l'objet
qui nous amène auprès de vous : voici maintenant la lettre de notre prince :
"Habitants de Delphes, je voudrais, au prix de mes trésors, que tous les Grecs
me connussent tel que je suis en effet, et non point défiguré par les bruits que
la haine et l'envie ont semés sur mon compte auprès de ceux qui ne me
connaissent pas : je voudrais surtout être connu de vous, qui êtes les ministres
et les assesseurs d'Apollon Pythien, qui habitez, en quelque sorte, dans le
sanctuaire et sous le toit du dieu. Je pense, en effet, que, si je parviens à me
justifier à vos yeux, si je vous persuade qu'on m'accuse injustement de cruauté,
votre suffrage me servira d'apologie auprès de tous les autres Grecs. Je prends
à témoin de la vérité de mes discours le dieu même qu'on adore ici, lui qu'on ne
saurait surprendre par des raisonnements captieux, ni circonvenir par un
mensonge. Il n'est pas malaisé, sans doute, de tromper les hommes, mais un dieu,
et ce dieu-là surtout, l'induire en erreur est chose impossible.
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