Texte grec :
[45] Ταῦτα μὲν ὁ Ἀλέξανδρος. ἐγὼ δὲ οὐδ´ αὐτὸς
πρὸ πολλῶν ἡμερῶν εἶδον αὐτὸν ἐγκεχρισμένον,
ὡς ἀποδακρύσειε τῷ δριμεῖ φαρμάκῳ. ὁρᾷς;
οὐ πάνυ τοὺς ἀμβλυωποῦντας ὁ Αἰακὸς παραδέχεται.
ὅμοιον ὡς εἴ τις ἐπὶ σταυρὸν ἀναβήσεσθαι
μέλλων τὸ ἐν τῷ δακτύλῳ πρόσπταισμα θεραπεύοι.
τί σοι δοκεῖ ὁ Δημόκριτος, εἰ ταῦτα εἶδε;
κατ´ ἀξίαν γελάσαι ἂν ἐπὶ τῷ ἀνδρί; καίτοι
πόθεν εἶχεν ἐκεῖνος τοσοῦτον γέλωτα; σὺ δ´
οὖν, ὦ φιλότης, γέλα καὶ αὐτός, καὶ μάλιστα
ὁπόταν τῶν ἄλλων ἀκούῃς θαυμαζόντων αὐτόν.
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Traduction française :
[45] C'est Alexandre lui-même qui m'a rapporté ces faits.
Apprends que je vis Protée quelques jours avant sa mort, occupé à
se mettre des gouttes dans les yeux car il souffrait au point de
pleurer violemment. Comprends-tu la raison d'un semblable
traitement ? Éaque ne reçoit pas les myopes. Nous touchons
ici à l'histoire du brigand qui, sur le point d'être crucifié, se
préoccupe de bander son doigt endolori !
À ton avis, comment Démocrite aurait-il jugé cet homme-là ? Je
pense qu'il aurait ri aux éclats et c'est tout ce qu'il mérite
assurément. Mais aurait-il trouvé, devant tant d'inepties, assez de
rires au fond de lui-même pour se soulager pleinement ? Ce n'est
pas sûr ! Allez, mon doux ami, ris en toute liberté et moque-toi
surtout de ses admirateurs !
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