Texte grec :
[25] "Ἄλλως τε ὁ μὲν Ἡρακλῆς, εἴπερ ἄρα καὶ
ἐτόλμησέν τι τοιοῦτο, ὑπὸ νόσου αὐτὸ ἔδρασεν,
ὑπὸ τοῦ Κενταυρείου αἵματος, ὥς φησιν ἡ τραγῳδία,
κατεσθιόμενος· οὗτος δὲ τίνος αἰτίας ἕνεκεν
ἐμβάλλει φέρων ἑαυτὸν εἰς τὸ πῦρ; νὴ Δί´, ὅπως
τὴν καρτερίαν ἐπιδείξηται καθάπερ οἱ Βραχμᾶνες·
ἐκείνοις γὰρ αὐτὸν ἠξίου Θεαγένης εἰκάζειν,
ὥσπερ οὐκ ἐνὸν καὶ ἐν Ἰνδοῖς εἶναί τινας μωροὺς
καὶ κενοδόξους ἀνθρώπους. ὅμως δ´ οὖν κἂν
ἐκείνους μιμείσθω· ἐκεῖνοι γὰρ οὐκ ἐμπηδῶσιν
ἐς τὸ πῦρ, ὡς Ὀνησίκριτος ὁ Ἀλεξάνδρου κυβερνήτης
ἰδὼν Κάλανον καόμενόν φησιν, ἀλλ´
ἐπειδὰν νήσωσι, πλησίον παραστάντες ἀκίνητοι
ἀνέχονται παροπτώμενοι, εἶτ´ ἐπιβάντες κατὰ
σχῆμα καίονται, οὐδ´ ὅσον ὀλίγον ἐντρέψαντες τῆς
κατακλίσεως.
"Οὗτος δὲ τί μέγα εἰ ἐμπεσὼν τεθνήξεται
συναρπασθεὶς ὑπὸ τοῦ πυρός; οὐκ ἀπ´ ἐλπίδος
μὴ ἀναπηδήσασθαι αὐτὸν καὶ ἡμίφλεκτον, εἰ μή,
ὅπερ φασί, μηχανήσεται βαθεῖαν γενέσθαι καὶ
ἐν βόθρῳ τὴν πυράν.
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Traduction française :
[25] Quand Héraclès prit la décision de mourir par le feu, ses
douleurs physiques étaient insoutenables, on le sait. La tragédie
nous rapporte que son corps était rongé par la sanglante tunique
du Centaure. Mais Protée, lui, qu'est-ce qui le pousse dans les
flammes ? Cherche-t-il à prouver que son courage est à toute
épreuve, à l'instar des Brahmanes ? Théagène le compare, en
effet, à ces gens. Mais n'y a-t-il pas en Inde des individus aussi
abrutis et vaniteux ? Qu'il les imite donc et qu'on n'en parle plus !
Un problème pourtant : selon Onésicrite, amiral d'Alexandre, qui
assista au sacrifice par le feu de Calanos, ce dernier ne se jeta
point dans le brasier. Une fois leur bûcher dressé, ces fanatiques
s'installent à proximité et attendent plus ou moins longtemps
qu'une flamme daigne les lécher. Après ils montent les degrés du
bûcher avec une majesté confondante, se couchent et se font
brûler sans un geste de trop. Or, dans l'acte de Protée, il n'y a rien
d'héroïque : il court dans le feu et il meurt, c'est tout ! À moins
qu'il n'ait l'espoir secret d'en réchapper en sautant en arrière à
moitié rôti. Mais s'il installe son bûcher dans une fosse
suffisamment profonde, il ne pourra guère s'en sortir.
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