Texte grec :
[1] Λουκιανὸς Κρονίῳ εὖ πράττειν.
Ὁ κακοδαίμων Περεγρῖνος, ἢ ὡς αὐτὸς ἔχαιρεν
ὀνομάζων ἑαυτόν, Πρωτεύς, αὐτὸ δὴ ἐκεῖνο
τὸ τοῦ Ὁμηρικοῦ Πρωτέως ἔπαθεν· ἅπαντα
γὰρ δόξης ἕνεκα γενόμενος καὶ μυρίας τροπὰς
τραπόμενος, τὰ τελευταῖα ταῦτα καὶ πῦρ ἐγένετο·
τοσούτῳ ἄρα τῷ ἔρωτι τῆς δόξης εἴχετο. καὶ νῦν
ἐκεῖνος ἀπηνθράκωταί σοι ὁ βέλτιστος κατὰ τὸν
Ἐμπεδοκλέα, παρ´ ὅσον ὁ μὲν κἂν διαλαθεῖν ἐπειράθη
ἐμβαλὼν ἑαυτὸν εἰς τοὺς κρατῆρας, ὁ δὲ
γεννάδας οὗτος, τὴν πολυανθρωποτάτην τῶν
Ἑλληνικῶν πανηγύρεων τηρήσας, πυρὰν ὅτι
μεγίστην νήσας ἐνεπήδησεν ἐπὶ τοσούτων μαρτύρων,
καὶ λόγους τινὰς ὑπὲρ τούτου εἰπὼν
πρὸς τοὺς Ἕλληνας οὐ πρὸ πολλῶν ἡμερῶν τοῦ
τολμήματος.
|
|
Traduction française :
[1] Lucien à Cronios, sois heureux !
Ce pauvre Pérégrinos, pardon, Protée pour les intimes, vient aux
dernières nouvelles de périr comme le Protée d'Homère. Par
amour pour la gloriole, on l'avait déjà vu dans toutes les formes
possibles et imaginables. Or, pour finir en beauté, il s'est habillé
de feu tant il est vrai qu'il brûlait déjà d'une passion ardente !
Voici donc transformé ce brave homme en un petit tas de charbon
comme Empédocle. Une nuance cependant avec son illustre
devancier : avant de se jeter au fond du cratère embrasé de l'Etna,
ce dernier s'était prémuni contre les regards indiscrets ; lui, en
revanche, s'est immolé devant la foule des badauds, escaladant
solennellement les degrés d'un énorme bûcher, non sans avoir
préalablement annoncé son faramineux projet aux Grecs avec une
avalanche de détails et de justifications, quelques jours seulement
avant son grand spectacle.
|
|