|
[0] ΜΥΙΑΣ ΕΓΚΩΜΙΟΝ.
| [0] ÉLOGE DE LA MOUCHE .
| [1] Ἡ μυῖα ἔστι μὲν οὐ τὸ σμικροτάτον τῶν
ὀρνέων, ὅσον ἐμπίσι καὶ κώνωψι καὶ τοῖς ἔτι
λεπτοτέροις παραβάλλειν, ἀλλὰ τοσοῦτον ἐκείνων
μεγέθει προὔχει ὅσον αὐτὴ μελίττης ἀπολείπεται.
ἐπτέρωται δὲ οὐ κατὰ τὰ αὐτὰ τοῖς ἄλλοις, ὡς
τοῖς μὲν ἁπανταχόθεν κομᾶν τοῦ σώματος, τοῖς
δὲ ὠκυπτέροις χρῆσθαι, ἀλλὰ κατὰ τὰς ἀκρίδας
καὶ τέττιγας καὶ μελίττας ἐστὶν ὑμενόπτερος,
τοσοῦτον ἁπαλώτερα ἔχουσα τὰ πτερὰ ὅσον τῆς
Ἑλληνικῆς ἐσθῆτος ἡ Ἰνδικὴ λεπτοτέρα καὶ
μαλακωτέρα· καὶ μὴν διήνθισται κατὰ τοὺς
ταῶνας, εἴ τις ἀτενὲς βλέποι ἐς αὐτήν, ὁπόταν
| [1] La mouche n'est pas le plus petit des êtres ailés, si on la
compare aux moucherons, aux cousins, et à de plus légers
insectes ; mais elle les surpasse en grosseur autant qu'elle le
cède elle-même à l'abeille. Elle n'a pas, comme les autres
habitants de l'air, le corps couvert de plumes, dont les plus
longues servent à voler ; mais ses ailes, semblables à celles
des sauterelles, des cigales et des abeilles, sont formées
d'une membrane dont la délicatesse surpasse autant celles
des autres insectes qu'une étoffe des Indes est plus légère et
plus moelleuse qu'une étoffe de la Grèce. Elle est fleurie de
nuances comme les paons, quand on la regarde avec
attention, au moment où, se déployant au soleil, elle va
prendre l'essor.
| [2] ἐκπετάσασα πρὸς τὸν ἥλιον πτερύσσηται. ἡ
δὲ πτῆσις οὔτε κατὰ τὰς νυκτερίδας εἰρεσίᾳ
συνεχεῖ τῶν πτερῶν οὔτε κατὰ τὰς ἀκρίδας μετὰ
πηδήματος οὔτε ὡς οἱ σφῆκες μετὰ ῥοιζήματος,
ἀλλ´ εὐκαμπὴς πρὸς ὅ τι ἂν μέρος ὁρμήσῃ τοῦ
ἀέρος. καὶ μὴν κἀκεῖνο πρόσεστιν αὐτῇ, τὸ μὴ
καθ´ ἡσυχίαν, ἀλλὰ μετ´ ᾠδῆς πέτεσθαι οὐκ
ἀπηνοῦς οἵα κωνώπων καὶ ἐμπίδων, οὐδὲ τὸ
βαρύβρομον τῶν μελιττῶν ἢ τῶν σφηκῶν τὸ
φοβερὸν καὶ ἀπειλητικὸν ἐνδεικνυμένης, ἀλλὰ
τοσοῦτόν ἐστι λιγυρωτέρα, ὅσον σάλπιγγος καὶ
| [2] Son vol n'est pas, comme celui de la chauve-souris, un
battement d'ailes continu, ni un bond comme celui de la
sauterelle ; elle ne fait point entendre un son strident comme
la guêpe, mais elle plane avec grâce dans la région de l'air à
laquelle elle peut s'élever. Elle a encore cet avantage, qu'elle
ne reste pas, dans le silence, mais qu'elle chante en volant,
sans produire toutefois le bruit insupportable des
moucherons et des moustiques, ni le bourdonnement de
l'abeille, ni le frémissement terrible et menaçant de la guêpe :
elle l'emporte sur eux en douceur autant que la flûte a des
accents plus mélodieux que la trompette et les cymbales.
| [3] κυμβάλων αὐλοὶ μελιχρότεροι. τὸ δὲ ἄλλο
σῶμα ἡ μὲν κεφαλὴ λεπτότατα τῷ αὐχένι συνέχεται
καὶ ἔστιν εὐπεριάγωγος, οὐ συμπεφυκυῖα ὡς
ἡ τῶν ἀκρίδων· ὀφθαλμοὶ δὲ προπετεῖς, πολὺ τοῦ
κέρατος ἔχοντες· στέρνον εὐπαγές, καὶ ἐμπεφύκασιν
αὐτῇ τῇ ἐντομῇ οἱ πόδες οὐ κατὰ τοὺς
σφῆκας πάνυ ἐσφιγμένῃ. ἡ γαστὴρ δὲ ὠχύρωται
καὶ αὐτῇ καὶ θώρακι ἔοικεν ζώνας πλατείας καὶ
φολίδας ἔχουσα. ἀμύνεται μέντοι οὐ κατὰ τοὐρροπύγιον
ὡς σφὴξ καὶ μέλιττα, ἀλλὰ τῷ στόματι
καὶ τῇ προβοσκίδι, ἣν κατὰ τὰ αὐτὰ τοῖς ἐλέφασι
καὶ αὐτὴ ἔχουσα προνομεύει τε καὶ ἐπιλαμβάνεται
καὶ προσφῦσα κατέχει κοτυληδόνι κατὰ τὸ ἄκρον
ἐοικυῖαν. ἐκ δὲ αὐτῆς ὀδοὺς προκύπτει, ᾧ κεντοῦσα
πίνει τοῦ αἵματος—πίνει μὲν γὰρ καὶ γάλακτος,
ἡδὺ δὲ αὐτῇ καὶ τὸ αἷμα—οὐ μετὰ μεγάλης
ὀδύνης τῶν κεντουμένων. ἑξάπους δὲ οὖσα τοῖς μὲν
τέσσαρσι βαδίζει μόνοις, τοῖς δὲ προσθίοις δυσὶ
καὶ ὅσα χερσὶ χρῆται. ἴδοις ἂν οὖν αὐτὴν ἐπὶ
τεττάρων βεβηκυῖαν ἔχουσάν τι ἐν τοῖν χεροῖν μετέωρον
ἐδώδιμον, ἀνθρωπίνως πάνυ καὶ καθ´ ἡμᾶς.
| [3] En ce qui regarde son corps, sa tête est jointe au cou par
une attache extrêmement ténue ; elle se meut en tous sens
avec facilité et ne demeure pas fixe comme dans la sauterelle :
ses yeux sont saillants, solides, et ressemblent beaucoup à
de la corne ; sa poitrine est bien emboîtée, et les pieds y
adhèrent, sans y rester collés comme dans les guêpes. Son
ventre est fortement plastronné, et ressemble à une cuirasse
avec ses larges bandes et ses écailles. Elle se défend contre
son ennemi, non avec son derrière, comme la guêpe et
l'abeille, mais avec la bouche et la trompe, dont elle est
armée comme les éléphants, et avec laquelle elle prend la
nourriture, saisit les objets et s'y attache, au moyen d'un
cotylédon placé à l'extrémité. Il en sort une dent avec laquelle
elle pique et boit le sang. Elle boit aussi du lait, mais elle
préfère le sang, et sa piqûre n'est pas très douloureuse. Elle
a six pattes, mais elle ne marche que sur quatre ; les deux de
devant lui servent de mains. On la voit donc marcher sur
quatre pieds, tenant dans ses mains quelque nourriture
qu'elle élève en l'air d'une façon tout humaine, absolument
comme nous.
| [4] Γίνεται δὲ οὐκ εὐθὺς τοιαύτη, ἀλλὰ σκώληξ
τὸ πρῶτον ἤτοι ἐξ ἀνθρώπων ἢ ἄλλων ζῴων
ἀποθανόντων· εἶτα κατ´ ὀλίγον πόδας τε ἐκφέρει
καὶ φύει τὰ πτερὰ καὶ ἐξ ἑρπετοῦ ὄρνεον γίνεται
καὶ κυοφορεῖ δὲ καὶ ἀποτίκτει σκώληκα μικρὸν τὴν
μυῖαν ὕστερον. σύντροφος δὲ ἀνθρώποις ὑπάρχουσα
καὶ ὁμοδίαιτος καὶ ὁμοτράπεζος ἁπάντων
γεύεται πλὴν ἐλαίου· θάνατος γὰρ αὐτῇ τοῦτο
πιεῖν. καὶ μέντοι ὠκύμορος οὖσα—πάνυ γὰρ ἐς
στενὸν ὁ βίος αὐτῇ συμμεμέτρηται—τῷ φωτὶ
χαίρει μάλιστα κἀν τούτῳ πολιτεύεται· νυκτὸς δὲ
εἰρήνην ἄγει καὶ οὔτε πέτεται οὔτε ᾄδει, ἀλλ´ ὑπέπτηχε
| [4] Elle ne naît pas telle que nous la voyons : c'est d'abord un
ver éclos du cadavre d'un homme ou d'un animal ; bientôt il
lui vient des pieds, il lui pousse des ailes, de reptile elle
devient oiseau ; puis, féconde à son tour, elle produit un ver
destiné à être plus tard une mouche. Nourrie avec les
hommes, leur commensale et leur convive, elle goûte à tous
les aliments excepté l'huile : en boire, pour elle c'est la mort.
Quelque rapide que soit sa destinée, car sa vie est limitée à
un court intervalle, elle se plaît à la lumière et vaque à ses
affaires en plein jour. La nuit, elle demeure en paix, elle ne
vole ni ne chante, mais elle reste blottie et sans mouvement.
| [5] καὶ ἀτρεμεῖ. σύνεσιν δὲ οὐ μικρὰν αὐτῆς
εἰπεῖν ἔχω, ὁπόταν τὸν ἐπίβουλον καὶ πολέμιον
αὐτῇ τὸν ἀράχνην διαδιδράσκῃ· λοχῶντά τε γὰρ
ἐπιτηρεῖ καὶ ἀντίον αὐτῷ ὁρᾷ ἐκκλίνουσα τὴν
ὁρμήν, ὡς μὴ ἁλίσκοιτο σαγηνευθεῖσα καὶ περιπεσοῦσα
ταῖς τοῦ θηρίου πλεκτάναις. τὴν μὲν
γὰρ ἀνδρίαν καὶ τὴν ἀλκὴν αὐτῆς οὐχ ἡμᾶς χρὴ
λέγειν, ἀλλ´ ὃς μεγαλοφωνότατος τῶν ποιητῶν
Ὅμηρος· τὸν γὰρ ἄριστον τῶν ἡρώων ἐπαινέσαι
ζητῶν οὐ λέοντι ἢ παρδάλει ἢ ὑῒ τὴν ἀλκὴν αὐτοῦ
εἰκάζει, ἀλλὰ τῷ θάρσει τῆς μυίας καὶ τῷ ἀτρέστῳ
καὶ λιπαρεῖ τῆς ἐπιχειρήσεως· οὐδὲ γὰρ θράσος
ἀλλὰ θάρσος φησὶν αὐτῇ προσεῖναι. καὶ γὰρ εἰργομένη,
φησίν, ὅμως οὐκ ἀφίσταται, ἀλλ´ ἐφίεται
τοῦ δήγματος. οὕτω δὲ πάνυ ἐπαινεῖ καὶ ἀσπάζεται
τὴν μυῖαν, ὥστε οὐχ ἅπαξ οὐδ´ ἐν ὀλίγοις
μέμνηται αὐτῆς, ἀλλὰ πολλάκις· οὕτω κοσμεῖ τὰ
ἔπη μνημονευομένη. ἄρτι μὲν τὴν ἀγελαίαν
πτῆσιν αὐτῆς ἐπὶ τὸ γάλα διέρχεται, ἄρτι δὲ τὴν
Ἀθηνᾶν, ὁπότε τοῦ Μενέλεω τὸ βέλος ἀποκρούεται,
ὡς μὴ ἐπὶ τὰ καιριώτατα ἐμπέσοι, εἰκάζων
μητρὶ κηδομένῃ κοιμωμένου αὐτῇ τοῦ βρέφους, τὴν
μυῖαν αὖθις ἐπεισάγει τῷ παραδείγματι. καὶ μὴν
καὶ ἐπιθέτῳ καλλίστῳ αὐτὰς ἐκόσμησεν ἀδινὰς
προσειπὼν καὶ τὴν ἀγέλην αὐτῶν ἔθνη καλῶν.
| [5] Pour prouver que son intelligence est loin d'être bornée, il
me suffit de dire qu'elle sait éviter les pièges que lui tend
l'araignée, sa plus cruelle ennemie. Celle-ci se place en
embuscade, mais la mouche la voit, l'observe, et détourne
son essor pour ne pas être prise dans les filets et ne pas
tomber entre les pattes de cette bête cruelle. A l'égard de sa
force et de son courage, ce n'est point à moi qu'il appartient
d'en parler, c'est au plus sublime des poètes, à Homère. Ce
poète, voulant faire l'éloge d'un de ses plus grands héros, au
lieu de le comparer à un lion, à une panthère, ou à un
sanglier, met son intrépidité et la constance de ses efforts en
parallèle avec l'audace de la mouche, et il ne dit pas qu'elle a
de la jactance, mais de la vaillance. C'est en vain, ajoute-t-il,
qu'on la repousse, elle n'abandonne pas sa proie, mais
elle revient à sa morsure. Il aime tant la mouche, il se plaît si
fort à la louer, qu'il n'en parle pas seulement une fois ni en
quelques mots, mais qu'il en rehausse souvent la beauté de
ses vers. Tantôt il en représente un essaim qui vole autour
d'un vase plein de lait ; ailleurs, lorsqu'il nous peint
Minerve détournant la flèche qui allait frapper Ménélas à un
endroit mortel, comme une mère qui veille sur son enfant
endormi, il a soin de faire entrer la mouche dans cette
comparaison. Enfin, il décore les mouches de l'épithète la
plus honorable, il les appelle serrées en bataillons et
donne le nom de nations à leurs essaims.
| [6] Οὕτω δὲ ἰσχυρά ἐστιν, ὥσθ´ ὁπόταν τι δάκνῃ,
τιτρώσκει οὐκ ἀνθρώπου δέρμα μόνον, ἀλλὰ καὶ
βοὸς καὶ ἵππου, καὶ ἐλέφαντα λυπεῖ ἐς τὰς ῥυτίδας
αὐτοῦ παρεισδυομένη καὶ τῇ αὑτῆς προνομαίᾳ
κατὰ λόγον τοῦ μεγέθους ἀμύσσουσα. μίξεως δὲ
καὶ ἀφροδισίων καὶ γάμων πολλὴ αὐταῖς ἡ
ἐλευθερία, καὶ ὁ ἄρρην οὐ κατὰ τοὺς ἀλεκτρυόνας
ἐπιβὰς εὐθὺς ἀπεπήδησεν, ἀλλ´ ἐποχεῖται τῇ
θηλείᾳ ἐπὶ πολύ, κἀκείνη φέρει τὸν νυμφίον, καὶ
συμπέτονται τὴν ἐναέριον ἐκείνην μῖξιν τῇ πτήσει
μὴ διαφθείρουσαι. ἀποτμηθεῖσα δὲ τὴν κεφαλὴν
μυῖα ἐπὶ πολὺ ζῇ τῷ σώματι καὶ ἔμπνους ἐστίν.
| [6] La mouche est tellement forte, que tout ce qu'elle mord,
elle le blesse. Sa morsure ne pénètre pas seulement la peau
de l'homme, mais celle du cheval et du bœuf. Elle tourmente
l'éléphant, en s'insinuant dans ses rides, et le blesse avec sa
trompe autant que sa grosseur le lui permet. Dans ses
amours et son hymen, elle jouit de la plus entière liberté : le
mâle, comme le coq, ne descend pas aussitôt qu'il est monté ;
mais il demeure longtemps à cheval sur sa femelle qui porte
son époux sur son dos et vole avec lui, sans que rien trouble
leur union aérienne. Quand on lui coupe la tête, le reste de
son corps vit et respire longtemps encore.
| | |