Texte grec :
[5] Οὐκοῦν ἐπειδήπερ οὕτω διεκείμην, ἄριστον εἶναι
ὑπελάμβανον παρὰ τῶν φιλοσόφων τούτων ταῦτα
ἕκαστα ἐκμαθεῖν· ᾤμην γὰρ ἐκείνους γε πᾶσαν
ἔχειν ἂν εἰπεῖν τὴν ἀλήθειαν. οὕτω δὲ τοὺς ἀρίστους
ἐπιλεξάμενος αὐτῶν, ὡς ἐνῆν τεκμήρασθαι
προσώπου τε σκυθρωπότητι καὶ χρόας ὠχρότητι
καὶ γενείου βαθύτητι—μάλα γὰρ ὑψαγόραι τινὲς
καὶ οὐρανογνώμονες οἱ ἄνδρες αὐτίκα μοι κατεφάνησαν—τούτοις
ἐγχειρίσας ἐμαυτὸν καὶ συχνὸν
ἀργύριον τὸ μὲν αὐτόθεν ἤδη καταβαλών, τὸ δὲ
εἰσαῦθις ἀποδώσειν ἐπὶ κεφαλαίῳ τῆς σοφίας
διομολογησάμενος, ἠξίουν μετεωρολέσχης τε διδάσκεσθαι
καὶ τὴν τῶν ὅλων διακόσμησιν καταμαθεῖν.
οἱ δὲ τοσοῦτον ἄρα ἐδέησάν με τῆς παλαιᾶς
ἐκείνης ἀγνοίας ἀπαλλάξαι, ὥστε καὶ εἰς μείζους
ἀπορίας φέροντες ἐνέβαλον, ἀρχάς τινας καὶ τέλη
καὶ ἀτόμους καὶ κενὰ καὶ ὕλας καὶ ἰδέας καὶ τὰ
τοιαῦτα ὁσημέραι μου καταχέοντες. ὃ δὲ πάντων
ἐμοὶ γοῦν ἐδόκει χαλεπώτατον, ὅτι μηδὲν ἅτερος
θατέρῳ λέγοντες ἀκόλουθον ἀλλὰ μαχόμενα πάντα
καὶ ὑπεναντία, ὅμως πείθεσθαί τέ με ἠξίουν καὶ
πρὸς τὸν αὑτοῦ λόγον ἕκαστος ὑπάγειν ἐπειρῶντο.
(ΕΤΑΙΡΟΣ)
Ἄτοπον λέγεις, εἰ σοφοὶ ὄντες οἱ ἄνδρες ἐστασίαζον
πρὸς αὑτοὺς περὶ τῶν λόγων καὶ οὐ τὰ
αὐτὰ περὶ τῶν αὐτῶν ἐδόξαζον.
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Traduction française :
[5] Dans cette disposition d'esprit, je crus que le meilleur parti
était de m'adresser aux philosophes, pour éclaircir tous mes
doutes. Je m'imaginais qu'ils pourraient me dire à cet égard toute
la vérité. Je choisis donc ceux qui me parurent les plus instruits,
à en croire l'austérité de leur physionomie, leur teint pâle, la
largeur de leur barbe. Certains d'entre eux, en effet, me parurent
immédiatement hauts parleurs, et versés dans les secrets du ciel.
Une fois entre leurs mains, moyennant une grosse somme, moitié
comptant, moitié à payer quand je serais arrivé au faîte de la
sagesse, je leur demandai qu'ils m'apprissent à devenir
spéculateur en l'air, et à connaître l'organisation du monde. Mais,
bien loin de dissiper mon ancienne ignorance, ils me jetèrent
dans des perplexités plus grandes encore, ne m'entretenant que
de principes, de fins, d'atomes, de vides, de matières, d'idées, et
de mille autres choses, dont ils me rebattaient chaque jour les
oreilles. Et le plus embarrassant pour moi, c'est que, la doctrine
de l'un n'ayant aucun rapport avec celle de l'autre, et leurs
opinions étant contraires et diamétralement opposées, ils
voulaient cependant tous me convaincre, et chacun d'eux
essayait de m'attirer à son sentiment particulier.
L'AMI. Ce que tu dis là m'étonne. Comment des gens qui se
piquent de sagesse peuvent-ils se disputer à propos de ce qui
est, et ne pas avoir la même opinion sur les mêmes choses ?
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