Texte grec :
[21] "Καίτοι πόσα ἐγὼ συνεπίσταμαι αὐτοῖς ἃ πράττουσι
τῶν νυκτῶν αἰσχρὰ καὶ κατάπτυστα οἱ
μεθ´ ἡμέραν σκυθρωποὶ καὶ ἀνδρώδεις τὸ βλέμμα
καὶ τὸ σχῆμα σεμνοὶ καὶ ὑπὸ τῶν ἰδιωτῶν
ἀποβλεπόμενοι; κἀγὼ μὲν ταῦτα ὁρῶσα ὅμως
σιωπῶ· οὐ γὰρ ἡγοῦμαι πρέπειν ἀποκαλύψαι
καὶ διαφωτίσαι τὰς νυκτερινὰς ἐκείνας διατριβὰς
καὶ τὸν ὑπὸ σκηνῆς ἑκάστου βίον, ἀλλὰ κἄν
τινα ἴδω αὐτῶν μοιχεύοντα ἢ κλέπτοντα ἢ ἄλλο
τι τολμῶντα νυκτερινώτατον, εὐθὺς ἐπισπασαμένη
τὸ νέφος ἐνεκαλυψάμην, ἵνα μὴ δείξω τοῖς
πολλοῖς γέροντας ἄνδρας βαθεῖ πώγωνι καὶ
ἀρετῇ ἐνασχημονοῦντας. οἱ δὲ οὐδὲν ἀνιᾶσι διασπαράττοντές
με τῷ λόγῳ καὶ πάντα τρόπον
ὑβρίζοντες, ὥστε νὴ τὴν Νύκτα πολλάκις ἐβουλευσάμην
μετοικῆσαι ὅτι πορρωτάτω, ἵν´ αὐτῶν
τὴν περίεργον ἂν γλῶτταν διέφυγον.
"Μέμνησο οὖν ταῦτά τε ἀπαγγεῖλαι τῷ Διὶ καὶ
προσθεῖναι δ´ ὅτι μὴ δυνατόν ἐστί μοι κατὰ
χώραν μένειν, ἢν μὴ τοὺς φυσικοὺς ἐκεῖνος
ἐπιτρίψῃ καὶ τοὺς διαλεκτικοὺς ἐπιστομίσῃ καὶ
τὴν Στοὰν κατασκάψῃ καὶ τὴν Ἀκαδημίαν
καταφλέξῃ καὶ παύσῃ τὰς ἐν τοῖς περιπάτοις
διατριβάς· οὕτω γὰρ ἂν εἰρήνην ἀγάγοιμι καὶ
παυσαίμην ὁσημέραι παρ´ αὐτῶν γεωμετρουμένη."
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Traduction française :
[21] Et pourtant est-ce que je ne sais pas aussi bien qu'eux à
quelles actions honteuses et infâmes ils se livrent durant la nuit,
ces hommes qui prennent, le jour, un visage sévère, dont le
regard est si imposant, la démarche si grave, et qui attirent sur
eux les regards de la foule ? Je les vois et je me tais, car je ne
crois pas décent de découvrir et d'éclairer leurs passe-temps
nocturnes et la comédie de leur conduite. Au contraire, si je vois
quelqu'un d'entre eux commettant un adultère, un vol, ou bien
osant l'un de ces crimes qui ont besoin de l'épaisseur des
ténèbres, aussitôt j'appelle un nuage et je me voile, pour ne pas
montrer à tous des vieillards déshonorant leur large barbe et la
vertu. Malgré cela, ils continuent de me déchirer dans leurs
propos et de m'accabler de toutes sortes d'outrages. C'est au
point que j'ai souvent délibéré, la nuit m'en est témoin, d'émigrer
le plus loin d'eux possible, afin d'échapper à leur langue
indiscrète. N'oublie pas de rapporter tout cela à Jupiter, et ajoute
que je ne saurais demeurer plus longtemps dans cette région, s'il
n'écrase tous les physiciens, s'il ne ferme la bouche aux
dialecticiens, s'il ne renverse le Portique, s'il ne foudroie
l'Académie, et s'il ne met fin aux discussions des Péripatéticiens.
Ce n'est qu'ainsi que je pourrai avoir la paix, sans qu'ils me
mesurent tous les jours.
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