Texte grec :
[14] "Μὰ Δί´," ἦν δ´ ἐγώ, "ἢν μὴ σύ μοι
τὴν ἀχλύν πως ἀφέλῃς ἀπὸ τῶν ὀμμάτων· νῦν
γὰρ δὴ λημᾶν οὐ μετρίως δοκῶ." "Καὶ μὴν οὐδέν
σε," ἦ δ´ ὅς, "ἐμοῦ δεήσει· τὸ γὰρ ὀξυδερκὲς αὐτὸς
ἤδη γῆθεν ἥκεις ἔχων." "Τί οὖν τοῦτό ἐστιν; οὐ
γὰρ οἶδ´," ἔφην. "Οὐκ οἶσθα," ἦ δ´ ὅς, "ἀετοῦ
τὴν πτέρυγα τὴν δεξιὰν περικείμενος;" "Καὶ
μάλα," ἦν δ´ ἐγώ· "τί δ´ οὖν πτέρυγι καὶ ὀφθαλμῷ
κοινόν ἐστιν;" "Ὅτι," ἦ δ´ ὅς, "παρὰ πολὺ
τῶν ἄλλων ζῴων ἀετός ἐστιν ὀξυωπέστατος, ὥστε
μόνος ἀντίον δέδορκε τῷ ἡλίῳ, καὶ τοῦτό ἐστιν ὁ
γνήσιος καὶ βασιλεὺς ἀετός, ἢν ἀσκαρδαμυκτὶ
πρὸς τὰς ἀκτῖνας βλέπῃ." "Φασὶ ταῦτα," ἦν δ´
ἐγώ, "καί μοι ἤδη μεταμέλει ὅτι δεῦρο ἀνιὼν
οὐχὶ τὼ ὀφθαλμὼ τοῦ ἀετοῦ ἐνεθέμην τοὺς ἐμοὺς
ἐξελών· ὡς νῦν γε ἡμιτελὴς ἀφῖγμαι καὶ οὐ πάντα
βασιλικῶς ἐνεσκευασμένος, ἀλλ´ ἔοικα τοῖς νόθοις
ἐκείνοις καὶ ἀποκηρύκτοις." "Καὶ μὴν πάρα σοί,"
ἦ δ´ ὅς, "αὐτίκα μάλα τὸν ἕτερον ὀφθαλμὸν ἔχειν
βασιλικόν· ἢν γὰρ ἐθελήσῃς μικρὸν ἀναστὰς
ἐπισχὼν τοῦ γυπὸς τὴν πτέρυγα θατέρᾳ μόνῃ
πτερύξασθαι, κατὰ λόγον τῆς πτέρυγος τὸν δεξιὸν
ὀφθαλμὸν ὀξυδερκὴς ἔσῃ· τὸν δὲ ἕτερον οὐδεμία
μηχανὴ μὴ οὐκ ἀμβλύτερον δεδορκέναι τῆς μερίδος
ὄντα τῆς χείρονος." "Ἅλις," ἦν δ´ ἐγώ, "εἰ καὶ
ὁ δεξιὸς μόνος ἀετῶδες βλέποι· οὐδὲν γὰρ ἂν
ἔλαττον γένοιτο, ἐπεὶ καὶ τοὺς τέκτονας πολλάκις
ἑωρακέναι μοι δοκῶ θατέρῳ τῶν ὀφθαλμῶν
ἄμεινον πρὸς τοὺς κανόνας ἀπευθύνοντας τὰ ξύλα."
Ταῦτα εἰπὼν ἐποίουν ἅμα τὰ ὑπὸ τοῦ Ἐμπεδοκλέους
παρηγγελμένα· ὁ δὲ κατ´ ὀλίγον ὑπαπιὼν
ἐς καπνὸν ἠρέμα διελύετο.
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Traduction française :
[14] - Non par Jupiter ! lui dis-je, à moins que tu ne dissipes toi-même
le voile étendu sur mes yeux, car ils me semblent, en ce
moment, chassieux au dernier point. - Et cependant, dit-il, tu
n'auras pas du tout besoin de moi. Tu as apporté de dessus terre
avec toi de quoi te procurer une vue excellente. - Quoi donc ? lui
demandai-je ? Je ne sais pas ce que c'est. - Tu ne sais pas,
continua-t-il, que tu as attaché à ton épaule droite l'aile d'un
aigle ? - Oui, mais qu'y a-t-il de commun entre cette aile et mes
yeux ? - Il y a ceci, que de tous les oiseaux, l'aigle est celui qui a
la vue la plus perçante. Seul, il peut regarder le soleil en
face, et c'est pour cela qu'il est roi. On le reconnaît pour un
véritable aigle, quand il soutient, sans baisser la paupière l'éclat
des rayons. - On le dit, repris-je, et déjà je me repens de ne
m'être pas arraché les yeux avant de monter ici, pour mettre à
leur place ceux d'un aigle. Je suis venu un peu au dépourvu et
sans avoir tout l'équipement royal. Je suis dans les aiglons
bâtards et déshérités. - Eh bien ! me dit Empédocle, il ne dépend
que de toi d'avoir un de tes deux yeux complètement royal.
Si tu veux te lever un instant, tenir en repos l'aile de vautour, et
agiter seulement l'autre, ton oeil droit, en rapport avec l'aile
d'aigle, deviendra perçant, tandis que l'autre, qui correspond à
une partie moins favorisée, ne peut, en aucune façon, voir d'une
manière plus nette. - Il me suffit, lui répondis-je, d'avoir l'oeil
droit aquilin. Il me semble que je n'en verrai pas plus mal, car j'ai
souvent vu, si je ne me trompe, les charpentiers ne se servir que
d'un oeil pour mettre leurs pièces de bois au niveau."À ces mots,
je fis ce qu'Empédocle m'avait recommandé, et lui, de son côté,
s'éloignant peu à peu, finit par s'évanouir en fumée.
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