HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

LUCIEN, Comment faut-il écrire l'histoire?

τὰ



Texte grec :

[8] Ἔτι ἀγνοεῖν ἐοίκασιν οἱ τοιοῦτοι ὡς ποιητικῆς μὲν καὶ ποιημάτων ἄλλαι ὑποσχέσεις καὶ κανόνες ἴδιοι, ἱστορίας δὲ ἄλλοι• ἐκεῖ μὲν γὰρ ἀκρατὴς ἡ ἐλευθερία καὶ νόμος εἷς. Τὸ δόξαν τῷ ποιητῇ• ἔνθεος γὰρ καὶ κάτοχος ἐκ Μουσῶν, κἂν ἵππων ὑποπτέρων ἅρμα ζεύξασθαι ἐθέλῃ, (10) κἂν ἐφ᾽ ὕδατος ἄλλους ἢ ἐπ᾽ ἀνθερίκων ἄκρων θευσομένους ἀναβιβάσηται, φθόνος οὐδείς, οὐδὲ ὁπόταν ὁ Ζεὺς αὐτῶν ἀπὸ μιᾶς σειρᾶς ἀνασπάσας αἰωρῇ ὁμοῦ γῆν καὶ θάλατταν, δεδίασι μὴ ἀπορραγείσης ἐκείνης συντριβῇ τὰ πάντα κατενεχθέντα• ἀλλὰ κἂν Ἀγαμέμνονα ἐπαινέσαι θέλωσιν, οὐδεὶς ὁ κωλύσων Διὶ μὲν αὐτὸν ὅμοιον εἶναι τὴν κεφαλὴν καὶ τὰ ὄμματα, τὸ στέρνον δὲ τῷ ἀδελφω αὐτοῦ τῷ Ποσειδῶνι, τὴν δὲ ζώνην τῷ Ἄρει, καὶ ὅλως σύνθετον ἐκ πάντων θεῶν γενέσθαι δεῖ τὸν Ἀτρέως καὶ Ἀερόπης• οὐ γὰρ ἱκανὸς ὁ Ζεὺς οὐδὲ ὁ Ποσειδῶν οὐδὲ ὁ Ἄρης μόνος ἕκαστος ἀναπληρῶσει τὸ κάλλος αὐτοῦ, ἡ ἱστορία δὲ ἤν τινα κολακείαν τοιαύτην προσλάβῃ, τί ἄλλο ἢ πεζή τις ποιητικὴ γίγνεται, τῆς μεγαλοφωνίας μὲν ἐκείνης ἐστερημένη, τὴν λοιπὴν δὲ τερατείαν γυμνὴν τῶν μέτρων καὶ δι᾽ αὐτὸ ἐπισημοτέραν ἐκφαίνουσα; (11) μέγα τοίνυν, μᾶλλον δὲ ὑπέρμεγα τοῦτο κακόν, εἰ μὴ εἰδείη τις χωρίζειν τὰ ἱστορίας καὶ τὰ ποιητικῆς, ἀλλ᾽ ἐπεισάγει τῇ ἱστορίᾳ τὰ τῆς ἑτέρας κομμώματα, τὸν μῦθον καὶ τὸ ἐγκώμιον καὶ τὰς ἐν τούτοις ὑπερβολάς, ὥσπερ ἂν εἴ τις ἀθλητην τῶν καρτερῶν τούτων καὶ κομιδῇ πρινίνων ἁλουργίσι περιβάλοι καὶ τῷ ἄλλῳ κόσμῳ τῷ ἑταιρικῷ καὶ φυκίον ἐντρίβοι καὶ ψιμύθιον τῷ προσώπῳ, Ἡράκλεις ὡς καταγέλαστον αὐτὸν ἀπεργάσαιτο αἰσχύνας τῷ κόσμῳ ἐκείνῳ.

Traduction française :

[8] Nos auteurs semblent ignorer encore que la poésie et les poèmes ont d'autres règles, d'autres lois que celles de l'histoire. Là règne une liberté absolue : l'unique loi, c'est le caprice du poète ; il est dans l'enthousiasme ; les Muses le possèdent tout entier ; et, soit qu'il attelle des chevaux ailés à un char, soit qu'il en fasse voler d'autres à la surface des eaux ou sur la tête des épis, personne ne lui en veut. Quand leur Jupiter enlève la terre et la mer, suspendues à une seule chaîne, on ne craint pas qu'elle ne se brise et que l'univers ne soit écrasé par cette chute. Quand ils veulent louer Agamemnon, personne ne s'oppose à ce qu'ils lui donnent la tête et les yeux de Jupiter, la poitrine du frère du souverain des dieux, Neptune, et la ceinture de Mars. Il faut absolument que le fils d'Atrée et d'Aéropé soit un composé de tous ces dieux, puisque ni Jupiter, ni Neptune, ni Mars ne peut répondre isolément à l'idée qu'on a de sa beauté. Mais si l'histoire admettait pareille flatterie, que serait-elle, sinon une poésie en prose, dépouillée de la magnificence de son style, et laissant apercevoir toutes les fictions dont le mètre poétique ne cache plus la nudité ? C'est donc un grand, un énorme défaut, que de ne pas savoir séparer l'histoire de la poésie, et de donner à l'une les ornements qui ne conviennent qu'à l'autre, tels que la fable, la louange, et ce qu'il y a d'exagéré en elles. C'est comme si l'on revêtait d'habits de pourpre un de ces robustes athlètes, aussi durs qu'un chêne, et qu'on lui mît sur le corps toute une parure de courtisan, avec de la céruse et du vermillon au visage. Par Hercule ! combien on le rendrait risible ! Combien on l'enlaidirait par cette parure même !





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Dernière mise à jour : 15/07/2005