HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

LUCIEN, Comment faut-il écrire l'histoire?



Texte grec :

[51] Μάλιστα δὲ κατόπτρῳ ἐοικυῖαν παρασχέσθω τὴν γνώμην ἀθόλῳ καὶ στιλπνῷ καὶ ἀκριβεῖ τὸ κέντρον, καὶ ὁποίας ἂν δέξηται τὰς μορφὰς τῶν ἔργων, (62) τοιαῦτα καὶ δεικνύτω αὐτά, διάστροφον δὲ παράχρουν ἑτερόσχημον μηδέν• οὐ γὰρ ὥσπερ τοῖς ῥήτορσι γράφουσιν, ἀλλὰ τὰ μὲν λεχθησόμενα ἔστι καὶ εἰρήσεται• πέπρακται γὰρ ἤδη• δεῖ δὲ τάξαι καὶ εἰπεῖν αὐτά. Ὥστε οὐ τί εἴπωσι ζητητέον αὐτοῖς, ἀλλ᾽ ὅπως εἴπωσιν. Ὅλως δὲ νομιστέον τὸν ἱστορίαν συγγράφοντα Φειδίᾳ χρῆναι Πραξιτέλει ἐοικέναι Ἀλκαμένει τῷ ἄλλῳ ἐκείνων. Οὐδὲ γὰρ οὐδ᾽ ἐκεῖνοι χρυσὸν ἄργυρον ἐλέφαντα τὴν ἄλλην ὕλην ἐποίουν, ἀλλ᾽ ἡ μὲν ὑπῆρχε καὶ προϋπεβέβλητο, Ἠλείων Ἀθηναίων Ἀργείων πεπορισμένων, οἱ δὲ ἔπλαττον μόνον καὶ ἔπριον τὸν ἐλέφαντα καὶ ἔξεον καὶ ἐκόλλων καὶ ἐρρύθμιζον καὶ ἐπήνθιζον τῷ χρυσῷ, καὶ τοῦτο ἦν ἡ τέχνη αὐτοῖς ἐς δέον οἰκονομήσασθαι τὴν ὕλην. Τοιοῦτο δή τι καὶ τὸ τοῦ συγγραφέως ἔργον, εἰς καλὸν διαθέσθαι τὰ πεπραγμένα (63) καὶ εἰς δύναμιν ἐναργέστατα ἐπιδεῖξαι αὐτά. Καὶ ὅταν τις ἀκροώμενος οἴηται μετὰ ταῦτα ὁρᾶν τὰ λεγόμενα καὶ μετὰ τοῦτο ἐπαινῇ, τότε δὴ τότε ἀπηκρίβωται καὶ τὸν οἰκεῖον ἔπαινον ἀπείληφε τὸ ἔργον τῷ τῆς ἱστορίας Φειδίᾳ.

Traduction française :

[51] Mais surtout qu'il rende son jugement semblable à un miroir, brillant, sans tache, et d'un centre parfait. Qu'il reproduise la forme des faits, tels qu'il les a réfléchis, sans les renverser, sans leur prêter des couleurs ou des figures étrangères. L'historien, en effet, ne compose pas comme un rhéteur. Il a devant lui le fond de son discours et il n'a qu'à l'exprimer, puisque ce sont des faits accomplis. Son devoir est de les mettre en ordre et de les raconter. Par conséquent, il n'a point à chercher ce qu'il doit dire, mais comment il doit l'énoncer. En somme, il faut croire qu'un historien ressemble à Phidias, à Praxitèle, à Alcamène ou à quelque autre de ces artistes. Aucun d'eux n'a fabriqué l'or, l'argent, l'ivoire ou les autres matières dont ils se sont servis. Ils les avaient sous la main, elles leur venaient d'Élée, d'Athènes ou d'Argos, ils ne leur ont donné que la forme. Ils ont scié l'ivoire, l'ont poli, collé, ajusté et rehaussé d'or. Ce fut un effet de leur art de disposer la matière comme il convenait. C'est aussi le travail de l'historien de donner aux faits une belle ordonnance, et de les produire sous leur jour le plus brillant. Alors, quand celui qui les entend s'imagine les avoir vus, et fait ensuite l'éloge de l'ouvrage, on peut dire qu'il est de main de maître, et qu'il mérite la louange accordée au Phidias de l'Histoire.





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Dernière mise à jour : 15/07/2005