Texte grec : 
  
 
  
   | [45] Καὶ ἡ μὲν γνώμη κοινωνείτω καὶ προσαπτέσθω τι καὶ ποιητικῆς, 
 παρ᾽ ὅσον μεγαληγόρος καὶ διηρμένη καὶ ἐκείνη, καὶ μάλισθ᾽ ὁπόταν 
 παρατάξεσι καὶ μάχαις καὶ ναυμαχίαις συμπλέκηται• δεήσει γὰρ τότε ποιητικοῦ τινος 
 ἀνέμου ἐπουριάσοντος τὰ ἀκάτια καὶ συνδιοίσοντος ὑψηλὴν καὶ ἐπ᾽ ἄκρων τῶν 
 κυμάτων τὴν ναῦν. (58) Ἡ λέξις δὲ ὅμως ἐπὶ γῆς βεβηκέτω, τῷ μὲν κάλλει καὶ τῷ 
 μεγέθει τῶν λεγομένων συνεπαιρομένη καὶ ὡς ἔνι μάλιστα ὁμοιουμένη, ξενίζουσα δὲ 
 μηδ᾽ ὑπὲρ τὸν καιρὸν ἐνθουσιῶσα• κίνδυνος γὰρ αὐτῇ τότε μέγιστος παρακινῆσαι καὶ 
 κατενεχθῆναι ἐς τὸν τῆς ποιητικῆς κορύβαντα, ὥστε μάλιστα πειστέον τηνικαῦτα τῷ 
 χαλινῷ καὶ σωφρονητέον, εἰδότας ὡς ἱπποτυφία τις καὶ ἐν λόγοις πάθος οὐ μικρὸν 
 γίγνεται. Ἄμεινον οὖν ἐφ᾽ ἵππου ὀχουμένῃ τότε τῇ γνῶμῃ τὴν ἑρμηνειαν πεζῇ 
 συμπαραθεῖν, ἐχομένην τοῦ ἐφιππίου, ὡς μὴ ἀπολείποιτο τῆς φορᾶς. 
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      Traduction française : 
  
  
  
       
  | [45] Que la pensée de l'historien participe quelquefois de la 
poésie, qu'elle se rapproche de ce que celle-ci a de magnifique 
et d'élevé, surtout lorsqu'il se trouve engagé dans les 
descriptions d'armées rangées en bataille, de combats sur terre 
ou sur mer. Il faut alors qu'un souffle poétique enfle les voiles 
de son navire, et le fasse glisser à la surface des flots. 
Seulement, son style ne doit pas quitter la terre. Il peut 
s'élever à la beauté et à la grandeur du sujet, et l'égaler autant 
qu'il est permis, mais sans sortir de son caractère, sans se jeter 
dans un enthousiasme hors de saison. Il courrait alors grand 
risque de perdre la raison et d'être emporté jusqu'à la fureur 
poétique des Corybantes. Pour éviter ce danger, il faut obéir 
au frein, il faut savoir être sobre, et se rappeler que la fougue 
est aussi bien la maladie du style que celle des chevaux. Il 
vaudra donc mieux que l'expression suive à pied la pensée à 
cheval et se tienne à la selle, que d'être laissée en arrière dans 
la rapidité de la course.
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