Texte grec :
[29] Ἄλλος, ὦ Φίλων, μάλα καὶ οὗτος γελοῖος, οὐδὲ τὸν ἕτερον πόδα ἐκ Κορίνθου πώποτε
προβεβηκὼς οὐδ᾽ ἄχρι Κεγχρεῶν ἀποδημήσας, οὔτι γε Συρίαν ἢ Ἀρμενίαν ἰδών, ὧδε
ἤρξατο — μέμνημαι γάρ — «Ὦτα ὀφθαλμῶν ἀπιστότερα. (39) Γράφω τοίνυν ἃ εἶδον,
οὐχ ἃ ἤκουσα.» Καὶ οὕτως ἀκριβῶς ἅπαντα ἑωράκει, ὥστε τοὺς δράκοντας ἔφη τῶν
Παρθυαίων — σημεῖον δὲ πλήθους τοῦτο αὐτοῖς• χιλίους γὰρ οἶμαι ὁ δράκων ἄγει —
ζῶντας δράκοντας παμμεγέθεις εἶναι γεννωμένους ἐν τῇ Περσίδι μικρὸν ὑπὲρ τὴν
Ἰβηρίαν, τούτους δὲ τέως μὲν ἐπὶ κοντῶν μεγάλων ἐκδεδεμένους ὑψηλοὺς αἰωρεῖσθαι
καὶ πόρρωθεν ἐπελαυνόντων δέος ἐμποιεῖν, ἐν αὐτῷ δὲ τῷ ἔργῳ ἐπειδὰν ὁμοῦ ἴωσι,
λύσαντες αὐτοὺς ἐπαφιᾶσι τοῖς πολεμίοις• ἀμέλει πολλοὺς τῶν ἡμετέρων οὕτω
καταποθῆναι καὶ ἄλλους περισπειραθέντων αὐτοῖς, ἀποπνιγῆναι καὶ συγκλασθῆναι•
(40) ταῦτα δὲ ἐφεστὼς ὁρᾶν αὐτός, ἐν ἀσφαλεῖ μέντοι ἀπὸ δένδρου ὑψηλοῦ
ποιούμενος τὴν σκοπήν. Καὶ εὖ γε ἐποίησε μὴ ὁμόσε χωρήσας τοῖς θηρίοις, ἐπεὶ οὐκ
ἂν ἡμεῖς οὕτω θαυμαστὸν συγγραφέα νῦν εἴχομεν καὶ ἀπὸ χειρὸς αὐτὸν μεγάλα καὶ
λαμπρὰ ἐν τῷ πολέμῳ τούτῳ ἐργασάμενον• καὶ γὰρ ἐκινδύνευσε πολλὰ καὶ ἐτρώθη
περὶ Σοῦραν, ἀπὸ τοῦ Κρανείου δῆλον ὅτι βαδίζων ἐπὶ τὴν Λέρναν. Καὶ ταῦτα
Κορινθίων ἀκουόντων ἀνεγίγνωσκε τῶν ἀκριβῶς εἰδότων, ὅτι μηδὲ κατὰ τοίχου
γεγραμμένον πόλεμον ἑωράκει. Ἀλλ᾽ οὐδὲ ὅπλα ἐκεῖνός γε ᾔδει οὐδὲ μηχανήματα οἷα
ἐστιν οὐδὲ τάξεων ἢ καταλοχισμῶν ὀνόματα• πάνυ γοῦν ἔμελεν αὐτῷ πλαγίαν μὲν
τὴν φάλαγγα, ἐπὶ κέρως δὲ λέγειν τὸ ἐπὶ μετώπου ἄγειν.
|
|
Traduction française :
[29] Un autre historien, mon cher Philon, personnage tout aussi
ridicule, n'ayant jamais mis le pied hors de Corinthe et n'ayant
pas été jusqu'à Cenchrées, loin d'avoir vu la Syrie et
l'Arménie, commence de la sorte, si j'ai bonne mémoire : "Les
yeux sont de plus sûrs témoins que les oreilles ; j'écris donc ce
que j'ai vu, et non point ce que j'ai entendu dire." Et il a si bien
vu ce qu'il raconte, qu'à l'occasion des dragons des Parthes,
étendards qui, chez eux, guident les corps de troupes, chaque
dragon, je crois, servant de guide à mille hommes, il dit que
ces dragons sont des serpents vivants d'une grosseur
monstrueuse, qui naissent en Perse, un peu au-dessus de
l'Ibérie. Quand on se met en marche, on les tient attachés à de
grandes piques et élevés en l'air, afin d'effrayer de loin les
ennemis, mais dans la mêlée même, quand on s'aborde, on les
détache et on les lance sur eux. C'est ainsi que beaucoup de
Romains ont été dévorés, d'autres étouffés, broyés sous les
noeuds de ces dragons. Il a vu tout cela de près, quoique en
sûreté, du haut d'un arbre où il s'était placé en observation. Il
a bien fait de ne pas attaquer de front de pareilles bêtes, nous
serions privés aujourd'hui d'un historien si admirable, qui lui-
même a fait durant cette guerre plusieurs exploits brillants et
héroïques. Il a, en effet, couru beaucoup de dangers, et il a été
blessé auprès de Sur, probablement dans un voyage de
Cranium à Lerne. Et cependant il a lu tout cela aux
Corinthiens, qui savaient fort bien qu'il n'avait jamais vu de
guerre, même en peinture. Aussi ne connaît-il ni les armes, ni
les machines, ni les évolutions d'armées, ni les ordres de
bataille. Il appelle oblique la phalange droite, et dit marcher
contre l'aile, au lieu de marcher contre le front.
|
|