HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

LUCIEN, Comment faut-il écrire l'histoire?

ἐρεῖν



Texte grec :

[15] Οὗτος μὲν τοιαῦτα, ἕτερος δὲ Θουκυδίδου ζηλωτὴς ἄκρος, οἷος εὖ μάλα τῷ ἀρχετύπω εἰκασμένος, καὶ τὴν ἀρχὴν ὡς ἐκεῖνος σὺν τῷ ἑαυτοῦ ὀνόματι ἤρξατο, χαριεστάτην ἀρχῶν ἁπασῶν καὶ θύμου τοῦ Ἀττικοῦ ἀποπνέουσαν. Ὅρα γάρ• «Κρεπέρῃος Καλπουρνιανὸς Πομπηϊουπολίτης συνέγραψε τὸν πόλεμον τῶν Παρθυαίων καὶ Ῥωμαίων, ὡς ἐπολέμησαν πρὸς ἀλλήλους, (22) ἀρξάμενος εὐθὺς ξυνισταμένου.» Ὥστε μετά γε τοιαύτην ἀρχὴν τί ἄν σοι τὰ λοιπὰ λέγοιμι, ὁποῖα ἐν Ἀρμενία ἐδημηγόρησε τὸν Κερκυραῖον αὐτὸν ῥήτορα παραστησάμενος, ἢ οἷον Νισιβηνοῖς λοιμὸν τοῖς μὴ τὰ Ῥωμαίων αἱρουμένοις ἐπήγαγε παρὰ Θουκυδίδου χρησάμενος ὅλον ἄρδην πλὴν μόνου τοῦ Πελασγικοῦ καὶ τῶν τειχῶν τῶν μακρῶν, ἐν οἷς οἱ τότε λοιμώξαντες ᾤκησαν; τὰ δ᾽ ἄλλα καὶ ἀπὸ Αἰθιοπίας ἤρξατο, ὥστε καὶ ἐς Αἴγυπτον κατέβη καὶ ἐς τὴν βασιλέως γῆν τὴν πολλήν, καὶ ἐν ἐκείνῃ γε ἔμεινεν εὖ ποιῶν. Ἐγὼ γοῦν θάπτοντα ἔτι αὐτὸν καταλιπὼν τοὺς ἀθλίους Ἀθηναίους ἐν Νισίβι ἀπῆλθον ἀκριβῶς εἰδὼς καὶ ὅσα ἀπελθόντος ἐρεῖν ἔμελλε. (23) Καὶ γὰρ αὖ καὶ τοῦτο ἐπιεικῶς πολὺ νῦν ἐστι, τὸ οἴεσθαι τοῦτ᾽ εἶναι τοῖς Θουκυδίδου ἐοικότα λέγειν, εἰ ὀλίγον ἐντρέψας τὰ αὐτοῦ ἐκείνου λέγοι τις, μικρὰ ῥάκια, ὅπως καὶ αὐτὸς ἂν φαίης, οὐ δι᾽ αὐτήν, νὴ Δία κἀκεῖνο ὀλίγου δεῖν παρέλιπον• ὁ γὰρ αὐτὸς οὗτος συγγραφεὺς πολλὰ καὶ τῶν ὅπλων καὶ τῶν μηχανημάτων, ὡς Ρωμαῖοι αὐτὰ ὀνομάζουσιν, οὕτως ἀνέγραψε, καὶ τάφρον ὡς ἐκεῖνοι καὶ γέφυραν καὶ τὰ τοιαῦτα, καί μοι ἐννόησαν ἡλίκον τὸ ἀξίωμα τῆς ἱστορίας καὶ ὡς Θουκυδίδῃ πρέπον, μεταξὺ τῶν Ἀττικῶν ὀνομάτων τὰ Ἰταλιωτικὰ ταῦτα ἐγκεῖσθαι, ὥσπερ τὴν πορφύραν ἐπικοσμοῦντα καὶ ἐμπρέποντα καὶ πάντως συνᾴδοντα.

Traduction française :

[15] C'est ainsi qu'il s'exprime. Un autre, grand imitateur de Thucydide, voulant faire voir qu'il s'est formé sur cet excellent modèle, commence, comme lui, par se nommer en tête de son ouvrage, exorde délicieux et tout parfumé de thym attique. Écoute : "Crépéreius Calpurnianus, de Pompéia, a écrit la guerre des Parthes et des Romains, telle qu'elle a eu lieu dans tous ses détails et en commençant dès les premières hostilités." Après un pareil début, ai-je besoin de te parler du reste, et de te dire que, lorsqu'il fait prononcer une harangue en Arménie, il nous reproduit l'orateur des Corcyréens, qu'envoyant une peste aux Nisibéniens pour n'avoir pas suivi le parti des Romains, il copie mot à mot Thucydide, excepté le Pélasgique et les Longs-Murs, où habitaient ceux qui étaient atteints du fléau ? Du reste, il dit à propos de la peste : "Elle commença par l'Éthiopie, descendit en Égypte, et gagna la plus grande partie de la domination du grand roi", et puis il s'arrête là, et il a raison. Pour moi, je le laissai enterrer les malheureux Athéniens à Nisibe, et je me retirai, sachant d'avance tout ce qu'il allait dire après mon départ. Rien, d'ailleurs, n'est plus commun de nos jours, que de voir des auteurs qui croient imiter Thucydide, lorsqu'ils emploient avec quelques légers changements les expressions mêmes et les petites phrases de cet historien. Par exemple : "Vous conviendrez vous-mêmes» ou bien : "Ce n'est pas pour cette raison, par Jupiter !" ou enfin : "J'étais sur le point d'omettre ceci." L'historien dont je parlais tout à l'heure adopte pour les armes et pour les machines de guerre les mêmes noms que les Romains. Il dit, comme eux, un fossé, un pont, et autres mots de ce genre. Figure-toi jusqu'à quel point il est digne de l'histoire et convenable au style de Thucydide d'intercaler ainsi des mots italiens au milieu d'expressions attiques, comme si c'était une parure de pourpre propre à l'embellir, à lui prêter des grâces, et qui s'y ajuste sans peine.





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Dernière mise à jour : 15/07/2005