Texte grec :
[79] Ἀλλὰ μὴν οὐδ´ ἐκεῖνό πω κατανενόηκας οἶμαι
ὡς ἡ μὲν ἀρετὴ ἐν ἔργοις δήπου ἐστίν, οἷον ἐν τῷ
δίκαια πράττειν καὶ σοφὰ καὶ ἀνδρεῖα, ὑμεῖς δὲ
(τὸ δὲ ὑμεῖς ὅταν εἴπω, τοὺς ἄκρους τῶν φιλοσοφούντων
φημί) ἀφέντες ταῦτα ζητεῖν καὶ ποιεῖν
ῥημάτια δύστηνα μελετᾶτε καὶ συλλογισμοὺς καὶ
ἀπορίας καὶ τὸ πλεῖστον τοῦ βίου ἐπὶ τούτοις
διατρίβετε, καὶ ὃς ἂν κρατῇ ἐν αὐτοῖς καλλίνικος
ὑμῖν δοκεῖ. ἀφ´ ὧν οἶμαι καὶ τὸν διδάσκαλον
τουτονὶ θαυμάζετε γέροντα ἄνδρα, ὅτι τοὺς
προσομιλοῦντας ἐς ἀπορίαν καθίστησιν καὶ οἶδεν
ὡς χρὴ ἐρέσθαι καὶ σοφίσασθαι καὶ πανουργῆσαι
καὶ ἐς ἄφυκτα ἐμβαλεῖν, καὶ τὸν καρπὸν ἀτεχνῶς
ἀφέντες—οὗτος δὲ ἦν περὶ τὰ ἔργα—περὶ τὸν
φλοιὸν ἀσχολεῖσθε τὰ φύλλα καταχέοντες ἀλλήλων
ἐν ταῖς ὁμιλίαις. ἢ γὰρ ἄλλα ἐστὶν ἃ πράττετε, ὦ
Ἑρμότιμε, πάντες ἕωθεν εἰς ἑσπέραν;
(ΕΡΜΟΤΙΜΟΣ)
Οὔκ, ἀλλὰ ταῦτα.
(ΛΥΚΙΝΟΣ)
Ἢ οὖν οὐχὶ καὶ ὀρθῶς τις φαίη τὴν σκιὰν ὑμᾶς
θηρεύειν ἐάσαντας τὸ σῶμα ἢ τοῦ ὄφεως τὸ σύφαρ
ἀμελήσαντας τοῦ ὁλκοῦ; μᾶλλον δὲ τὸ ὅμοιον
ποιεῖν ὥσπερ εἴ τις ἐς ὅλμον ὕδωρ ἐκχέας ὑπέρῳ
σιδηρῷ πτίττοι πράττειν ἀναγκαῖόν τι καὶ
προὔργου οἰόμενος, οὐκ εἰδὼς ὅτι ἂν ἀποβάλῃ
φασὶ τοὺς ὤμους πτίττων, ὕδωρ ὁμοίως τὸ ὕδωρ μένει;
|
|
Traduction française :
[79] Évidemment, tu n'as jamais réfléchi, j'en suis sûr, que ta vertu
consiste principalement dans les actes, dans la pratique de la justice,
de la sagesse, du courage. Vous, au contraire, et par vous j'entends
les chefs des sectes philosophiques, vous négligez cette recherche
pratique, pour vous exercer à de misérables jeux de mots, à des
syllogismes, à des questions embarrassantes, et vous employez à ces
puérilités la plus grande partie de votre vie. Celui qui s'y montre le plus
fort passe à vos yeux pour un illustre vainqueur, et c'est par là, je
pense, que vous admirez tant ce vieillard, votre maître. C'est parce
qu'il jette dans la perplexité ceux avec lesquels il converse, qu'il
connaît la manière dont il faut interroger, se servir à propos du
sophisme et de la ruse, et pousser son adversaire dans une voie sans
issue. Ainsi, vous négligez le fruit, enfermé dans la pratique, pour vous
amuser à l'écorce et, dans vos conférences, vous ne faites que vous
jeter des feuilles à la tête. N'est-ce point là, Hermotimus, ce que vous
faites tous, du matin au soir ?
HERMOTIMUS. Oui, j'en conviens.
LYCINUS. Ne pourrait-on pas dire avec justesse que vous laissez le
corps pour courir après l'ombre, que vous vous jetez sur la peau du
serpent, en négligeant le serpent même ? Ou plutôt vous faites comme
un homme qui, versant de l'eau dans un mortier, se mettrait à la piler
avec un pilon de fer, et s'imaginerait travailler à un ouvrage utile et
nécessaire, sans se douter qu'il a beau s'égruger, comme on dit, les
épaules, l'eau n'en demeure pas moins de l'eau.
|
|