Texte grec :
[70] (ΛΥΚΙΝΟΣ)
Ὅτι, ὦ ἑταῖρε, κἂν εὕρωμεν ὑπισχνούμενόν
τινα εἰδέναι τε ἀπόδειξιν καὶ ἄλλον διδάξειν, οὐκ
αὐτίκα, οἶμαι, πιστεύσομεν αὐτῷ, ἀλλά τινα
ζητήσομεν τὸν κρῖναι δυνάμενον, εἰ ἀληθῆ ὁ ἀνὴρ
λέγει. κἂν τούτου εὐπορήσωμεν, ἄδηλον ἔτι
ἡμῖν εἰ ὁ ἐπιγνώμων οὗτος οἶδε διαγιγνώσκειν τὸν
ὀρθῶς κρινοῦντα ἢ μή, καὶ ἐπ´ αὐτὸν αὖθις τοῦτον
ἄλλου ἐπιγνώμονος, οἶμαι, δεῖ. ἡμεῖς γὰρ πόθεν
ἂν εἰδείημεν διακρίνειν τὸν ἄριστα κρῖναι δυνάμενον;
ὁρᾷς ὅποι τοῦτο ἀποτείνεται καὶ ὡς ἀπέραντον
γίγνεται, στῆναί ποτε καὶ καταληφθῆναι
μὴ δυνάμενον; ἐπεὶ καὶ τὰς ἀποδείξεις αὐτάς,
ὁπόσας οἷόν τε εὑρίσκειν, ἀμφισβητουμένας ὄψει
καὶ μηδὲν ἐχούσας βέβαιον. αἱ γοῦν πλεῖσται
αὐτῶν δι´ ἄλλων ἀμφισβητουμένων πείθειν ἡμᾶς
βιάζονται εἰδέναι, αἱ δὲ τοῖς πάνυ προδήλοις τὰ
ἀφανέστατα συνάπτουσαι οὐδὲν αὐτοῖς κοινωνοῦντα
ἀποδείξεις ὅμως αὐτῶν εἶναι φάσκουσιν, ὥσπερ
εἴ τις οἴοιτο ἀποδείξειν εἶναι θεούς, διότι βωμοὶ
αὐτῶν ὄντες φαίνονται. ὥστε, ὦ Ἑρμότιμε, οὐκ
οἶδ´ ὅπως καθάπερ οἱ ἐν κύκλῳ θέοντες ἐπὶ τὴν
αὐτὴν ἀρχὴν καὶ ἀπορίαν ἐπανεληλύθαμεν.
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Traduction française :
[70] LYCINUS. Hélas ! mon cher, lors même que nous trouverions un
homme qui prétendrait posséder une méthode démonstrative et
l'enseigner aux autres, nous ne lui accorderions pas, je crois, sur-le-champ
notre confiance. Nous chercherions quelqu'un qui fût en état de
juger du savoir de cet homme et de connaître s'il dit la vérité. Et quand
nous trouverions facilement le second, il est encore fort incertain si
celui qui doit ainsi nous faire apprécier le mérite de l'autre est lui-même
en état de discerner ou non, un homme capable de juger avec
justesse, en sorte que nous aurions encore besoin, je pense, d'un
nouvel appréciateur de ce dernier. Comment, en effet, pourrions-nous
bien juger celui qui doit juger en dernier ressort. Vois-tu jusqu'où cela
s'étend et comme l'impossibilité de s'arrêter et de rien comprendre se
prolonge à l'infini ? En outre, tu verras aussi que toutes les
démonstrations qu'on pourrait trouver sont flottantes et n'ont rien de
solide. La plupart se fondent sur des points contestés pour vous forcer
à croire, d'autres rattachent à des propositions évidentes des raisons
obscures, qui n'ont aucun lien avec les premières, et ils appellent cela
des démonstrations. Par exemple, quand on croit démontrer qu'il y a
des dieux, parce que les dieux ont des autels. Ainsi, mon cher
Hermotimus, nous avons couru dans un cercle, et nous voilà revenus,
je ne sais comment, au point de départ et à notre première incertitude.
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