Texte grec :
[19] ἀλλ´ ὅρα μὴ καὶ ταῦτα, ὦ Ἑρμότιμε, παίζεις πρός με
πειρώμενος εἰ ἐξαπατώμενος συνίημι.
(ΕΡΜΟΤΙΜΟΣ)
Διὰ τί τοῦτ´ ἔφησθα;
(ΛΥΚΙΝΟΣ)
Ὅτι, ὦγαθέ, ἀνδριάντων ταύτην ἐξέτασιν λέγεις
τὴν ἀπὸ τῶν σχημάτων. παρὰ πολὺ γοῦν ἐκεῖνοι
εὐσχημονέστεροι καὶ τὰς ἀναβολὰς κοσμιώτεροι,
Φειδίου τινὸς ἢ Ἀλκαμένους ἢ Μύρωνος πρὸς τὸ
εὐμορφότατον εἰκάσαντος. εἰ δὲ καὶ ὅτι μάλιστα
χρὴ τεκμαίρεσθαι τοῖς τοιούτοις, τί ἂν πάθοι τις,
εἰ τυφλὸς ὢν ἐπιθυμοίη φιλοσοφεῖν; τῷ διαγνῷ
τὸν τὴν ἀμείνω προαίρεσιν προῃρημένον οὔτε
σχῆμα οὔτε βάδισμα ὁρᾶν δυνάμενος;
(ΕΡΜΟΤΙΜΟΣ)
Ἀλλ´ ἔμοιγε οὐ πρὸς τυφλοὺς ὁ λόγος, ὦ Λυκῖνε,
οὐδέ μοι μέλει τῶν τοιούτων.
(ΛΥΚΙΝΟΣ)
Ἐχρῆν μέν, ὦ χρηστέ, κοινόν τι τὸ γνώρισμα
εἶναι τῶν οὕτω μεγάλων καὶ ἅπασι χρησίμων.
πλὴν εἰ δοκεῖ, οἱ μὲν ἔξω ἡμῖν φιλοσοφίας μενέτωσαν
οἱ τυφλοί, ἐπείπερ μηδὲ ὁρῶσι—καίτοι
ἀναγκαῖον ἦν τοῖς τοιούτοις μάλιστα φιλοσοφεῖν
ὡς μὴ πάνυ ἄχθοιντο ἐπὶ τῇ συμφορᾷ. οἱ δὲ
δὴ βλέποντες κἂν πάνυ ὀξυδερκεῖς ὦσι τί ἂν
δύναιντο συνιδεῖν τῶν τῆς ψυχῆς ἀπό γε τῆς
ἔξωθεν ταύτης περιβολῆς;
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Traduction française :
[19] Fais attention, Hermotimus, que tu t'amuses encore de moi, en
essayant de voir si je m'aperçois que tu me trompes.
HERMOTIMUS. Pourquoi dis-tu cela ?
LYCINUS. Parce que, mon cher, la règle que tu me proposes, de juger
d'après l'extérieur, n'est applicable qu'à des statues. En effet, celles
dont l'attitude est la plus noble, la draperie la plus élégante, sont
l'oeuvre d'un Phidias, d'un Alcamène, d'un Myron, qui les ont
modelées sur les formes les plus parfaites, mais si, pour philosopher, il
faut des signes du même genre, que devra faite un aveugle qui voudra
devenir philosophe ? Par quel moyen reconnaîtra-t-il celui qui a choisi
la meilleure secte, lui qui ne peut voir ni l'habillement ni la démarche ?
HERMOTIMUS. Mais, mon cher Lycinus, je ne parle point des aveugles,
je n'en ai aucun souci.
LYCINUS. Il faut pourtant, mon cher, qu'il y ait un signe commun pour
des objets d'une si grande importance et d'une utilité si générale.
Toutefois, si tu le veux, mettons les aveugles hors de la philosophie,
puisqu'ils ne voient rien, quoiqu'il leur fût peut-être plus nécessaire
qu'à d'autres de philosopher, afin de ne pas être aussi attristés de leur
malheur. Mais comment ceux qui ont de bons yeux, et même une vue
perçante, pourront-ils voir d'après l'extérieur ce qui se passe dans l'âme !
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