HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

LUCIEN, Les dialogues des morts

μαλακίαν



Texte grec :

[19] ΣΙΜΥΛΟΥ ΚΑΙ ΠΟΛΥΣΤΡΑΤΟΥ
<1> ΣΙΜΥΛΟΣ
῞Ηκεις ποτέ͵ ὦ Πολύστρατε͵ καὶ σὺ παρ΄ ἡμᾶς ἔτη οἶμαι οὐ πολὺ
ἀποδέοντα τῶν ἑκατὸν βεβιωκώς;
ΠΟΛΥΣΤΡΑΤΟΣ
Ὀκτὼ ἐπὶ τοῖς ἐνενήκοντα͵ ὦ Σιμύλε.
ΣΙΜΥΛΟΣ
Πῶς δαὶ τὰ μετ΄ ἐμὲ ταῦτα ἐβίως τριάκοντα; ἐγὼ γὰρ ἀμφὶ τὰ
ἑβδομήκοντά σου ὄντος ἀπέθανον.
ΠΟΛΥΣΤΡΑΤΟΣ
Ὑπερήδιστα͵ εἰ καί σοι παράδοξον τοῦτο δόξει.
ΣΙΜΥΛΟΣ
Παράδοξον͵ εἰ γέρων τε καὶ ἀσθενὴς ἄτεκνός τε προσέτι ἥδεσθαι τοῖς
ἐν τῷ βίῳ ἐδύνασο.
ΠΟΛΥΣΤΡΑΤΟΣ
<2> Τὸ μὲν πρῶτον ἅπαντα ἐδυνάμην· ἔτι καὶ παῖδες ὡραῖοι ἦσαν
πολλοὶ καὶ γυναῖκες ἁβρόταται καὶ μύρα καὶ οἶνος ἀνθοσμίας καὶ
τράπεζα ὑπὲρ τὰς ἐν Σικελίᾳ.
ΣΙΜΥΛΟΣ
Καινὰ ταῦτα· ἐγὼ γάρ σε πάνυ φειδόμενον ἠπιστάμην.
ΠΟΛΥΣΤΡΑΤΟΣ
Ἀλλ΄ ἐπέρρει μοι͵ ὦ γενναῖε͵ παρὰ ἄλλων τὰ ἀγαθά· καὶ ἕωθεν μὲν
εὐθὺς ἐπὶ θύρας ἐφοίτων μάλα πολλοί͵ μετὰ δὲ παντοῖά μοι δῶρα
προσήγετο ἁπανταχόθεν τῆς γῆς τὰ κάλλιστα. ΣΙΜΥΛΟΣ Ἐτυράννησας͵
ὦ Πολύστρατε͵ μετ΄ ἐμέ;
ΠΟΛΥΣΤΡΑΤΟΣ
Οὔκ͵ ἀλλ΄ ἐραστὰς εἶχον μυρίους.
ΣΙΜΥΛΟΣ
Ἐγέλασα· ἐραστὰς σὺ τηλικοῦτος ὤν͵ ὀδόντας τέτταρας ἔχων;
ΠΟΛΥΣΤΡΑΤΟΣ
Νὴ Δία͵ τοὺς ἀρίστους γε τῶν ἐν τῇ πόλει· καὶ γέροντά με καὶ
φαλακρόν͵ ὡς ὁρᾷς͵ ὄντα καὶ λημῶντα προσέτι καὶ κορυζῶντα
ὑπερήδοντο θεραπεύοντες͵ καὶ μακάριος ἦν αὐτῶν ὅντινα ἂν καὶ μόνον
προσέβλεψα.
ΣΙΜΥΛΟΣ
Μῶν καὶ σύ τινα ὥσπερ ὁ Φάων τὴν Ἀφροδίτην ἐκ Χίου
διεπόρθμευσας͵ εἶτά σοι εὐξαμένῳ ἔδωκεν νέον εἶναι καὶ καλὸν ἐξ
ὑπαρχῆς καὶ ἀξιέραστον;
ΠΟΛΥΣΤΡΑΤΟΣ
Οὔκ͵ ἀλλὰ τοιοῦτος ὢν περιπόθητος ἦν.
ΣΙΜΥΛΟΣ
Αἰνίγματα λέγεις.
ΠΟΛΥΣΤΡΑΤΟΣ
<3> Καὶ μὴν πρόδηλός γε ὁ ἔρως οὑτοσὶ πολὺς ὢν ὁ περὶ τοὺς
ἀτέκνους καὶ πλουσίους γέροντας.
ΣΙΜΥΛΟΣ
Νῦν μανθάνω σου τὸ κάλλος͵ ὦ θαυμάσιε͵ ὅτι παρὰ τῆς χρυσῆς
Ἀφροδίτης ἦν.
ΠΟΛΥΣΤΡΑΤΟΣ
Ἀτάρ͵ ὦ Σιμύλε͵ οὐκ ὀλίγα τῶν ἐραστῶν ἀπολέλαυκα μονονουχὶ
προσκυνούμενος ὑπ΄ αὐτῶν· καὶ ἐθρυπτόμην δὲ πολλάκις καὶ ἀπέκλειον
αὐτῶν τινας ἐνίοτε͵ οἱ δὲ ἡμιλλῶντο καὶ ἀλλήλους ὑπερεβάλλοντο ἐν τῇ
περὶ ἐμὲ φιλοτιμίᾳ.
ΣΙΜΥΛΟΣ
Τέλος δ΄ οὖν πῶς ἐβουλεύσω περὶ τῶν κτημάτων;
ΠΟΛΥΣΤΡΑΤΟΣ
Εἰς τὸ φανερὸν μὲν ἕκαστον αὐτῶν κληρονόμον ἀπολιπεῖν ἔφασκον͵
ὁ δ΄ ἐπίστευέν τε ἂν καὶ κολακευτικώτερον παρεσκεύαζεν αὑτόν͵ ἄλλας
δὲ τὰς ἀληθεῖς διαθήκας ἐκείνας ἔχων κατέλιπον οἰμώζειν ἅπασι φράσας.
ΣΙΜΥΛΟΣ
<4> Τίνα δὲ αἱ τελευταῖαι τὸν κληρονόμον ἔσχον; ἦ πού τινα τῶν ἀπὸ
τοῦ γένους;
ΠΟΛΥΣΤΡΑΤΟΣ
Οὐ μὰ Δία͵ ἀλλὰ νεώνητόν τινα τῶν μειρακίων τῶν ὡραίων Φρύγα.
ΣΙΜΥΛΟΣ
Ἀμφὶ πόσα ἔτη͵ ὦ Πολύστρατε;
ΠΟΛΥΣΤΡΑΤΟΣ
Σχεδὸν ἀμφὶ τὰ εἴκοσι.
ΣΙΜΥΛΟΣ
῎Ηδη μανθάνω ἅτινά σοι ἐκεῖνος ἐχαρίζετο.
ΠΟΛΥΣΤΡΑΤΟΣ
Πλὴν ἀλλὰ πολὺ ἐκείνων ἀξιώτερος κληρονομεῖν͵ εἰ καὶ βάρβαρος ἦν
καὶ ὄλεθρος͵ ὃν ἤδη καὶ αὐτῶν οἱ ἄριστοι θεραπεύουσιν. ἐκεῖνος τοίνυν
ἐκληρονόμησέ μου καὶ νῦν ἐν τοῖς εὐπατρίδαις ἀριθμεῖται ὑπεξυρημένος
μὲν τὸ γένειον καὶ βαρβαρίζων͵ Κόδρου δὲ εὐγενέστερος καὶ Νιρέως
καλλίων καὶ Ὀδυσσέως συνετώτερος λεγόμενος εἶναι.
ΣΙΜΥΛΟΣ
Οὔ μοι μέλει· καὶ στρατηγησάτω τῆς Ἑλλάδος͵ εἰ δοκεῖ͵ ἐκεῖνοι δὲ μὴ
κληρονομείτωσαν μόνον.

Traduction française :

[19] SIMYLUS ET POLYSTRATE. 1. SIMYLUS. Te voilà donc arrivé aussi chez nous, Polystrate, après avoir vécu ; je crois, à peu prés une centaine d'années ! POLYSTRATE. Quatre-vingt-dix-huit ans, Simylus. SIMYLUS. Et comment as-tu passé les trente ans que tu as vécu après moi ? Tu avais, en effet, quelque soixante-dix ans, quand je suis mort. POLYSTRATE. Très agréablement : on dirait que cela te parait étrange. SIMYLUS. Fort étrange : comment vieux, malade et sans enfants, pouvais-tu encore mener joyeuse vie ? 2. POLYSTRATE. D'abord, j'avais un pouvoir sans limites ; puis autour de moi une foule de jolis garçons, de femmes charmantes, des parfums, des vins d'une odeur exquise, une table comme on n'en voit pas en Sicile. SIMYLUS. Voilà du nouveau : je t'avais toujours cru fort économe. POLYSTRATE. Oui ; mais, mon cher, tous ces biens m'arrivaient par les autres ; dès le matin une foule de complaisants assiégeaient mes portes ; puis il me venait les plus magnifiques présents de tous les points de la terre. SIMYLUS. Tu as donc été roi après ma mort, Polystrate ? POLYSTRATE. Non ; mais j'avais des millions d'adorateurs. SIMYLUS. Tu veux rire ? Des adorateurs, un homme de ton âge, avec tes quatre dents ? POLYSTRATE. Par Jupiter ! c'étaient les premiers de la ville : vieux, chauve, comme tu vois, l'œil chassieux ; la roupie au nez, j'étais pourtant l'objet de leur culte empressé, et celui-là s'estimait heureux qui obtenait un seul de mes regards. SIMYLUS. Aurais-tu donc, nouveau Phaon, passé Vénus de Chio à l'autre rive ? Et cette déesse aurait-elle accordé à tes vœux de redevenir un jeune homme, beau comme autrefois et tout aimable ? POLYSTRATE. Non ; mais tel que j'étais, j'étais l'objet de tous les vœux. SIMYLUS. Tu me proposes des énigmes. 3. POLYSTRATE. Rien cependant n'est plus commun que cette vive tendresse pour des vieillards riches et sans enfants. SIMYLUS. Ah ! je comprends à présent : ta beauté, homme étonnant, venait d'une Vénus d'or. POLYSTRATE. Quoi qu'il en soit, Simylus, je me suis bien amusé de tous ces adorateurs pour lesquels j'étais comme un dieu ; souvent je les malmenais, j'en faisais mettre à la porte ; tous alors se disputaient à qui se surpasserait en égards pour moi. SIMYLUS. Mais à la fin quel parti as-tu pris au sujet de tes biens ? POLYSTRATE. Je disais publiquement à chacun d'eux que je lui laissais mon héritage ; il le croyait, et se montrait encore plus flatteur ; mais j'ai laissé un autre testament, un vrai que je gardais, et qui ne les a pas fait rire. 4. SIMYLUS. Et quel est celui que tes dernières dispositions font ton héritier ? Est-ce quelqu'un de ta famille ? POLYSTRATE. Non, par Jupiter ! c'est un jeune esclave phrygien, d'une beauté parfaite, et que j'avais acheté depuis peu. SIMYLUS. Quel âge a-t-il à peu près, Polystrate ? POLYSTRATE. Environ vingt ans. SIMYLUS. Je comprends maintenant comment il se rendait agréable. POLYSTRATE. Il méritait mieux que les autres d'être mon héritier, quoique étranger et perdu de débauche ; et voici déjà que les premiers citoyens lui font la cour. Ainsi, il m'a succédé en tout ; on le compte parmi les meilleures familles, malgré son menton rasé et son jargon barbare ; enfin, on le dit plus noble que Codrus, plus beau que Nirée et plus prudent qu'Ulysse. SIMYLUS. Peu m' importe : qu'on en fasse, si l'on veut, le généralissime de la Grèce, pourvu que les autres n'héritent pas !





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Dernière mise à jour : 28/09/2006