Texte grec :
[15] ΠΛΟΥΤΩΝΟΣ ΚΑΙ ΕΡΜΟΥ
<1> ΠΛΟΥΤΩΝ
Τὸν γέροντα οἶσθα͵ τὸν πάνυ γεγηρακότα λέγω͵ τὸν πλούσιον
Εὐκράτην͵ ᾧ παῖδες μὲν οὐκ εἰσίν͵ οἱ τὸν κλῆρον δὲ θηρῶντες
πεντακισμύριοι;
ΕΡΜΗΣ
Ναί͵ τὸν Σικυώνιον φῄς. τί οὖν;
ΠΛΟΥΤΩΝ
Ἐκεῖνον μέν͵ ὦ Ἑρμῆ͵ ζῆν ἔασον ἐπὶ τοῖς ἐνενήκοντα ἔτεσιν͵ ἃ
βεβίωκεν͵ ἐπιμετρήσας ἄλλα τοσαῦτα͵ εἴ γε οἷόν τε ἦν͵ καὶ ἔτι πλείω͵ τοὺς
δὲ κόλακας αὐτοῦ Χαρῖνον τὸν νέον καὶ Δάμωνα καὶ τοὺς ἄλλους
κατάσπασον ἐφεξῆς ἅπαντας.
ΕΡΜΗΣ
Ἄτοπον ἂν δόξειε τὸ τοιοῦτον.
ΠΛΟΥΤΩΝ
Οὐ μὲν οὖν͵ ἀλλὰ δικαιότατον· τί γὰρ ἐκεῖνοι παθόντες εὔχονται
ἀποθανεῖν ἐκεῖνον ἢ τῶν χρημάτων ἀντιποιοῦνται οὐδὲν προσήκοντες; ὃ
δὲ πάντων ἐστὶ μιαρώτατον͵ ὅτι καὶ τὰ τοιαῦτα εὐχόμενοι ὅμως
θεραπεύουσιν ἔν γε τῷ φανερῷ͵ καὶ νοσοῦντος ἃ μὲν βουλεύονται πᾶσι
πρόδηλα͵ θύσειν δὲ ὅμως ὑπισχνοῦνται͵ ἢν ῥαΐσῃ͵ καὶ ὅλως ποικίλη τις ἡ
κολακεία τῶν ἀνδρῶν. διὰ ταῦτα ὁ μὲν ἔστω ἀθάνατος͵ οἱ δὲ
προαπίτωσαν αὐτοῦ μάτην ἐπιχανόντες.
ΕΡΜΗΣ
<2> Γελοῖα πείσονται͵ πανοῦργοι ὄντες.
ΠΛΟΥΤΩΝ
Πολλὰ κἀκεῖνος εὖ μάλα διαβουκολεῖ αὐτοὺς καὶ ἐλπίζει͵ καὶ ὅλως
αἰεὶ θανέοντι ἐοικὼς ἔρρωται πολὺ μᾶλλον τῶν νέων. οἱ δὲ ἤδη τὸν
κλῆρον ἐν σφίσι διῃρημένοι βόσκονται ζωὴν μακαρίαν πρὸς ἑαυτοὺς
τιθέντες. Οὐκοῦν ὁ μὲν ἀποδυσάμενος τὸ γῆρας ὥσπερ Ἰόλεως
ἀνηβησάτω͵ οἱ δὲ ἀπὸ μέσων τῶν ἐλπίδων τὸν ὀνειροποληθέντα πλοῦτον
ἀπολιπόντες ἡκέτωσαν ἤδη κακοὶ κακῶς ἀποθανόντες.
ΕΡΜΗΣ
Ἀμέλησον͵ ὦ Πλούτων· μετελεύσομαι γάρ σοι ἤδη αὐτοὺς καθ΄ ἕνα
ἑξῆς· ἑπτὰ δέ͵ οἶμαι͵ εἰσί.
ΠΛΟΥΤΩΝ
Κατάσπα͵ ὁ δὲ παραπέμψει ἕκαστον ἀντὶ γέροντος αὖθις πρωθήβης
γενόμενος.
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Traduction française :
[15] PLUTON ET MERCURE.
1. PLUTON. Connais-tu ce vieillard, tout à fait vieux et
cassé, le riche Eucrate, qui n’a pas d’enfants, et dont
l’héritage est pourchassé par des gens qui sont bien cinquante mille ?
MERCURE. Oui, il est de Sicyone, n’est-ce pas ? Que veux-tu dire ?
PLUTON. Laisse-le vivre, Mercure, au delà de quatre-vingt-
dix ans qu’il a déjà vécu ; ajoutes-en même, sil se peut,
autant et plus encore ; mais tous ses flatteurs, et le jeune
Charinus, et Damon, et tous les autres, détache-les-moi ici
à la suite les uns des autres.
MERCURE. Cela paraîtra tout à fait étrange.
PLUTON. Non pas ; mais tout à fait juste. Et qui donc peut
leur faire souhaiter la mort de ce vieillard ? Pourquoi, sans
être ses parents, veulent-ils s’approprier ses biens ? Mais,
ce qu’il y a de plus infâme, c’est qu’en dépit de ces
souhaits, ils lui font la cour aux yeux de tous. Tombe-t-il
malade, leurs desseins secrets se révèlent à tout le monde,
malgré la promesse qu’ils font d’offrir des sacrifices, s’il
recouvre la santé ; enfin la flatterie de ces hommes sait
prendre mille formes : voilà pourquoi je désire qu’il soit
immortel, et que les autres s’en aillent avant lui, après
avoir tenu pour rien la bouche ouverte.
2. MERCURE. Il y aura de quoi rire à voir ces rusés
compères. Mais Eucrate ne les attrape déjà pas mal, en les
nourrissant d’espérances ; on croit toujours qu’il va mourir,
il se porte mieux qu’un jeune homme, et c’est en vain que
ses flatteurs se repaissent déjà de la succession, qu’ils se
partagent et rêvent pour eux une vie toute de bonheur.
PLUTON. Eh bien ! qu’il dépouille sa vieillesse, et que,
semblable à Iolas, il redevienne jeune, tandis que
ceux-ci, déçus dans leur espoir, abandonneront une
richesse qu'ils n'auront vue qu'en songe. Que ces
misérables viennent ici, emportés par une mort misérable !
MERCURE. Laisse-moi faire, Pluton ; avant peu je te les
enverrai tous, à la file ; ils sont sept, je crois.
PLUTON. Détache-les-moi Eucrate, de vieillard devenu
jeune homme, conduira chacun d'eux au tombeau.
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