Texte grec :
[14] ΕΡΜΟΥ ΚΑΙ ΧΑΡΩΝΟΣ
<1> ΕΡΜΗΣ
Λογισώμεθα͵ ὦ πορθμεῦ͵ εἰ δοκεῖ͵ ὁπόσα μοι ὀφείλεις ἤδη͵ ὅπως μὴ
αὖθις ἐρίζωμέν τι περὶ αὐτῶν.
ΧΑΡΩΝ
Λογισώμεθα͵ ὦ Ἑρμῆ· ἄμεινον γὰρ ὡρίσθαι καὶ ἀπραγμονέστερον.
ΕΡΜΗΣ
Ἄγκυραν ἐντειλαμένῳ ἐκόμισα πέντε δραχμῶν.
ΧΑΡΩΝ
Πολλοῦ λέγεις.
ΕΡΜΗΣ
Νὴ τὸν Ἀϊδωνέα͵ τῶν πέντε ὠνησάμην͵ καὶ τροπωτῆρα δύο ὀβολῶν.
ΧΑΡΩΝ
Τίθει πέντε δραχμὰς καὶ ὀβολοὺς δύο.
ΕΡΜΗΣ
Καὶ ἀκέστραν ὑπὲρ τοῦ ἱστίου· πέντε ὀβολοὺς ἐγὼ κατέβαλον.
ΧΑΡΩΝ
Καὶ τούτους προστίθει.
ΕΡΜΗΣ
Καὶ κηρὸν ὡς ἐπιπλάσαι τοῦ σκαφιδίου τὰ ἀνεῳγότα καὶ ἥλους δὲ καὶ
καλῴδιον͵ ἀφ΄ οὗ τὴν ὑπέραν ἐποίησας͵ δύο δραχμῶν ἅπαντα.
ΧΑΡΩΝ
Καὶ ἄξια ταῦτα ὠνήσω.
ΕΡΜΗΣ
Ταῦτά ἐστιν͵ εἰ μή τι ἄλλο ἡμᾶς διέλαθεν ἐν τῷ λογισμῷ. πότε δ΄ οὖν
ταῦτα ἀποδώσειν φῄς;
ΧΑΡΩΝ
Νῦν μέν͵ ὦ Ἑρμῆ͵ ἀδύνατον͵ ἢν δὲ λοιμός τις ἢ πόλεμος καταπέμψῃ
ἀθρόους τινάς͵ ἐνέσται τότε ἀποκερδᾶναι παραλογιζόμενον ἐν τῷ πλήθει
τὰ πορθμεῖα.
ΕΡΜΗΣ
<2> Νῦν οὖν ἐγὼ καθεδοῦμαι τὰ κάκιστα εὐχόμενος γενέσθαι͵ ὡς ἂν
ἀπὸ τούτων ἀπολάβοιμι;
ΧΑΡΩΝ
Οὐκ ἔστιν ἄλλως͵ ὦ Ἑρμῆ. νῦν δὲ ὀλίγοι͵ ὡς ὁρᾷς͵ ἀφικνοῦνται ἡμῖν·
εἰρήνη γάρ.
ΕΡΜΗΣ
Ἄμεινον οὕτως͵ εἰ καὶ ἡμῖν παρατείνοιτο ὑπὸ σοῦ τὸ ὄφλημα. πλὴν
ἀλλ΄ οἱ μὲν παλαιοί͵ ὦ Χάρων͵ οἶσθα οἷοι παρεγίγνοντο͵ ἀνδρεῖοι
ἅπαντες͵ αἵματος ἀνάπλεῳ καὶ τραυματίαι οἱ πολλοί· νῦν δὲ ἢ φαρμάκῳ
τις ὑπὸ τοῦ παιδὸς ἀποθανὼν ἢ ὑπὸ τῆς γυναικὸς ἢ ὑπὸ τρυφῆς ἐξῳδηκὼς
τὴν γαστέρα καὶ τὰ σκέλη͵ ὠχροὶ ἅπαντες καὶ ἀγεννεῖς͵ οὐδὲν ὅμοιοι
ἐκείνοις. οἱ δὲ πλεῖστοι αὐτῶν διὰ χρήματα ἥκουσιν ἐπιβουλεύοντες
ἀλλήλοις͵ ὡς ἐοίκασι.
ΧΑΡΩΝ
Πάνυ γὰρ περιπόθητά ἐστι ταῦτα.
ΕΡΜΗΣ
Οὐκοῦν οὐδ΄ ἐγὼ δόξαιμι ἂν ἁμαρτάνειν πικρῶς ἀπαιτῶν τὰ
ὀφειλόμενα παρὰ σοῦ.
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Traduction française :
[14] MERCURE ET CHARON.
MERCURE. Comptons, s'il te plaît, nocher, combien tu me
dois, afin d'éviter toute discussion à l'avenir.
CHARON. Très volontiers, Mercure ; aussi bien, c'est le
parti le meilleur et le plus sûr.
MERCURE. Je t'ai apporté, sur ta demande, une ancre : cinq drachmes.
CHARON. C'est bien cher.
MERCURE. Par Pluton, je l'ai payée cinq drachmes, plus une
courroie pour attacher la rame : deux oboles.
CHARON. Mets cinq drachmes, deux oboles.
MERCURE. Plus une aiguille pour coudre la voile ; déboursé :
cinq oboles.
CHARON. Ajoute cinq oboles.
MERCURE. Plus, de la cire pour boucher les trous de ta
barque ; des clous et un bout de corde dont tu as fait une
attache d'antenne : le tout deux drachmes.
CHARON. C'est bien, c'est le prix.
MERCURE. Voilà tout…à moins que je n'ai oublié quelque
chose dans mon calcul. Quand me rendras-tu cela ?
CHARON. Pour le moment, Mercure, c'est impossible. Mais
que la peste ou la guerre m'envoie du monde, et je pourrai
faire quelque argent, en augmentant en douce le prix du passage.
MERCURE. Je n'ai donc plus qu'à invoquer tranquillement
tous les fléaux possibles, pour être payé un jour ?
CHARON. Impossible autrement, Mercure, tu le vois bien
toi-même, il me vient bien peu de monde, car c'est la paix.
MERCURE. C'est mieux ainsi, même si je dois attendre
encore longtemps que tu paies ta dette. Mais, t'en
souviens-tu, Charon, ceux qui venaient autrefois étaient
tous d'un tempérament vigoureux et sanguin ; la plupart
couverts de blessures ; tandis qu'à présent c'est un homme
empoisonné par sa femme ; un autre dont la débauche a
fait enfler le ventre ou les jambes ; ils sont tous pâles et
débiles ; bien différents des autres. La plupart d'entre eux,
à ce qu'il paraît ne viennent ici qu'en se prenant aux pièges
qu'ils se dressent réciproquement pour se ravir leurs biens
les uns aux autres.
CHARON. C'est que l'argent est une chose très désirable.
MERCURE. Alors il paraît que je n'ai pas tort de me montrer
un peu pressant à réclamer mon dû.
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