Texte grec :
[18] καλέσας τοῦ νεηνίσκου τὸν πατέρα κάρτα ὀρρωδέοντα,
"Ἥδε ἡ νοῦσος," ἔφη, "ἣν ὁ παῖς ὅδε ἀρρωστέει, οὐ
νοῦσός ἐστιν, ἀλλὰ ἀδικίη· ὅδε γάρ τοι ἀλγέει
μὲν οὐδέν, ἔρως δέ μιν καὶ φρενοβλαβείη ἔχει.
ἐπιθυμέει δὲ τῶν οὐδαμὰ τεύξεται, φιλέων γυναῖκα
ἐμήν, τὴν ἐγὼ οὔτι μετήσομαι." ὁ μὲν
ὦν τοιάδε σοφίῃ ἐψεύδετο. ὁ δὲ αὐτίκα ἐλίσσετο,
"Πρός τε σοφίης καὶ ἰητρικῆς, μή μοι παῖδα
ὀλέσῃς· οὐ γὰρ ἐθέλων ταύτῃ συμφορῇ ἔσχετο,
ἀλλὰ οἱ ἡ νοῦσος ἀεκουσίη. τῷ σὺ μηδαμὰ
ζηλοτυπέων πένθος ἐγεῖραι πάσῃ βασιληίῃ μηδὲ
ἰητρὸς ἐὼν φόνον προξενέειν ἰητρικῇ." ὁ μὲν
ὧδε ἀγνὼς ἐὼν ἐδέετο. ὁ δέ μιν αὖτις ἀμείβετο,
"Ἀνόσια σπεύδεις γάμον ἐμὸν ἀπαιρεόμενος ἠδὲ
ἰητρὸν ἄνδρα βιώμενος. σὺ δὲ κῶς ἂν αὐτὸς
ἔπρηξας, εἴ τοι σὴν γυναῖκα ἐπόθεεν, ἐμεῦ τάδε
δεόμενος;" ὁ δὲ πρὸς τάδε ἔλεγεν ὡς οὐδ´ αὐτὸς
ἄν κοτε γυναικὸς ἐφείσατο οὐδὲ παιδὶ σωτηρίης
ἐφθόνεεν, εἰ καί τι μητρυιῆς ἐπεθύμεεν· οὐ γὰρ
ὁμοίην συμφορὴν ἔμμεναι γαμετὴν ἢ παῖδα ὀλέσαι.
ὡς δὲ τάδε ὁ ἰητρὸς ἤκουσεν, "Τί τοι," ἔφη, "ἐμὲ
λίσσεαι; καὶ γάρ τοι σὴν γυναῖκα ποθέει· τὰ δὲ
ἐγὼ ἔλεγον πάντα ἔην ψεύδεα." πείθεται μὲν
τουτέοισι, καὶ τῷ μὲν παιδὶ λείπει καὶ γυναῖκα καὶ
βασιληίην, αὐτὸς δὲ ἐς τὴν Βαβυλωνίην χώρην
ἀπίκετο καὶ πόλιν ἐπὶ τῷ Εὐφρήτῃ ἐπώνυμον
ἑωυτοῦ ἐποιήσατο, ἔνθα οἱ καὶ ἡ τελευτὴ ἐγένετο.
ὧδε μὲν ὁ ἰητρὸς ἔρωτα ἔγνω τε καὶ ἰήσατο.
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Traduction française :
[18] Il fait venir le père du jeune homme, vivement tourmenté pour son fils.
« Cette maladie, dit-il, n'est point une maladie, c'est un coupable désir. Votre fils ne
ressent aucune douleur, un fol amour s'est emparé de lui. Il veut avoir un objet qu'il
n'obtiendra pas : il est amoureux de ma femme, et certes je ne la lui céderai jamais.
» Ces paroles n'étaient qu'une ruse prudente. Le père le supplie : « Par votre
sagesse, par votre art médical s'écrie-t-il, ne laissez pas mourir mon fils ! C'est
malgré lui que cette passion est entrée dans son cur. Sa maladie est involontaire
; n'allez pas, par votre jalousie, plonger un royaume entier dans le deuil ; médecin,
ne laissez pas imputer cette mort à la médecine. »Ainsi suppliait-il, ignorant la ruse.
L'autre répond : « Ce que vous me demandez est injuste ; vous voulez m'enlever
ma femme et me faire violence à moi, votre médecin. Eh ! que feriez-vous donc si
ce jeune homme était amoureux de votre femme, vous qui me demandez ce
sacrifice ? » Le père l'assure qu'il ne consentirait jamais à conserver sa femme, s'il
fallait perdre son fils, celui-ci aimât-il sa belle-mère. La perte d'une épouse est-elle
comparable à celle d'un fils ? A peine le médecin a-t-il entendu ces mots :
« Pourquoi donc alors tant d'instances ? dit-il. C'est de votre femme que ce jeune
homme est amoureux. Ce que je vous disais n'était qu'une ruse. » Le roi se laisse
persuader à ce discours. Il cède à son fils sa femme et son empire, et se retire dans
la Babylonie où il fonde une ville de son nom sur le bord de l'Euphrate. Il y mourut.
C'est ainsi que le médecin devina et guérit l'amour du jeune prince.
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