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[28] Ὁ μὲν χῶρος αὐτός, ἐν τῷ τὸ ἱρὸν ἵδρυται,
λόφος ἐστίν, κέαται δὲ κατὰ μέσον μάλιστα τῆς
πόλιος, καί οἱ τείχεα δοιὰ περικέαται. τῶν δὲ
τειχέων τὸ μὲν ἀρχαῖον, τὸ δὲ οὐ πολλὸν ἡμέων
πρεσβύτερον. τὰ δὲ προπύλαια τοῦ ἱροῦ ἐς
ἄνεμον βορέην ἀποκέκρινται, μέγαθος ὅσον τε
ἑκατὸν ὀργυιέων. ἐν τούτοισι τοῖσι προπυλαίοισι
καὶ οἱ φαλλοὶ ἑστᾶσι τοὺς Διόνυσος ἐστήσατο,
ἡλικίην καὶ οἵδε τριηκοσίων ὀργυιέων. ἐς τουτέων
τὸν ἕνα φαλλὸν ἀνὴρ ἑκάστου ἔτεος δὶς ἀνέρχεται
οἰκέει τε ἐν ἄκρῳ τῷ φαλλῷ χρόνον ἑπτὰ ἡμερέων.
αἰτίη δέ οἱ τῆς ἀνόδου ἥδε λέγεται. οἱ μὲν
πολλοὶ νομίζουσιν ὅτι ὑψοῦ τοῖσι θεοῖσιν ὁμιλέει
καὶ ἀγαθὰ ξυναπάσῃ Συρίῃ αἰτέει, οἱ δὲ τῶν
εὐχωλέων ἀγχόθεν ἐπαΐουσιν. ἄλλοισιν δὲ δοκέει
καὶ τάδε Δευκαλίωνος εἵνεκα ποιέεσθαι, ἐκείνης
ξυμφορῆς μνήματα, ὁκότε οἱ ἄνθρωποι ἐς τὰ
οὔρεα καὶ ἐς τὰ περιμήκεα τῶν δενδρέων ᾖσαν
τὸ πολλὸν ὕδωρ ὀρρωδέοντες. ἐμοὶ μέν νυν καὶ
τάδε ἀπίθανα. δοκέω γε μὲν Διονύσῳ σφέας
καὶ τάδε ποιέειν, συμβάλλομαι δὲ τουτέοισι.
φαλλοὺς ὅσοι Διονύσῳ ἐγείρουσι, ἐν τοῖσι φαλλοῖσι
καὶ ἄνδρας ξυλίνους κατίζουσιν, ὅτευ μὲν
εἵνεκα ἐγὼ οὐκ ἐρέω. δοκέει δ´ ὦν μοι, καὶ ὅδε
ἐς ἐκείνου μίμησιν τοῦ ξυλίνου ἀνδρὸς ἀνέρχεται.
| [28] L’emplacement même où on l'a bâti est une colline ; il est situé tout à fait
au milieu de la ville, et environné de deux murailles. L'une de ces deux murailles
est ancienne, l'autre n'est pas de beaucoup antérieure à notre époque. Les
propylées sont du côté du vent Borée, sur une étendue d'environ cent brasses,
Sous ces propylées, sont placés des phallus érigés par Bacchus à une hauteur de
trente brasses. Sur l'un de ces phallus, un homme monte deux fois par an, et
demeure au haut du phallus pendant sept jours. La raison de cette ascension, la
voici : le peuple est persuadé que cet homme, de cet endroit élevé, converse avec
les dieux, leur demande la prospérité de toute la Syrie, et que ceux-ci entendent de
plus près sa prière. D'autres pensent que cela se pratique en l'honneur de
Deucalion, et comme souvenir de ce triste événement, lorsque les hommes fuyaient
sur les montagnes et montaient au haut des arbres par crainte de l'inondation. Mais
cela me parait peu croyable ; il me semble qu'ils agissent ainsi en l'honneur de
Bacchus. Voici sur quoi se fonde cette conjecture : tous ceux qui dressent des
phallus à Bacchus placent sur ces phallus mêmes des hommes de bois. Pourquoi ?
Je n'en sais rien. Aussi me semble-t-il que c'est pour imiter l'homme qui monte.
| [29] Ἡ δέ οἱ ἄνοδος τοιήδε· σειρῇ μικρῇ ἑωυτόν
τε ἅμα καὶ τὸν φαλλὸν περιβάλλει, μετὰ δὲ
ἐπιβαίνει ξύλων προσφυῶν τῷ φαλλῷ ὁκόσον
ἐς χώρην ἄκρου ποδός· ἀνιὼν δὲ ἅμα ἀναβάλλει
τὴν σειρὴν ἀμφοτέρωθεν ὅκωσπερ ἡνιοχέων. εἰ
δέ τις τόδε μὲν οὐκ ὄπωπεν, ὄπωπεν δὲ φοινικοβατέοντας
ἢ ἐν Ἀραβίῃ ἢ ἐν Αἰγύπτῳ ἢ ἄλλοθί
κου, οἶδε τὸ λέγω.
Ἐπεὰν δὲ ἐς τέλος ἵκηται τῆς ὁδοῦ, σειρὴν
ἑτέρην ἀφεὶς τὴν αὐτὸς ἔχει, μακρὴν ταύτην,
ἀνέλκει τῶν οἱ θυμός, ξύλα καὶ εἵματα καὶ σκεύεα,
ἀπὸ τῶν ἕδρην συνδέων ὁκοίην καλιὴν ἱζάνει,
μίμνει τε χρόνον τῶν εἶπον ἡμερέων. πολλοὶ
δὲ ἀπικνεόμενοι χρυσόν τε καὶ ἄργυρον, οἱ δὲ
χαλκόν, τὰ νομίζουσιν, ἐς ἐχῖνον πρόσθε κείμενον
κατιᾶσιν, λέγοντες τὰ οὐνόματα ἕκαστος.
παρεστεὼς δὲ ἄλλος ἄνω ἀγγέλλει· ὁ δὲ δεξάμενος
τοὔνομα εὐχωλὴν ἐς ἕκαστον ποιέεται, ἅμα
δὲ εὐχόμενος κροτέει ποίημα χάλκεον, τὸ ἀείδει
μέγα καὶ τρηχὺ κινεόμενον. εὕδει δὲ οὐδαμά·
ἢν γάρ μιν ὕπνος ἕλῃ ποτέ, σκορπίος ἀνιὼν
ἀνεγείρει τε καὶ ἀεικέα ἐργάζεται, καί οἱ ἥδε ἡ
ζημίη τοῦ ὕπνου ἐπικέαται. τὰ μὲν ὦν ἐς τὸν
σκορπίον μυθέονται ἱρά τε καὶ θεοπρεπέα· εἰ
δὲ ἀτρεκέα ἐστίν, οὐκ ἔχω ἐρέειν. δοκέει δέ μοι,
μέγα ἐς ἀγρυπνίην συμβάλλεται καὶ τῆς πτώσιος
ἡ ὀρρωδίη. Φαλλοβατέων μὲν δὴ πέρι τοσάδε ἀρκέει.
| [29] Or, voici comment il s'y prend. Il passe une grosse chaîne autour du
phallus et de son corps ; puis il monte au moyen de morceaux de bois qui font
saillie sur le phallus, et assez larges pour qu'il y pose le pied. A mesure qu'il
s'élève, il soulève la chaîne avec lui, comme les conducteurs de chars soulèvent
les rênes, Si l'on n'a jamais vu cela, il n'est pas qu'on n'ait vu monter à des
palmiers, soit en Arabie, soit en Égypte, ou ailleurs ; on comprend alors ce que je
veux dire. Parvenu au terme de sa route, notre homme lâche une autre chaîne qu'il
porte sur lui, et, par le moyen de cette chaîne qui est fort longue, il tire à lui tout ce
dont il a besoin : bois, vêtements, ustensiles ; il s'arrange avec tout cela une
demeure, une espèce de nid, s'y assied, et y séjourne le temps dont j'ai parlé. La
foule qui arrive lui apporte, les uns de l'or, les autres de l'argent, d'autres du cuivre ;
on dépose ces offrandes devant lui, et l'on se retire en disant chacun son nom. Un
autre prêtre est là debout, qui lui répète les noms, et, lorsqu'il les a entendus, il fait
une prière pour chacun. En priant, il frappe sur un instrument d'airain, qui rend un
son bruyant et criard. L'homme ne dort point. S'il se laissait aller au sommeil, on dit
qu'un scorpion monterait jusqu'à lui, et le réveillerait par une piqûre douloureuse.
Telle est la punition attachée à son sommeil. Ce qu'on dit là du scorpion est saint et
divin ; mais est-ce bien vrai ? je ne saurais l'affirmer. Il me semble qu'il y a de quoi
tenir un homme éveillé, quand on craint de tomber de si haut. En voilà assez sur les
gens qui grimpent aux phallus.
| [30] ὁ δὲ νηὸς ὁρέει μὲν ἐς ἠέλιον ἀνιόντα, εἶδος δὲ καὶ
ἐργασίην ἐστὶν ὁκοίους νηοὺς ἐν Ἰωνίῃ ποιέουσιν.
ἕδρη μεγάλη ἀνέχει ἐκ γῆς μέγαθος ὀργυιέων
δυοῖν, ἐπὶ τῆς ὁ νηὸς ἐπικέαται. ἄνοδος ἐς αὐτὸν
λίθου πεποίηται, οὐ κάρτα μακρή. ἀνελθόντι
δὲ θωῦμα μὲν καὶ ὁ πρόνηος μέγα παρέχεται
θύρῃσί τε ἤσκηται χρυσέῃσιν· ἔνδοθεν δὲ ὁ νηὸς
χρυσοῦ τε πολλοῦ ἀπολάμπεται καὶ ἡ ὀροφὴ
πᾶσα χρυσέη. ἀπόζει δὲ αὐτοῦ ὀδμὴ ἀμβροσίη
ὁκοίη λέγεται τῆς χώρης τῆς Ἀραβίης, καί
σοι τηλόθεν ἀνιόντι προσβάλλει πνοιὴν κάρτα
ἀγαθήν· καὶ ἢν αὖτις ἀπίῃς, οὐδαμὰ λείπεται,
ἀλλά σευ τά τε εἵματα ἐς πολλὸν ἔχει τὴν πνοιὴν
καὶ σὺ ἐς πάμπαν αὐτῆς μνήσεαι.
| [30] Le temple regarde le soleil levant. Pour la forme et la structure, il
ressemble aux temples construits en Ionie. Une base haute de deux brasses
s'élève de terre ; c'est sur cette base que le temple est assis. On y monte par un
escalier de pierre de peu de largeur. En entrant, on est saisi d'admiration à la vue
même du parvis : les portes en sont d'or ; à l'intérieur, l'or brille de toutes parts, il
éclate sur toute la voûte. On y sent une odeur suave, pareille à celle dont on dit que
l'Arabie est parfumée ; du plus loin qu'on arrive, on respire cette senteur délicieuse,
et quand on en sort, elle ne vous quitte pas, elle pénètre profondément les habits,
et vous en gardez toujours le souvenir.
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