HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

LUCIEN, Charon ou les contemplateurs

πατεῖν



Texte grec :

[7] (ΕΡΜΗΣ)
Ἔχ´ ἀτρέμα· καὶ τοῦτο γὰρ ἐγὼ ἰάσομαί σοι
καὶ ὀξυδερκέστατον ἐν βραχεῖ σε ἀποφανῶ παρ´
Ὁμήρου τινὰ καὶ πρὸς τοῦτο ἐπῳδὴν λαβών,
κἀπειδὰν εἴπω τὰ ἔπη, μέμνησο μηκέτι ἀμβλυώττειν,
ἀλλὰ σαφῶς πάντα ὁρᾶν.
(ΧΑΡΩΝ) Λέγε μόνον.
(ΕΡΜΗΣ)
Ἀχλὺν δ´ αὖ τοι ἀπ´ ὀφθαλμῶν ἕλον, ἣ πρὶν ἐπῆεν,
ὄφρ´ εὖ γινώσκοις ἠμὲν θεὸν ἠδὲ καὶ ἄνδρα.
τί ἐστιν; ἤδη ὁρᾷς;
(ΧΑΡΩΝ)
Ὑπερφυῶς γε· τυφλὸς ὁ Λυγκεὺς ἐκεῖνος ὡς
πρὸς ἐμέ· ὥστε σὺ τὸ ἐπὶ τούτῳ προσδίδασκέ
με καὶ ἀποκρίνου ἐρωτῶντι. ἀλλὰ βούλει κατὰ
τὸν Ὅμηρον κἀγὼ ἔρωμαί σε, ὡς μάθῃς οὐδ´
αὐτὸν ἀμελέτητον ὄντα με τῶν Ὁμήρου;
(ΕΡΜΗΣ)
Καὶ πόθεν σὺ ἔχεις τι τῶν ἐκείνου εἰδέναι,
ναύτης ἀεὶ καὶ πρόσκωπος ὤν;
(ΧΑΡΩΝ)
Ὁρᾷς, ὀνειδιστικὸν τοῦτο εἰς τὴν τέχνην. ἐγὼ
δὲ ὁπότε διεπόρθμευον αὐτὸν ἀποθανόντα, πολλὰ
ῥαψῳδοῦντος ἀκούσας ἐνίων ἔτι μέμνημαι· καίτοι
χειμὼν ἡμᾶς οὐ μικρὸς τότε κατελάμβανεν. ἐπεὶ
γὰρ ἤρξατο ᾄδειν οὐ πάνυ αἴσιόν τινα ᾠδὴν τοῖς
πλέουσιν, ὡς ὁ Ποσειδῶν συνήγαγε τὰς νεφέλας
καὶ ἐτάραξε τὸν πόντον ὥσπερ τορύνην τινὰ
ἐμβαλὼν τὴν τρίαιναν καὶ πάσας τὰς θυέλλας
ὠρόθυνε καὶ ἄλλα πολλά, κυκῶν τὴν θάλατταν
ὑπὸ τῶν ἐπῶν, χειμὼν ἄφνω καὶ γνόφος ἐμπεσὼν
ὀλίγου δεῖν περιέτρεψεν ἡμῖν τὴν ναῦν· ὅτε περ
καὶ ναυτιάσας ἐκεῖνος ἀπήμεσε τῶν ῥαψῳδιῶν
τὰς πολλὰς αὐτῇ Σκύλλῃ καὶ Χαρύβδει καὶ
Κύκλωπι. οὐ χαλεπὸν οὖν ἦν ἐκ τοσούτου ἐμέτου
ὀλίγα γοῦν διαφυλάττειν.

Traduction française :

[7] MERCURE. Ne bouge pas ; je vais te guérir les yeux, et te rendre sur-le-
champ la vue on ne peut plus perçante, en récitant une formule d'Homère.
Souviens-toi seulement, quand j'aurai récité les vers, de ne plus t'aviser de
mal voir. Songe à voir parfaitement tous les objets.
CHARON. Parle.
MERCURE.
J'ai dissipé la nuit qui te couvrait les yeux,
Et tu vas distinguer les hommes et les dieux.
CHARON. Qu'est ceci ?
MERCURE. Ny vois-tu pas parfaitement ?
CHARON. A merveille ! Lyncée lui-même était aveugle auprès de moi.
Maintenant, sers-moi de maître et réponds à mes questions. Mais veux-tu
que, pour te parler, j'use aussi des vers d'Homère. Tu verras que je ne suis
pas étranger à la poésie homérique.
MERCURE. Et où donc aurais-tu pu la connaître, un nocher, un rameur
comme toi ?
CHARON. Ne calomnie pas mon talent. Lorsque je passai Homère, après
sa mort, je l'entendis réciter bon nombre de ses rhapsodies, et j'en retins
quelques-unes. En ce moment même une violente tempête nous assaillit. Il
s'était mis apparemment à débiter un morceau peu favorable à la
navigation, car, tandis qu'il nous chante que Neptune a rassemblé les
nuages, troublé les ondes en y plongeant son trident comme une cuiller à
pot, soulevé tous les orages, et autres vers du même genre capables de
bouleverser la mer, un véritable ouragan, une obscurité soudaine fond sur
nous et fait presque chavirer notre barque. Notre poète lui-même, pris d'un
grand mal de coeur, se met à vomir toutes les rhapsodies qu'il a composées
sur Scylla, Charybde et le Cyclope.
MERCURE. Il n'est pas étonnant que tu aies retenu quelque chose d'un si
grand vomissement.





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Dernière mise à jour : 1/09/2005