HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

LUCIEN, Charon ou les contemplateurs

ἀρότρῳ



Texte grec :

[22] (ΧΑΡΩΝ)
Ἓν ἔτι ἐπόθουν, ὦ Ἑρμῆ, εἰδέναι, καί μοι δείξας
αὐτὸ ἐντελῆ ἔσῃ τὴν περιήγησιν πεποιημένος, τὰς
ἀποθήκας τῶν σωμάτων, ἵνα κατορύττουσι, θεάσασθαι.
(ΕΡΜΗΣ)
Ἠρία, ὦ Χάρων, καὶ τύμβους καὶ τάφους
καλοῦσι τὰ τοιαῦτα. πλὴν τὰ πρὸ τῶν πόλεων
ἐκεῖνα τὰ χώματα ὁρᾷς καὶ τὰς στήλας καὶ πυραμίδας;
ἐκεῖνα πάντα νεκροδοχεῖα καὶ σωματοφυλάκιά ἐστιν.
(ΧΑΡΩΝ)
Τί οὖν ἐκεῖνοι στεφανοῦσι τοὺς λίθους καὶ
χρίουσι μύρῳ; οἱ δὲ καὶ πυρὰν νήσαντες πρὸ τῶν
χωμάτων καὶ βόθρον τινὰ ὀρύξαντες καίουσί τε
ταυτὶ τὰ πολυτελῆ δεῖπνα καὶ εἰς τὰ ὀρύγματα
οἶνον καὶ μελίκρατον, ὡς γοῦν εἰκάσαι, ἐγχέουσιν;
(ΕΡΜΗΣ)
Οὐκ οἶδα, ὦ πορθμεῦ, τί ταῦτα πρὸς τοὺς ἐν
Ἅιδου· πεπιστεύκασι δ´ οὖν τὰς ψυχὰς ἀναπεμπομένας
κάτωθεν δειπνεῖν μὲν ὡς οἷόν τε περιπετομένας
τὴν κνῖσαν καὶ τὸν καπνόν, πίνειν δὲ
ἀπὸ τοῦ βόθρου τὸ μελίκρατον.
(ΧΑΡΩΝ)
Ἐκείνους ἔτι πίνειν ἢ ἐσθίειν, ὧν τὰ κρανία
ξηρότατα; καίτοι γελοῖός εἰμι σοὶ λέγων ταῦτα
ὁσημέραι κατάγοντι αὐτούς. οἶσθα οὖν εἰ δύναιντ´
ἂν ἔτι ἀνελθεῖν ἅπαξ ὑποχθόνιοι γενόμενοι. ἐπεί
τοι καὶ παγγέλοια ἄν, ὦ Ἑρμῆ, ἔπασχον, οὐκ
ὀλίγα πράγματα ἔχων, εἰ ἔδει μὴ κατάγειν μόνον
αὐτούς, ἀλλὰ καὶ αὖθις ἀνάγειν πιομένους. ὦ
μάταιοι, τῆς ἀνοίας, οὐκ εἰδότες ἡλίκοις ὅροις
διακέκριται τὰ νεκρῶν καὶ τὰ ζώντων πράγματα
"καὶ οἷα τὰ παρ´ ἡμῖν ἐστι καὶ ὅτι
κάτθαν´ ὁμῶς ὅ τ´ ἄτυμβος ἀνὴρ ὅς τ´ ἔλλαχε τύμβου,
ἐν δὲ ἰῇ τιμῇ Ἶρος κρείων τ´ Ἀγαμέμνων·
Θερσίτῃ δ´ ἶσος Θέτιδος παῖς ἠϋκόμοιο
πάντες δ´ εἰσὶν ὁμῶς νεκύων ἀμενηνὰ κάρηνα,
γυμνοί τε ξηροί τε κατ´ ἀσφοδελὸν λειμῶνα".

Traduction française :

[22] CHARON. Ah ! Mercure, je voudrais encore savoir une chose ; lorsque
tu me l'auras apprise, ta description sera parfaite : montre-moi les lieux où
ils déposent les morts, où ils les enfouissent.
MERCURE. Ils appellent cela, Charon, des monuments, des tombeaux, des
sépulcres. Vois-tu, à l'entrée des villes, ces amas de terre, ces colonnes,
ces pyramides ? Ce sont les endroits destinés à recevoir les morts et à
garder les cadavres.
CHARON. Pourquoi donc couronnent-ils ces pierres et les frottent-ils de
parfums, tandis que d'autres, élevant un bûcher près des tombes, creusent
des fosses, y font cuire des mets splendides et y versent, si je ne me
trompe, du vin et de l'hydromel.
MERCURE. Je ne sais pas, nocher, à quoi cela peut servir, quand on est
chez Pluton. Ils s'imaginent peut-être que les âmes volent d'en bas vers les
dîners qu'on leur présente, qu'elles se régalent de la fumée des viandes et
qu'elles boivent l'hydromel répandu sur les fosses.
CHARON. Eux ! boire et manger, des crânes tout secs ! Tu te rirais de moi,
si je te parlais de cette façon, à toi qui les conduis ici tous les jours. Tu sais,
en effet, s'ils peuvent revenir, une fois descendus sous la terre. Certes, ce
serait amusant pour toi, Mercure, qui as déjà tant à faire, d'être obligé non
seulement de les amener, mais de les reconduire quand ils veulent boire.
Fous que vous êtes ! mortels insensés, qui ne voyez pas quel immense
abîme il y a entre les affaires des vivants et celles des morts, et comment
se gouverne notre empire !
"Les morts sont tous égaux, ensevelis ou non,
Qu'ils s'appellent Irus ou bien Agamemnon ;
Quoique Achille soit fils d'une belle déesse,
À côté de Thersite il se perd dans la presse;
Cadavres décharnés, tous les morts confondus,
Dans le pré d'Asphodèle errent pâles et nus".





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Dernière mise à jour : 1/09/2005