Texte grec :
[4] ἀλλ´ ἑνὶ τούτῳ μόνῳ πάντα ἐκεῖνα ἀναδραμεῖσθαι νῦν
ἐλπίζεις, τῷ κτᾶσθαι πολλὰ βιβλία. κατὰ δὴ ταῦτα,
ἐκεῖνα ἔχε συλλαβὼν τὰ τοῦ Δημοσθένους ὅσα
τῇ χειρὶ τῇ αὑτοῦ ὁ ῥήτωρ ἔγραψε, καὶ τὰ τοῦ
Θουκυδίδου ὅσα παρὰ τοῦ Δημοσθένους καὶ αὐτὰ
ὀκτάκις μεταγεγραμμένα εὑρέθη, καὶ ὅλως ἅπαντα
ἐκεῖνα ὅσα ὁ Σύλλας Ἀθήνηθεν εἰς Ἰταλίαν
ἐξέπεμψε· τί ἂν πλέον ἐκ τούτου εἰς παιδείαν
κτήσαιο, κἂν ὑποβαλόμενος αὐτὰ ἐπικαθεύδῃς ἢ
συγκολλήσας καὶ περιβαλόμενος περινοστῇς;
πίθηκος γὰρ ὁ πίθηκος, ἡ παροιμία φησί, κἂν
χρύσεα ἔχῃ σύμβολα. καὶ σὺ τοίνυν βιβλίον
μὲν ἔχεις ἐν τῇ χειρὶ καὶ ἀναγιγνώσκεις ἀεί, τῶν
δὲ ἀναγιγνωσκομένων οἶσθα οὐδέν, ἀλλ´ ὄνος
λύρας ἀκούεις κινῶν τὰ ὦτα.
Ὡς εἴ γε τὸ κεκτῆσθαι τὰ βιβλία καὶ πεπαιδευμένον
ἀπέφαινε τὸν ἔχοντα, πολλοῦ ἂν ὡς
ἀληθῶς τὸ κτῆμα ἦν ἄξιον καὶ μόνων ὑμῶν τῶν
πλουσίων, εἰ ὥσπερ ἐξ ἀγορᾶς ἦν πριάσθαι τοὺς
πένητας ἡμᾶς ὑπερβάλλοντας. τίς δὲ τοῖς ἐμπόροις
καὶ τοῖς βιβλιοκαπήλοις ἤρισεν ἂν περὶ
παιδείας τοσαῦτα βιβλία ἔχουσι καὶ πωλοῦσιν,
ἀλλ´ εἴ γε διελέγχειν ἐθέλεις, ὄψει μηδ´ ἐκείνους
πολύ σου τὰ εἰς παιδείαν ἀμείνους, ἀλλὰ βαρβάρους
μὲν τὴν φωνὴν ὥσπερ σύ, ἀξυνέτους δὲ
τῇ γνώσει, οἵους εἰκὸς εἶναι τοὺς μηδὲν τῶν καλῶν
καὶ αἰσχρῶν καθεωρακότας. καίτοι σὺ μὲν δύο
ἢ τρία παρ´ αὐτῶν ἐκείνων πριάμενος ἔχεις, οἱ δὲ
νύκτωρ καὶ μεθ´ ἡμέραν διὰ χειρὸς ἔχουσιν αὐτά.
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Traduction française :
[4] Et cependant tu espères aujourd'hui que tout cela va pousser de soi-même,
si tu possèdes une bibliothèque bien fournie ! Eh bien ! rassemble
chez toi tous les ouvrages de Démosthène, qu'il a écrits de sa propre main,
tous ceux de Thucydide, que le même Démosthène a copiés jusqu'à huit fois
de sa belle écriture ; achète, si tu veux, tous les livres que Sylla a fait
transporter d'Athènes à Rome : quel fruit en retireras-tu pour ton
instruction ? En vain tu les étendrais pour te coucher dessus, en vain tu les
collerais sur toi et tu t'en habillerais comme d'un vêtement. Le singe, dit un
proverbe, est toujours singe, eût-il des ornements d'or. Tu as sans cesse un
livre à la main et tu lis continuellement, mais tu ne comprends rien à ce que tu
lis ; tu es un âne secouant l'oreille en entendant jouer de la lyre. Si la
possession des livres suffisait pour rendre savant celui qui les a, elle serait
d'un prix inestimable ; et si le savoir se vendait au marché, il serait à vous
seuls qui êtes riches, et vous nous écraseriez, nous les pauvres. Et puis, qui
pourrait le disputer en érudition aux marchands, aux bouquinistes, qui en
possèdent et en vendent en si grand nombre ? Cependant, si tu veux y
regarder de près, tu verras que ces gens-là ne sont pas beaucoup plus
savants que toi ; leur langage est barbare comme le tien, leur intelligence
bornée, comme celle des hommes qui n'ont jamais réfléchi sur ce qui est
honnête et ce qui est honteux. Pourtant, tu manies peut-être deux ou trois
volumes que lu leur achètes, tandis qu'ils ont jour et nuit des livres entre les
mains.
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