Texte grec :
[28] ἄφες δὲ τὰ βιβλία καὶ μόνα ἐργάζου τὰ
σαυτοῦ. καίτοι ἐχρῆν μηκέτι μηδὲ ἐκεῖνα, αἰδεσθῆναι
δὲ τὴν τοῦ Εὐριπίδου Φαίδραν καὶ ὑπὲρ
τῶν γυναικῶν ἀγανακτοῦσαν καὶ λέγουσαν,
οὐδὲ σκότον φρίσσουσι τὸν συνεργάτην
τέρεμνά τ´ οἴκων μή ποτε φθογγὴν ἀφῇ.
εἰ δὲ πάντως ἐμμένειν τῇ ὁμοίᾳ νόσῳ διέγνωσται,
ἴθι, ὠνοῦ μὲν βιβλία καὶ οἴκοι κατακλείσας ἔχε
καὶ καρποῦ τὴν δόξαν τῶν κτημάτων. ἱκανόν σοι
καὶ τοῦτο. προσάψῃ δὲ μηδέποτε μηδὲ ἀναγνῷς
μηδὲ ὑπαγάγῃς τῇ γλώττῃ παλαιῶν ἀνδρῶν
λόγους καὶ ποιήματα μηδὲν δεινόν σε εἰργασμένα.
Οἶδα ὡς μάτην ταῦτά μοι λελήρηται καὶ κατὰ
τὴν παροιμίαν Αἰθίοπα σμήχειν ἐπιχειρῶ· σὺ
γὰρ ὠνήσῃ καὶ χρήσῃ εἰς οὐδὲν καὶ καταγελασθήσῃ
πρὸς τῶν πεπαιδευμένων, οἷς ἀπόχρη
ὠφελεῖσθαι οὐκ ἐκ τοῦ κάλλους τῶν βιβλίων οὐδ´
ἐκ τῆς πολυτελείας αὐτῶν, ἀλλ´ ἐκ τῆς φωνῆς καὶ
τῆς γνώμης τῶν γεγραφότων.
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Traduction française :
[28] Laisse-moi donc les livres, et vaque à ce que tu sais bien. Et pourtant il
vaudrait mieux t'en abstenir et respecter la Phèdre d'Euripide, qui s'écrie,
dans son courroux contre les femmes :
Elles ne craignent point les ténèbres complices,
Ni des murs indignes les voix accusatrices.
Si cependant tu es décidé à ne pas te guérir de cette maladie, suis ta route,
achète des livres, enferme-les à clef dans ta maison, et mets ta gloire à les
posséder. Cela te suffit. Mais n'y touche pas, ne lis jamais, n'applique point ta
langue aux discours, aux poèmes des grands hommes de l'antiquité, qui ne
t'ont fait aucun mal. Je sais bien que mes avis sont en pure perte, et, comme
dit le proverbe, j'entreprends de blanchir un Éthiopien. Tu continueras
d'acheter des livres, tu ne t'en serviras pas, et tu seras la risée des hommes
instruits qui n'estiment pas seulement un livre pour sa beauté extérieure et sa
magnificence, mais en raison du style et du sens de l'ouvrage.
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