Texte grec :
[19] Δημήτριος δὲ ὁ Κυνικὸς ἰδὼν ἐν Κορίνθῳ ἀπαίδευτόν
τινα βιβλίον κάλλιστον ἀναγιγνώσκοντα
—τὰς Βάκχας οἶμαι τοῦ Εὐριπίδου, κατὰ τὸν
ἄγγελον δὲ ἦν τὸν διηγούμενον τὰ τοῦ Πενθέως
πάθη καὶ τὸ τῆς Ἀγαύης ἔργον—ἁρπάσας διέσπασεν
αὐτὸ εἰπών, "Ἄμεινόν ἐστι τῷ Πενθεῖ
ἅπαξ σπαραχθῆναι ὑπ´ ἐμοῦ ἢ ὑπὸ σοῦ πολλάκις."
Ζητῶν δὲ ἀεὶ πρὸς ἐμαυτὸν οὔπω καὶ τήμερον
εὑρεῖν δεδύνημαι τίνος ἕνεκα τὴν σπουδὴν ταύτην
ἐσπούδακας περὶ τὴν ὠνὴν τῶν βιβλίων· ὠφελείας
μὲν γὰρ ἢ χρείας τῆς ἀπ´ αὐτῶν οὐδ´ ἂν
οἰηθείη τις τῶν καὶ ἐπ´ ἐλάχιστόν σε εἰδότων, οὐ
μᾶλλον ἢ φαλακρὸς ἄν τις πρίαιτο κτένας ἢ
κάτοπτρον ὁ τυφλὸς ἢ ὁ κωφὸς αὐλητὴν ἢ παλλακὴν
ὁ εὐνοῦχος ἢ ὁ ἠπειρώτης κώπην ἢ ὁ
κυβερνήτης ἄροτρον. ἀλλὰ μὴ ἐπίδειξιν πλούτου
σοι τὸ πρᾶγμα ἔχει καὶ βούλει τοῦτο ἐμφῆναι
ἅπασιν, ὅτι καὶ εἰς τὰ μηδέν σοι χρήσιμα
ὅμως ἐκ πολλῆς τῆς περιουσίας ἀναλίσκεις; καὶ
μὴν ὅσα γε κἀμὲ Σύρον ὄντα εἰδέναι, εἰ μὴ σαυτὸν
φέρων ταῖς τοῦ γέροντος ἐκείνου διαθήκαις
παρενέγραψας, ἀπωλώλεις ἂν ὑπὸ λιμοῦ ἤδη καὶ
ἀγορὰν προὐτίθεις τῶν βιβλίων.
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Traduction française :
[19] Démétrius le cynique voyait un jour à Corinthe un ignorant qui lisait un
livre splendidement orné ; c'étaient, je crois, les Bacchantes d'Euripide.
Le lecteur en était à la scène où le messager vient annoncer la mort de
Penthée et la fureur d'Agavé. Alors Démétrius, lui arrachant le livre et le
mettant en pièces : " Mieux vaut, dit-il, pour Penthée d'être une bonne fois
déchiré par mes mains que mille par ta bouche !" J'ai beau chercher en moi-même,
je n'ai pas encore pu trouver le motif qui te pousse à courir ainsi après
les livres, pour les acheter. Que ce soit pour ton utilité et ton besoin, c'est ce
que ne pourront jamais se figurer même ceux qui ne te connaissent que de
vue. On croira plutôt qu'un chauve achète un peigne ; un aveugle, un miroir ;
un sourd, une flûte ; une femme galante, un eunuque ; un habitant de
l'intérieur des terres, une rame ; un pilote, une charrue. Mais peut-être ta
grande affaire est-elle de faire étalage de tes richesses, de montrer à tout le
monde que tes immenses dépenses s'étendent jusqu'à l'achat d'objets
parfaitement inutiles ? C'est possible ; mais, autant que j'ai pu le savoir en ma
qualité de Syrien, si tu ne t'étais pas frauduleusement inscrit sur le testament
d'un certain vieillard, tu mourrais de faim, et tu aurais mis en vente tous tes livres.
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