Texte grec :
[16] ὅπερ ἀνάγκη, οἶμαι,
παθεῖν καὶ τὸν ἐν οὕτω καλοῖς ἔργοις λόγους
δεικνύοντα· λανθάνει γὰρ ἐν τῷ μεγέθει τῶν
καλῶν τὸ λεχθὲν καὶ ἀμαυροῦται καὶ συναρπάζεται,
καθάπερ εἰ λύχνον τις εἰς πυρκαϊὰν μεγάλην
φέρων ἐμβάλλοι ἢ μύρμηκα ἐπ´ ἐλέφαντος ἢ
καμήλου δεικνύοι. τοῦτό τε οὖν φυλακτέον τῷ
λέγοντι, καὶ προσέτι μὴ καὶ τὴν φωνὴν αὐτὴν
ἐπιταράττηται ἐν οὕτως εὐφώνῳ καὶ ἠχήεντι
οἴκῳ λέγων· ἀντιφθέγγεται γὰρ καὶ ἀντιφωνεῖ
καὶ ἀντιλέγει, μᾶλλον δὲ ἐπικαλύπτει τὴν βοήν,
οἷόν τι καὶ σάλπιγξ δρᾷ τὸν αὐλόν, εἰ συναυλοῖεν,
ἢ τοὺς κελευστὰς ἡ θάλαττα, ὁπόταν πρὸς κύματος
ἦχον ἐπᾴδειν τῇ εἰρεσίᾳ θέλωσιν· ἐπικρατεῖ
γὰρ ἡ μεγαλοφωνία καὶ κατασιωπᾷ τὸ ἧττον.
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Traduction française :
[16] C'est aussi ce qui doit nécessairement arriver à celui qui se hasarde à
prononcer un discours au milieu de tant de chefs-d'uvre des arts. Ce qu'il dit est
bientôt éclipsé par toutes les beautés qui l'environnent : l'éclat s'en amortit et s'en
efface comme celui d'une lampe qu'on placerait au milieu d'un grand bûcher, et les
paroles s'amoindrissent comme une, fourmi placée auprès d'un éléphant ou d'un
chameau. Un pareil théâtre est redoutable à un orateur. D'ailleurs, en parlant dans
un lieu si retentissant et si sonore, la voix devient aisément confuse. L'écho y
renvoie les sons, les reproduit, les répète, ou plutôt il couvre l'organe de l'orateur :
on dirait une trompette écrasant les accords d'une flûte qui résonne avec elle ou la
mer étouffant les accents des rameurs, lorsque, malgré le bruit des flots, ils veulent
manuvrer en chantant, car un son plus fort l'emporte toujours sur un plus faible et
le réduit au silence.
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