Texte grec :
[36] (ΑΝΑΧΑΡΣΙΣ)
Ταυτὶ μέν, ὦ Σόλων, οὐ πάνυ συνίημι· λεπτότερα
γὰρ ἢ κατ´ ἐμὲ εἴρηκας, ἀκριβοῦς τινος
φροντίδος καὶ διανοίας ὀξὺ δεδορκυίας δεόμενα.
ἐκεῖνο δέ μοι πάντως εἰπέ, τίνος ἕνεκα οὐχὶ καὶ
ἐν τοῖς ἀγῶσι τοῖς Ὀλυμπίασι καὶ Ἰσθμοῖ καὶ
Πυθοῖ καὶ τοῖς ἄλλοις, ὁπότε πολλοί, ὡς φής,
συνίασιν ὀψόμενοι τοὺς νέους ἀγωνιζομένους,
οὐδέποτε ἐν ὅπλοις ποιεῖσθε τὴν ἅμιλλαν, ἀλλὰ
γυμνοὺς εἰς τὸ μέσον παραγαγόντες λακτιζομένους
καὶ παιομένους ἐπιδείκνυτε καὶ νικήσασι
μῆλα καὶ κότινον δίδοτε; ἄξιον γὰρ εἰδέναι τοῦτό
γε, οὗτινος ἕνεκα οὕτω ποιεῖτε.
(ΣΟΛΩΝ)
Ἡγούμεθα γάρ, ὦ Ἀνάχαρσι, τὴν εἰς τὰ
γυμνάσια προθυμίαν οὕτως ἂν πλείω ἐγγενέσθαι
αὐτοῖς, εἰ τοὺς ἀριστεύοντας ἐν τούτοις ἴδοιεν
τιμωμένους καὶ ἀνακηρυττομένους ἐν μέσοις τοῖς
Ἕλλησι. καὶ διὰ τοῦτο ὡς εἰς τοσούτους
ἀποδυσόμενοι εὐεξίας τε ἐπιμελοῦνται, ὡς μὴ
αἰσχύνοιντο γυμνωθέντες, καὶ ἀξιονικότατον
ἕκαστος αὑτὸν ἀπεργάζεται. καὶ τὰ ἆθλα, ὥσπερ
ἔμπροσθεν εἶπον, οὐ μικρά, ὁ ἔπαινος ὁ παρὰ τῶν
θεατῶν καὶ τὸ ἐπισημότατον γενέσθαι καὶ δείκνυσθαι
τῷ δακτύλῳ ἄριστον εἶναι τῶν καθ´ αὑτὸν
δοκοῦντα. τοιγάρτοι πολλοὶ τῶν θεατῶν, οἷς καθ´
ἡλικίαν ἔτι ἄσκησις, ἀπίασιν οὐ μετρίως ἐκ τῶν
τοιούτων ἀρετῆς καὶ πόνων ἐρασθέντες. ὡς εἴ γέ
τις, ὦ Ἀνάχαρσι, τὸν τῆς εὐκλείας ἔρωτα ἐκβάλοι
ἐκ τοῦ βίου, τί ἂν ἔτι ἀγαθὸν ἡμῖν γένοιτο,
ἢ τίς ἄν τι λαμπρὸν ἐργάσασθαι ἐπιθυμήσειεν;
νῦν δὲ καὶ ἀπὸ τούτων εἰκάζειν παρέχοιεν ἄν σοι,
ὁποῖοι ἐν πολέμοις ὑπὲρ πατρίδος καὶ παίδων καὶ
γυναικῶν καὶ ἱερῶν γένοιντ´ ἂν ὅπλα ἔχοντες οἱ
κοτίνου πέρι καὶ μήλων γυμνοὶ τοσαύτην προθυμίαν
εἰς τὸ νικᾶν εἰσφερόμενοι.
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Traduction française :
[36] (ANACHARSIS)
Je ne comprends pas trop ce que tu veux dire,
Solon. Ce sont des idées trop subtiles pour moi, et qui
demandent une réflexion approfondie et une intelligence
pénétrante. Cependant dis-moi une chose : pourquoi aux
jeux olympiques, isthmiques, pythiques et autres, où
des foules, comme tu dis, se rassemblent pour voir
concourir les jeunes gens, ne les faites-vous jamais lutter
avec des armes, tandis que, les introduisant nus dans
l'arène, vous les montrez échangeant des coups de pied
et des coups de poing et donnez aux vainqueurs des
pommes et de l'olivier sauvage? Il vaut la peine de
connaître la raison qui vous fait agir de la sorte.
(SOLON)
C'est que nous pensons, Anacharsis, que leur zèle
pour ces exercices grandira, quand ils verront qu'on
honore ceux qui y excellent et qu'on proclame leurs noms
en présence de tous les Grecs. Aussi, comme ils doivent
se mettre nus devant tant de spectateurs, veillent-ils
à se maintenir en forme pour n'avoir pas à rougir de leur
nudité et pour se rendre autant que possible dignes de
la victoire. Et les prix, comme je l'ai dit précédemment,
ne sont pas méprisables, puisqu'ils consistent à être loué
par les spectateurs, considéré et montré du doigt et à
passer pour le meilleur de ses contemporains. C'est pourquoi
beaucoup de spectateurs encore en âge de s'exercer
s'en retournent à la suite de ces spectacles fortement
épris de la vertu et des durs travaux. Si vraiment,
Anacharsis, on bannissait du monde l'amour de la gloire,
quel bien nous resterait-il? Qui voudrait entreprendre
une action éclatante? Par contre, ces luttes te permettent
de deviner ce que seraient dans les combats, les armes à
la main, pour défendre leur patrie, leurs enfants, leurs
femmes et leur religion, des gens qui, pour une branche
d'olivier sauvage ou pour des pommes, mettent tant
d'ardeur à gagner la victoire.
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