Texte grec :
[24] Τὰ δὲ δὴ σώματα, ὅπερ μάλιστα ἐπόθεις ἀκοῦσαι,
ὧδε καταγυμνάζομεν. ἀποδύσαντες αὐτά, ὡς
ἔφην, οὐκέτι ἁπαλὰ καὶ τέλεον ἀσυμπαγῆ ὄντα,
πρῶτον μὲν ἐθίζειν ἀξιοῦμεν πρὸς τὸν ἀέρα, συνοικειοῦντες
αὐτὰ ταῖς ὥραις ἑκάσταις, ὡς μήτε
θάλπος δυσχεραίνειν μήτε πρὸς κρύος ἀπαγορεύειν,
ἔπειτα δὲ χρίομεν ἐλαίῳ καὶ καταμαλάττομεν,
ὡς εὐτονώτερα γίγνοιτο· ἄτοπον γάρ, εἰ
τὰ μὲν σκύτη νομίζομεν ὑπὸ τῷ ἐλαίῳ μαλαττόμενα
δυσραγέστερα καὶ πολλῷ διαρκέστερα γίγνεσθαι
νεκρά γε ἤδη ὄντα, τὸ δ´ ἔτι ζωῆς μετέχον
σῶμα μὴ ἂν ἄμεινον ἡγοίμεθα ὑπὸ τοῦ ἐλαίου
διατεθήσεσθαι.
Τοὐντεῦθεν ποικίλα τὰ γυμνάσια ἐπινοήσαντες
καὶ διδασκάλους ἑκάστων ἐπιστήσαντες τὸν μέν
τινα πυκτεύειν, τὸν δὲ παγκρατιάζειν διδάσκομεν,
ὡς τούς τε πόνους καρτερεῖν ἐθίζοιντο καὶ ὁμόσε
χωρεῖν ταῖς πληγαῖς μηδὲ ἀποτρέποιντο δέει τῶν
τραυμάτων. τοῦτο δὲ ἡμῖν δύο τὰ ὠφελιμώτατα
ἐξεργάζεται ἐν αὐτοῖς, θυμοειδεῖς τε παρασκευάζον
εἰς τοὺς κινδύνους καὶ τῶν σωμάτων ἀφειδεῖν καὶ
προσέτι ἐρρῶσθαι καὶ καρτεροὺς εἶναι.
Ὅσοι δὲ αὐτῶν κάτω συννενευκότες παλαίουσιν,
καταπίπτειν τε ἀσφαλῶς μανθάνουσι καὶ ἀνίστασθαι
εὐμαρῶς καὶ ὠθισμοὺς καὶ περιπλοκὰς καὶ
λυγισμοὺς καὶ ἄγχεσθαι δύνασθαι καὶ εἰς ὕψος
ἀναβαστάσαι τὸν ἀντίπαλον, οὐκ ἀχρεῖα οὐδὲ
οὗτοι ἐκμελετῶντες, ἀλλὰ ἓν μὲν τὸ πρῶτον καὶ
μέγιστον ἀναμφιβόλως κτώμενοι· δυσπαθέστερα
γὰρ καὶ καρτερώτερα τὰ σώματα γίγνονται αὐτοῖς
διαπονούμενα. ἕτερον δὲ οὐδὲ αὐτὸ μικρόν·
ἔμπειροι γὰρ δὴ ἐκ τούτου καθίστανται, εἴ ποτε
ἀφίκοιντο εἰς χρείαν τῶν μαθημάτων τούτων ἐν
ὅπλοις· δῆλον γὰρ ὅτι καὶ πολεμίῳ ἀνδρὶ ὁ
τοιοῦτος συμπλακεὶς καταρρίψει τε θᾶττον ὑποσκελίσας
καὶ καταπεσὼν εἴσεται ὡς ῥᾷστα ἐξανίστασθαι.
πάντα γὰρ ταῦτα, ὦ Ἀνάχαρσι, ἐπ´
ἐκεῖνον τὸν ἀγῶνα ποριζόμεθα τὸν ἐν τοῖς ὅπλοις
καὶ ἡγούμεθα πολὺ ἀμείνοσι χρήσασθαι τοῖς
οὕτως ἀσκηθεῖσιν, ἐπειδὰν πρότερον αὐτῶν γυμνὰ
τὰ σώματα καταμαλάξαντες καὶ διαπονήσαντες
ἐρρωμενέστερα καὶ ἀλκιμώτερα ἐξεργασώμεθα καὶ
κοῦφα καὶ εὔτονα καὶ τὰ αὐτὰ βαρέα τοῖς ἀνταγωνισταῖς.
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Traduction française :
[24] Quant aux corps, voici, puisque c'est ce que tu
désirais le plus savoir, de quelle manière nous les exerçons.
Quand ils cessent d'être tendres et ne sont plus
complètement flasques, nous les mettons nus, comme je
l'ai dit; nous pensons qu'il faut d'abord les accoutumer
à l'air et les familiariser avec toutes les saisons, pour qu'ils
ne soient pas incommodés par la chaleur et ne succombent
pas au froid. Puis nous les frottons d'huile et les assouplissons
pour leur donner plus d'élasticité. Il serait
en effet ridicule de croire que des peaux assouplies par
l'huile deviennent plus difficiles à rompre et durent beaucoup
plus longtemps, quoique déjà mortes, et de s'imaginer
que le corps qui participe encore à la vie ne retire
pas de cette onction le même avantage. Ensuite nous
avons inventé divers exercices pour chacun desquels
nous avons établi des maîtres, et nous apprenons à tel
jeune homme le pugilat, à tel autre le pancrace, pour les
habituer à supporter les travaux, à affronter les coups,
à ne pas se détourner par crainte des blessures. Cette
habitude produit en eux deux effets qui sont pour nous
de la plus grande utilité : non seulement ils sont intrépides
dans le danger et prêts à payer de leur personne,
mais encore ils deviennent vigoureux et robustes.
Ceux d'entre eux qui, la tête baissée, se heurtent à
la lutte apprennent à tomber sans se faire mal et à
se relever facilement, à pousser, à enlacer, à ployer,
à se laisser serrer la gorge et à élever en l'air leur adversaire,
et, ce faisant, ils ne se livrent pas non plus à des
exercices inutiles, puisqu'ils y acquièrent incontestablement
le premier et le plus précieux des avantages,
celui de rendre par cet entraînement leurs corps moins
sensibles et plus résistants à la douleur. Il y a un autre
avantage encore et qui n'est pas mince non plus, c'est
l'expérience qu'ils y gagnent et qui leur servira s'ils ont
besoin de faire usage de leur science dans une bataille.
Il est certain qu'un homme exercé de la sorte, s'il est aux
prises avec un ennemi, aura plus vite fait de le renverser
d'un croc-en-jambe et, s'il tombe, saura se relever aussi
aisément qu'il est possible. Car toutes ces préparations,
Anacharsis, nous les faisons en vue de ce combat qui se
livre avec des armes, et nous comptons trouver dans des
hommes ainsi entraînés des combattants meilleurs, lorsqu'après
avoir assoupli et endurci leurs corps nus, nous
les avons rendus plus forts et plus robustes, légers et
élastiques, et par le fait redoutables à leurs adversaires.
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