Texte grec :
[23] (ΑΝΑΧΑΡΣΙΣ)
Εἶδον, ὦ Σόλων, οὓς φὴς τοὺς τραγῳδοὺς καὶ
κωμῳδούς, εἴ γε ἐκεῖνοί εἰσιν, ὑποδήματα μὲν
βαρέα καὶ ὑψηλὰ ὑποδεδεμένοι, χρυσαῖς δὲ ταινίαις
τὴν ἐσθῆτα πεποικιλμένοι, κράνη δὲ ἐπικείμενοι
παγγέλοια κεχηνότα παμμέγεθες· αὐτοὶ δὲ
ἔνδοθεν μεγάλα τε ἐκεκράγεσαν καὶ διέβαινον οὐκ
οἶδ´ ὅπως ἀσφαλῶς ἐν τοῖς ὑποδήμασιν. Διονύσῳ
δὲ οἶμαι τότε ἡ πόλις ἑώρταζεν. οἱ δὲ κωμῳδοὶ
βραχύτεροι μὲν ἐκείνων καὶ πεζοὶ καὶ ἀνθρωπινώτεροι
καὶ ἧττον ἐβόων, κράνη δὲ πολὺ γελοιότερα.
καὶ τὸ θέατρον γοῦν ἅπαν ἐγέλα ἐπ´ αὐτοῖς·
ἐκείνων δὲ τῶν ὑψηλῶν σκυθρωποὶ ἅπαντες ἤκουον,
οἰκτείροντες, οἶμαι, αὐτοὺς πέδας τηλικαύτας ἐπισυρομένους.
(ΣΟΛΩΝ)
Οὐκ ἐκείνους, ὦγαθέ, ᾤκτειρον, ἀλλὰ ποιητὴς
ἴσως ἀρχαίαν τινὰ συμφορὰν ἐπεδείκνυτο τοῖς
θεαταῖς καὶ ῥήσεις οἰκτρὰς ἐτραγῴδει πρὸς τὸ
θέατρον ὑφ´ ὧν εἰς δάκρυα κατεσπῶντο οἱ ἀκούοντες.
εἰκὸς δέ σε καὶ αὐλοῦντας ἑωρακέναι τινὰς
τότε καὶ ἄλλους συνᾴδοντας ἐν κύκλῳ συνεστῶτας.
οὐδ´ αὐτά, ὦ Ἀνάχαρσι, ἀχρεῖα ᾄσματα καὶ αὐλήματα.
Τούτοις δ´ οὖν ἅπασι καὶ τοῖς τοιούτοις παραθηγόμενοι
τὰς ψυχὰς ἀμείνους ἡμῖν γίγνονται.
|
|
Traduction française :
[23] (ANACHARSIS)
J'ai vu, Solon, ces tragédiens et ces comédiens
que tu dis, si ce sont bien eux qui portent des chaussures
pesantes et hautes, un habit bigarré de bandes d'or et
qui ont sur la tête des casques tout à fait ridicules avec
une embouchure démesurée. De dessous ces masques,
ils poussaient de grands cris, et, malgré leurs chaussures,
ils faisaient, je ne sais comment, de grandes enjambées
sans broncher. La ville célébrait alors, je crois, des fêtes
en l'honneur de Dionysos. Les comédiens, plus petits
de taille, et à pied, avaient un aspect plus humain;
ils criaient aussi moins fort, mais leurs casques étaient
beaucoup plus ridicules; car toute l'assemblée riait
d'eux, au lieu qu'on écoutait d'un air triste nos hommes
à taille gigantesque. On les plaignait, je pense, de traîner
de telles entraves.
(SOLON)
Ce n'est pas eux, mon bon, que l'on plaignait. Sans
doute le poète exposait aux yeux des spectateurs quelque
sombre histoire de l'antiquité, et il débitait sur la scène
des tirades attendrissantes qui faisaient fondre en larmes
ses auditeurs. Vraisemblablement tu as vu aussi alors
des joueurs de flûte et d'autres personnes qui chantaient
ensemble, rangées en cercle. Ces chants et ces airs de
flûte ne sont pas inutiles non plus, Anacharsis. C'est
par tous ces moyens et d'autres pareils que nous aiguisons
les âmes et les rendons meilleures.
|
|