HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

LUCIEN, Alexandre ou le faux devin

δήγματι



Texte grec :

[55] Κἀπειδὴ εἰσελθόντα με εἰς τὴν πόλιν ᾔσθετο καὶ ἔμαθεν ὡς ἐκεῖνος εἴην ὁ Λουκιανός—ἐπηγόμην δὲ καὶ στρατιώτας δύο, λογχοφόρον καὶ κοντοφόρον, παρὰ τοῦ ἡγουμένου τῆς Καππαδοκίας, φίλου τότε ὄντος, λαβών, ὥς με παραπέμψειαν μέχρι πρὸς τὴν θάλατταν—αὐτίκα μεταστέλλεται δεξιῶς πάνυ καὶ μετὰ πολλῆς φιλοφροσύνης. ἐλθὼν δὲ ἐγὼ πολλοὺς καταλαμβάνω περὶ αὐτόν· συνεπηγόμην δὲ καὶ τοὺς στρατιώτας τύχῃ τινὶ ἀγαθῇ. καὶ ὁ μὲν προὔτεινέ μοι κύσαι τὴν δεξιάν, ὥσπερ εἰώθει τοῖς πολλοῖς, ἐγὼ δὲ προσφὺς ὡς φιλήσων, δήγματι χρηστῷ πάνυ μικροῦ δεῖν χωλὴν αὐτῷ ἐποίησα τὴν χεῖρα. Οἱ μὲν οὖν παρόντες ἄγχειν με καὶ παίειν ἐπειρῶντο ὡς ἱερόσυλον, καὶ πρότερον ἔτι ἀγανακτήσαντες ὅτι Ἀλέξανδρον αὐτόν, ἀλλὰ μὴ προφήτην προσεῖπον· ὁ δὲ πάνυ γεννικῶς καρτερήσας κατέπαυέν τε αὐτοὺς καὶ ὑπισχνεῖτο τιθασόν με ῥᾳδίως ἀποφανεῖν καὶ δείξειν τὴν Γλύκωνος ἀρετήν, ὅτι καὶ τοὺς πάνυ τραχυνομένους φίλους ἀπεργάζεται. καὶ μεταστησάμενος ἅπαντας ἐδικαιολογεῖτο πρός με, λέγων πάνυ με εἰδέναι καὶ τὰ ὑπ´ ἐμοῦ Ῥουτιλιανῷ συμβουλευόμενα, καὶ "Τί παθὼν ταῦτά με εἰργάσω, δυνάμενος ὑπ´ ἐμοῦ ἐπὶ μέγα προαχθῆναι παρ´ αὐτῷ;" κἀγὼ ἄσμενος ἤδη ἐδεχόμην τὴν φιλοφροσύνην ταύτην ὁρῶν οἷ κινδύνου καθειστήκειν, καὶ μετ´ ὀλίγον προῆλθον φίλος γεγενημένος. καὶ τοῦτο οὐ μικρὸν θαῦμα τοῖς ὁρῶσιν ἔδοξεν, οὕτω ῥᾳδία γενομένη μου ἡ μεταβολή.

Traduction française :

[55] Comme il avait eu vent de mon arrivée sur les lieux - j'étais accompagné de deux soldats, un lancier et un piquier, que l'administrateur de la Cappadoce en fonction pour lors, une de mes relations, avait mis à ma disposition pour m'escorter jusqu'à la mer - et avait appris qui j'étais, Alexandre me fit convier avec autant d'empressement que de courtoisie. Je me rendis à ses instances et le trouvai entouré d'une presse dense. Par chance, j'avais emmené avec moi mes deux cerbères. Il me mit la dextre sous le tarin, pour le baisemain qui était de règle avec le vulgaire. J'y posai les lèvres, comme pour lui filer un bécot... et le mordit si vigoureusement qu'il manqua d'en perdre la jouissance. L'assistance tenta de m'étrangler et de m'estourbir pour cette félonie sacrilège, avec une indignation d'autant plus véhémente que j'avais apostrophé Alexandre en l'appelant par son petit nom, sans lui donner du «Monsieur le Prophète». Soutenant cette épreuve avec une ineffable magnanimité, Alexandre calma ses supporteurs et se targua de pouvoir sans difficulté aucune m'amadouer et démontrer ainsi toute la précellence d'un Glycon capable de se concilier ses contempteurs les plus acerbes. Après avoir congédié tous les gêneurs, il débobina son laïus : mais bien entendu qu'il était absolument au courant de mon identité et des conseils que j'avais donnés à son Rutilien. Pourquoi lui avais-je fait ce croc-en-jambe, alors qu'il était en mesure de me faire grimper dans l'estime de ce cacique ? Sur le moment, je fus bien aise d'acquiescer à ces offres de service, car je n'apercevais que trop bien dans quel pétrin je m'étais fourvoyé. Au sortir de cette entrevue, nous étions copain- copain, et lui avait époustouflé son monde par l'aisance avec laquelle il avait opéré ce retournement.





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Dernière mise à jour : 10/06/2005