Texte grec :
[49] Ἤδη δὲ πολλῶν ἐπὶ πολλοῖς ἐπεισρεόντων καὶ
τῆς πόλεως αὐτῶν θλιβομένης ὑπὸ τοῦ πλήθους
τῶν ἐπὶ τὸ χρηστήριον ἀφικνουμένων καὶ τὰ
ἐπιτήδεια διαρκῆ μὴ ἐχούσης, ἐπινοεῖ τοὺς
νυκτερινοὺς καλουμένους χρησμούς. λαμβάνων
γὰρ τὰ βιβλία ἐπεκοιμᾶτο, ὡς ἔφασκεν, αὐτοῖς
καὶ ὡς ὄναρ παρὰ τοῦ θεοῦ ἀκούων ἀπεκρίνετο,
οὐ μέντοι σαφεῖς τοὺς πολλούς, ἀλλ´ ἀμφιβόλους
καὶ τεταραγμένους καὶ μάλιστα εἴ ποτε θεάσαιτο
περιεργότερον τὸ βιβλίον κατεσφραγισμένον. οὐ
γὰρ παρακινδυνεύων, τὸ ἐπελθὸν ἄλλως ὑπέγραφε,
χρησμοῖς πρέπον καὶ τὸ τοιοῦτον οἰόμενος.
καὶ ἦσάν τινες ἐξηγηταὶ ἐπὶ τοῦτο καθήμενοι καὶ
μισθοὺς οὐκ ὀλίγους ἐκλέγοντες παρὰ τῶν τοὺς
τοιούτους χρησμοὺς λαμβανόντων ἐπὶ τῇ ἐξηγήσει
καὶ διαλύσει αὐτῶν. καὶ τοῦτο αὐτῶν τὸ ἔργον
ὑπόμισθον ἦν· ἐτέλουν γὰρ οἱ ἐξηγηταὶ τῷ
Ἀλεξάνδρῳ τάλαντον Ἀττικὸν ἑκάτερος.
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Traduction française :
[49] Comme l'affluence ne se tarissait pas et qu'Abonotique, tout engorgée par la cohue des
touristes en consultation, tombait à court de vivres, Alexandre inventa les sessions dites
«nocturnes» : il ramassait les copies, certifiait aux fidèles qu'il «se couchait dessus»,
puis rendait des arrêts prétendument transmis en songe par la divinité. La majorité de ces
prophéties ne brillaient cependant pas par leur clarté ; elles battaient même des records
d'ambiguïté et d'amphigouri dès que le bonze avait remarqué que le mot correspondant avait
été protégé avec plus de soin que de coutume : optant pour la sécurité, il se bornait à y jeter ce
qui lui passait par la tête, d'autant qu'à ses yeux le galimatias faisait vaticinatoirement très chic
et qu'il avait sous la main des «exégètes» préposés au décryptage et au délayage de ses
divagations et grassement rémunérés à cet effet par leurs destinataires. La charge était
d'ailleurs vénale, ses titulaires étant astreints à verser à leur prélat une redevance individuelle
d'un talent attique.
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