Texte grec :
[3,20] Ἡ μὲν οὖν Λυκαίνιον τοσαῦτα ὑποθεμένη κατ´
ἄλλο μέρος τῆς ὕλης ἀπῆλθεν, ὡς ἔτι ζητοῦσα τὸν χῆνα·
ὁ δὲ Δάφνις εἰς λογισμὸν ἄγων τὰ εἰρημένα, τῆς μὲν προτέρας
ὁρμῆς ἀπήλλακτο, διοχλεῖν δὲ τῇ Χλόῃ περιττότερον
ὤκνει φιλήματος καὶ περιβολῆς, μήτε βοῆσαι θέλων αὐτὴν
ὡς πρὸς πολέμιον, μήτε δακρῦσαι ὡς ἀλγοῦσαν, μήτε αἱμαχθῆναι
καθάπερ πεφονευμένην· ἀρτιμαθὴς γὰρ ὢν
ἐδεδοίκει τὸ αἷμα καὶ ἐνόμιζεν ὅτι ἄρα ἐκ μόνου τραύματος
αἷμα γίνεται. Γνοὺς δὲ τὰ συνήθη τέρπεσθαι μετ´ αὐτῆς,
ἐξέβη τῆς ὕλης· καὶ ἐλθὼν ἵνα ἐκάθητο στεφανίσκον
ἴων πλέκουσα, τόν τε χῆνα τῶν τοῦ ἀετοῦ ὀνύχων ἐψεύσατο
ἐξαρπάσαι καὶ περιφὺς ἐφίλησεν, οἷον ἐν τῇ τέρψει
Λυκαίνιον· τοῦτο γὰρ ἐξῆν ὡς ἀκίνδυνον· ἡ δὲ τὸν στέφανον
ἐφήρμοσεν αὐτοῦ τῇ κεφαλῇ καὶ τὴν κόμην ἐφίλησεν
ὡς τῶν ἴων κρείττονα. Καὶ τῆς πήρας προκομίσασα παλάθης
μοῖραν καὶ ἄρτους τινὰς ἔδωκε φαγεῖν. καὶ ἐσθίοντος ἀπὸ τοῦ
στόματος ἥρπαζε καὶ οὕτως ἤσθιεν ὥσπερ νεοττὸς ὄρνιθος.
|
|
Traduction française :
[3,20] Après lui avoir donné ces avis, Lycenion
s'en alla d'un autre coté du bois, faisant
semblant de chercher encore son oison,
et Daphnis alors, songeant à ce qu'elle
lui avait dit, ne savait plus s'il oserait
rien exiger de Chloé outre le baiser et
l'embrasser. Il ne voulait point la faire crier,
car ce lui semblait acte d'ennemi ; ni la
faire pleurer, car c'eût été signe qu'elle eût
senti mal; ou la faire saigner, car, étant
novice, il craignait ce sang, et pensait être
impossible qu'il sortît du sang sinon d'une
blessure. Si s'en revint du bois en résolution
de prendre avec elle les plaisirs accoutumés
seulement, et, venu à l'endroit où elle
était assise faisant un chapelet de violette,
lui controuva qu'il avait arraché des serres
mêmes de l'aigle l'oison de Lycenion; puis,
l'embrassant, la baisa comme Lycenion
l'avait baisé durant le déduit, car cela seul
lui pouvait-il, à son avis, faire sans danger;
et Chloé lui mit sur la tête le chapelet qu'elle
avait fait, et en même temps lui baisait les
cheveux, comme sentant à son gré meilleur
que les violettes ; puis lui donna de sa panetière
à repaître du raisin sec et quelques pains,
et souventefois lui prenait de la bouche un
morceau et le mangeait, elle, comme petits
oiseaux prennent la becquée du bec de leur mère.
|
|