Texte grec :
[3,15] Ἦν δέ τις αὐτῷ γείτων, γεωργὸς γῆς ἰδίας, Χρῶμις
τὸ ὄνομα, παρηβῶν ἤδη τὸ σῶμα. Τούτῳ γύναιον ἦν ἐπακτὸν
ἐξ ἄστεος, νέον καὶ ὡραῖον καὶ ἀγροικίας ἁβρότερον·
τούτῳ Λυκαίνιον ὄνομα ἦν. Αὕτη ἡ Λυκαίνιον ὁρῶσα τὸν
Δάφνιν καθ´ ἑκάστην ἡμέραν παρελαύνοντα τὰς αἶγας ἕωθεν
εἰς νόμην, νύκτωρ ἐκ νομῆς, ἐπεθύμησεν ἐραστὴν κτήσασθαι
δώροις δελεάσασα. Καὶ δή ποτε λοχήσασα μόνον
καὶ σύριγγα δῶρον ἔδωκε καὶ μέλι ἐν κηρίῳ καὶ πήραν ἐλάφου·
εἰπεῖν δέ τι ὤκνει, τὸν Χλόης ἔρωτα καταμαντευομένη·
πάντα γὰρ ἑώρα προσκείμενον αὐτὸν τῇ κόρῃ.
Πρότερον μὲν οὖν ἐκ νευμάτων καὶ γέλωτος συνεβάλλετο
τοῦτο, τότε δὲ ἐξ ἑωθινοῦ σκηψαμένη πρὸς Χρῶμιν ὡς
παρὰ τίκτουσαν ἄπεισι γείτονα, κατόπιν τε αὐτοῖς
κατηκολούθησε καὶ εἴς τινα λόχμην ἐγκρύψασα ἑαυτήν,
ὡς μὴ βλέποιτο, πάντα ἤκουσεν ὅσα εἶπον, πάντα
εἶδεν ὅσα ἔπραξαν· οὐκ ἔλαθεν αὐτὴν οὐδὲ κλαύσας ὁ
Δάφνις. Συναλγήσασα δὴ τοῖς ἀθλίοις καὶ καιρὸν
ἥκειν νομίσασα διττόν, τὸν μὲν εἰς τὴν ἐκείνων σωτηρίαν,
τὸν δὲ εἰς τὴν ἑαυτῆς ἐπιθυμίαν, ἐπιτεχνᾶταί τι τοιόνδε.
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Traduction française :
[3,15] Or y avait-il non guère loin de là un qui
cultivait son propre héritage et s'appelait
Chromis, homme ayant déjà passé le meilleur
de son âge et étant tout-à-l'heure cassé.
Il tenait avec soi certaine petite femme,
jeune et belle et délicate, pour autant
mêmement qu'elle était de la ville, et avait
nom Lycenion; laquelle, voyant passer tous
les matins Daphnis, qui menait ses bêtes
en pâture et le soir les ramenait au tect, eut
envie de s'accointer de lui pour en faire son
amoureux, et tant le guetta, qu'une fois le
trouvant seule, elle lui donna une flûte, une
gaufre à miel, et une panetière de peau de
cerf; mais elle n'osa lui rien dire, se doutant
qu'il aimait Chloé parce qu'il était toujours
avec elle ; et néanmoins n'en savait autre
chose, sinon qu'elle les avait vus sourire l'un à
l'autre et se faire des signes. Si fit entendre
à Chromis, un matin, qu'elle s'en allait voir
une sienne voisine en travail d'enfant, suivit
les jeunes gens pas à pas, et se cachant
entre des buissons pour n'être point aperçue,
vit de là tout ce qu'ils faisaient, entendit
tout ce qu'ils disaient, et très bien sut
remarquer comment et pour quelle cause
pleurait le pauvre Daphnis. Par quoi,
ayant pitié de leur peine, et quant et quant
considérant que double occasion de bien
faire se présentait à elle, l'une de les instruire
de leur bien, l'autre d'accomplir son desir,
elle usa d'une telle finesse.
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