Texte grec :
[1,30] Δόρκων μὲν δὴ τοσαῦτα εἰπὼν καὶ φίλημα
φιλήσας ὕστατον ἀφῆκεν ἅμα τῷ φιλήματι καὶ τῇ φωνῇ
τὴν ψυχήν· ἡ δὲ Χλόη λαβοῦσα τὴν σύριγγα καὶ ἐνθεῖσα
τοῖς χείλεσιν ἐσύριζε μέγιστον ὡς ἠδύνατο· καὶ αἱ βόες
ἀκούουσι καὶ τὸ μέλος γνωρίζουσι καὶ ὁρμῇ μιᾷ μυκησάμεναι
πηδῶσιν εἰς τὴν θάλασσαν. Βιαίου δὲ πηδήματος
εἰς ἕνα τοῖχον τῆς νεὼς γενομένου καὶ ἐκ τῆς
ἐμπτώσεως τῶν βοῶν κοίλης τῆς θαλάσσης διαστάσης
τρέπεται μὲν ἡ ναῦς καὶ τοῦ κλύδωνος συνιόντος ἀπόλλυται,
οἱ δὲ ἐκπίπτουσιν οὐχ ὁμοίαν ἔχοντες ἐλπίδα σωτηρίας.
Οἱ μὲν γὰρ λῃσταὶ τὰς μαχαίρας παρήρτηντο
καὶ τὰ ἡμιθωράκια τὰ λεπιδωτὰ ἐνεδέδυντο καὶ κνημῖδας
εἰς μέσην κνήμην ὑπεδέδεντο· ὁ δὲ Δάφνις ἀνυπόδετος,
ὡς ἐν πεδίῳ νέμων, καὶ ἡμίγυμνος, ὡς ἔτι τῆς
ὥρας οὔσης καύματος. Ἐκείνους μὲν οὖν ἐπ´ ὀλίγον
νηξαμένους τὰ ὅπλα κατήνεγκεν εἰς βυθόν· ὁ δὲ Δάφνις
τὴν μὲν ἐσθῆτα ῥᾳδίως ἀπεδύσατο, περὶ δὲ τὴν νῆξιν
ἔκαμνεν, οἷα πρότερον νηχόμενος ἐν ποταμοῖς μόνοις·
ὕστερον δὲ παρὰ τῆς ἀνάγκης τὸ πρακτέον διδαχθεὶς
εἰς μέσας ὥρμησε τὰς βοῦς, καὶ βοῶν δύο κεράτων ταῖς
δύο χερσὶ λαβόμενος ἐκομίζετο μέσος ἀλύπως καὶ ἀπόνως,
ὥσπερ ἐλαύνων ἅμαξαν. {Νήχεται δὲ ἄρα βοῦς ὅσον
οὐδὲ ἄνθρωπος· μόνων λείπεται τῶν ἐνύδρων ὀρνίθων καὶ
αὖ τῶν ἰχθύων· οὐδ´ ἂν ἀπόλοιτο βοῦς νηχόμενος, εἰ μὴ
τῶν χηλῶν οἱ ὄνυχες περιπέσοιεν διάβροχοι γενόμενοι.
Μαρτυροῦσι τῷ λόγῳ μέχρι νῦν πολλοὶ τόποι τῆς θαλάσσης,
βοὸς πόροι λεγόμενοι.}
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Traduction française :
[1,30] Dorcon, achevant ces paroles et recevant
d'elle un dernier baiser, laissa sur ses lèvres,
avec le baiser, la voix et la vie en même
temps. Chloé prit la flûte, la mit à sa
bouche, et sonnant si haut qu'elle pouvait,
les vaches qui l'entendent reconnaissent
aussitôt le son de la flûte et la note de la
chanson, et toutes d'une secousse se jettent
en meuglant dans la mer ; et comme elles
prirent leur élan toutes du même bord, et
que par leur chute la mer s'entrouvrit, l'esquif
renversé, l'eau se refermant, tout fut
submergé. Les gens plongés en la mer revinrent
bientôt sur l'eau, mais non pas tous
avec même espérance de salut. Car les
brigands avaient leurs épées au côté, leurs
corselets au dos, leurs bottines à mi-jambe,
tandis que Daphnis était tout déchaux,
comme celui qui ne menait ses chèvres
que dans la plaine, et quasi nu au demeurant,
car il faisoit encore chaud. Eux donc,
après avoir duré quelque temps à nager,
furent tirés à fond et noyés par la pesanteur
de leurs armes ; mais Daphnis eut bientôt
quitté si peu de vêtements qu'il portait, et
encore se lassoait-il à force, n'ayant coutume
que nager dans les rivières.
Nécessité toutefois lui montra ce qu'il devait faire.
Il se mit entre deux vaches, et se prenant à
leurs cornes avec les deux mains, fut par
elles porté sans peine quelconque, aussi à
son aise comme s'il eût conduit un chariot.
Car le boeuf nage beaucoup mieux et plus
longtemps que ne fait l'homme, et n'est
animal au monde qui en cela le surpasse, si
ce ne sont oiseaux aquatiques, ou bien encore
poissons ; tellement que jamais boeuf ni
vache ne se noyeraient, si la corne de leurs
pieds ne s'amollissoit dans l'eau, de quoi
font foi plusieurs détroits en la mer, qui
jusques aujourd'hui sont appelés Bosphores,
c'est-à-dire trajets ou passages de boeufs.
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