Texte grec :
[1,17] Οὐκέθ´ ἡ Χλόη περιέμεινεν, ἀλλὰ τὰ μὲν ἡσθεῖσα
τῷ ἐγκωμίῳ, τὰ δὲ πάλαι ποθοῦσα φιλῆσαι Δάφνιν,
ἀναπηδήσασα αὐτὸν ἐφίλησεν, ἀδίδακτον μὲν καὶ ἄτεχνον,
πάνυ δὲ ψυχὴν θερμᾶναι δυνάμενον. Δόρκων μὲν οὖν
ἀλγήσας ἀπέδραμε, ζητῶν ἄλλην ὁδὸν ἔρωτος· Δάφνις δέ,
ὥσπερ οὐ φιληθείς, ἀλλὰ δηχθείς, σκυθρωπός τις εὐθὺς ἦν
καὶ πολλάκις ἐψύχετο καὶ τὴν καρδίαν παλλομένην κατεῖχε,
καὶ βλέπειν μὲν ἤθελε τὴν Χλόην, βλέπων δ´ ἐρυθήματι
ἐπίμπλατο. Τότε πρῶτον καὶ τὴν κόμην αὐτῆς ἐθαύμασεν
ὅτι ξανθή, καὶ τοὺς ὀφθαλμοὺς ὅτι μεγάλοι καθάπερ
βοός, καὶ τὸ πρόσωπον ὅτι λευκότερον ἀληθῶς καὶ τοῦ τῶν
αἰγῶν γάλακτος, ὥσπερ τότε πρῶτον ὀφθαλμοὺς κτησάμενος,
τὸν δὲ πρότερον χρόνον πεπηρωμένος. Οὔτε οὖν
τροφὴν προσεφέρετο πλὴν ὅσον ἀπογεύσασθαι· καὶ ποτόν,
εἴ ποτε ἐβιάσθη, μέχρι τοῦ {ἂν} διαβρέξαι τὸ στόμα προσεφέρετο.
Σιωπηλὸς ἦν ὁ πρότερον τῶν ἀκρίδων λαλίστερος,
ἀργὸς ὁ περιττότερα τῶν αἰγῶν κινούμενος. Ἠμέλητο
καὶ ἡ ἀγέλη· ἔρριπτο {καὶ} ἡ σῦριγξ· χλωρότερον τὸ
πρόσωπον ἦν πόας θερινῆς. Εἰς μόνην Χλόην ἐγίνετο
λάλος· καὶ εἴ ποτε μόνος ἀπ´ αὐτῆς ἐγένετο, τοιαῦτα πρὸς
αὑτὸν ἀπελήρει·
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Traduction française :
[1,17] A ce mot, Chloé ne put laisser achever :
mais, en partie pour le plaisir qu'elle eut
de s'entendre louer, et aussi que de longtemps
elle avait envie de le baiser, sautant
en pieds, d'une gentille et toute naïve façon,
elle lui donna le prix. Ce fut bien un baiser
innocent et sans art ; toutefois c'était assez
pour enflammer un coeur dans ses jeunes années.
Dorcon, se voyant vaincu, s'enfuit dans
le bois pour cacher sa honte et son déplaisir,
et depuis cherchait autre voie à pouvoir
jouir de ses amours. Pour Daphnis, il était
comme s'il eût reçu non pas un baiser de
Chloé, mais une piqûre envenimée. Il
devint triste en un moment, il soupirait, il
frissonnait, le coeur lui battait, il pâlissait
quand il regardait la Chloé, puis tout à
coup une rougeur lui couvrait le visage.
Pour la première fois alors il admira le
blond de ses cheveux, la douceur de ses
yeux et la fraîcheur d'un teint plus blanc
que la jonchée du lait de ses brebis. On eût
dit que de cette heure il commençait à voir
et qu'il avait été aveugle jusque-là. Il ne
prenait plus de nourriture que comme pour
en goûter, de boisson seulement que pour
mouiller ses lèvres. Il était pensif, muet,
lui auparavant plus babillard que les cigales ;
il restait assis, immobile, lui qui avait
accoutumé de sauter plus que ses chevreaux.
Son troupeau était oublié, sa flûte
par terre abandonnée; il baissait la tête
comme une fleur qui se penche sur sa tige ;
il se consumait, il séchait comme les
herbes au temps chaud, n'ayant plus de
joie, plus de babil, fors qu'il parlât à elle
ou d'elle. S'il se trouvoit seul aucune fois,
il allait devisant en lui-même :
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