Texte grec :
[1,13] Καὶ ἐλθὼν ἅμα τῇ Χλόῃ πρὸς τὸ νυμφαῖον τῇ
μὲν ἔδωκε καὶ τὸν χιτωνίσκον καὶ τὴν πήραν φυλάττειν,
αὐτὸς δὲ τῇ πηγῇ προστὰς τήν τε κόμην καὶ τὸ σῶμα πᾶν
ἀπελούετο. Ἦν δὲ ἡ μὲν κόμη μέλαινα καὶ πολλή, τὸ
δὲ σῶμα ἐπίκαυτον ἡλίῳ· εἴκασεν ἄν τις αὐτὸ χρώζεσθαι
τῇ σκιᾷ τῆς κόμης. Ἐδόκει δὲ τῇ Χλόῃ θεωμένῃ καλὸς ὁ
Δάφνις, ὅτι δὲ μὴ πρότερον αὐτῇ καλὸς ἐδόκει, τὸ λουτρὸν
ἐνόμιζε τοῦ κάλλους αἴτιον. Καὶ τὰ νῶτα δὲ ἀπολουούσης
ἡ σὰρξ καθυπέπιπτε μαλθακή, ὥστε λαθοῦσα
ἑαυτῆς ἥψατο πολλάκις, εἰ τρυφερωτέρα εἴη πειρωμένη.
Καὶ τότε μὲν - ἐπὶ δυσμαῖς γὰρ ἦν ὁ ἥλιος - ἀπήλασαν
τὰς ἀγέλας οἴκαδε καὶ ἐπεπόνθει Χλόη περιττὸν οὐδέν,
ὅτι μὴ Δάφνιν ἐπεθύμει λουόμενον ἰδέσθαι πάλιν.
Τῆς δὲ ἐπιούσης ὡς ἧκον εἰς τὴν νομήν, ὁ μὲν Δάφνις ὑπὸ τῇ
δρυῒ τῇ συνήθει καθεζόμενος ἐσύριττε καὶ ἅμα τὰς αἶγας
ἐπεσκόπει κατακειμένας καὶ ὥσπερ τῶν μελῶν ἀκροωμένας,
ἡ δὲ Χλόη πλησίον καθημένη {καὶ} τὴν ἀγέλην μὲν τῶν
προβάτων ἐπέβλεπε, τὸ δὲ πλέον εἰς Δάφνιν ἑώρα· καὶ
ἐδόκει καλὸς αὐτῇ συρίττων πάλιν, καὶ αὖθις αἰτίαν ἐνόμιζε
τὴν μουσικὴν τοῦ κάλλους, ὥστε μετ´ ἐκεῖνον καὶ
αὐτὴ τὴν σύριγγα ἔλαβεν, εἴ πως γένοιτο καὶ αὐτὴ καλή.
Ἔπεισε δὲ αὐτὸν καὶ λούσασθαι πάλιν καὶ λουόμενον
εἶδε καὶ ἰδοῦσα ἥψατο καὶ ἀπῆλθε πάλιν ἐπαινέσασα, καὶ ὁ
ἔπαινος ἦν ἔρωτος ἀρχή. Ὅ τι μὲν οὖν ἔπασχεν οὐκ ᾔδει,
νέα κόρη καὶ ἐν ἀγροικίᾳ τεθραμμένη καὶ οὐδὲ ἄλλου λέγοντος
ἀκούσασα τὸ τοῦ ἔρωτος ὄνομα· ἄση δὲ αὐτῆς εἶχε
τὴν ψυχήν, καὶ τῶν ὀφθαλμῶν οὐκ ἐκράτει καὶ πολλὰ ἐλάλει
Δάφνιν· τροφῆς ἠμέλει, νύκτωρ ἠγρύπνει, τῆς
ἀγέλης κατεφρόνει· νῦν ἐγέλα, νῦν ἔκλαεν· εἶτα ἐκάθευδεν,
εἶτα ἀνεπήδα· ὠχρία τὸ πρόσωπον, ἐρυθήματι αὖθις
ἐφλέγετο. Οὐδὲ βοὸς οἴστρῳ πληγείσης τοσαῦτα ἔργα.
Ἐπῆλθόν ποτε αὐτῇ καὶ τοιοίδε λόγοι μόνῃ γενομένῃ.
|
|
Traduction française :
[1,13] Venant donc avec Chloé à la caverne des
Nymphes, il lui donna sa pannetière et son
sayon à garder, et se mit au bord de la
fontaine à laver ses cheveux et son corps.
Ses cheveux étaient noirs comme ébène,
tombant sur son col bruni par le hâle ; on
eût dit que c'était leur ombre qui en
obscurcissait la teinte. Chloé le regardait,
et lors elle s'avisa que Daphnis était beau ;
et comme elle ne l'avait point jusque-là
trouvé beau, elle s'imagina que le bain lui
donnait cette beauté. Elle lui lava le dos et
les épaules, et en le lavant sa peau lui sembla
si fine et si douce, que plus d'une fois,
sans qu'il en vît rien, elle se toucha elle-même,
doutant à part soi qui des deux avait
le corps plus délicat. Comme il se faisait
tard pour lors, étant déjà le soleil bien bas,
ils ramenèrent leurs bêtes aux étables, et de
là en avant Chloé n'eut plus autre chose en
l'idée que de revoir Daphnis se baigner.
Quand ils furent le lendemain de retour au
pâturage, Daphnis, assis sous le chêne à
son ordinaire, jouait de la flûte et regardait
ses chèvres couchées, qui semblaient prendre
plaisir à si douce mélodie. Chloé
pareillement, assise auprès de lui, voyait
paître ses brebis; mais plus souvent elle
avait les yeux sur Daphnis jouant de la
flûte, et alors aussi elle le trouvait beau ; et
pensant que ce fût la musique qui le faisait
paraître ainsi, elle prenait la flûte après lui,
pour voir d'être belle comme lui. Enfin,
elle voulut qu'il se baignât encore, et pendant
qu'il se baignait, elle le voyait tout nu,
et le voyant elle ne se pouvait tenir de le
toucher; puis le soir, retournant au logis,
elle pensait à Daphnis nu, et ce penser-là
était commencement d'amour. Bientôt elle
n'eut plus souci ni souvenir de rien que de
Daphnis, et de rien ne parlait que de lui.
Ce qu'elle éprouvait, elle n'eût su dire ce
que c'était, simple fille nourrie aux champs,
et n'ayant ouï en sa vie le nom seulement
d'amour. Son âme était oppressée; malgré
elle bien souvent ses yeux s'emplissaient
de larmes. Elle passait les jours sans prendre
de nourriture, les nuits sans trouver de
sommeil: elle riait et puis pleurait; elle
s'endormait et aussitôt se réveillait en sursaut ;
elle pâlissait et au même instant son
visage se colorait de feu. La génisse piquée
du taon n'est point si follement agitée. De
fois à autre elle tombait en une sorte de
rêverie, et toute seulette discourait ainsi :
|
|