HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Ps.-LONGIN, Le Traité du sublime

αὐτὸ



Texte grec :

[9] Φέρε νῦν, εἴ τι καὶ ἕτερον ἔχοιμεν ὑψηλοὺς ποιεῖν τοὺς λόγους δυνάμενον, ἐπισκεψώμεθα. οὐκοῦν ἐπειδὴ πᾶσι τοῖς πράγμασι φύσει συνεδρεύει τινὰ μόρια ταῖς ὕλαις συνυπάρχοντα, ἐξ ἀνάγκης γένοιτ´ ἂν ἡμῖν ὕψους αἴτιον τὸ τῶν ἐμφερομένων ἐκλέγειν ἀεὶ τὰ καιριώτατα καὶ ταῦτα τῇ πρὸς ἄλληλα ἐπισυνθέσει καθάπερ ἕν τι σῶμα ποιεῖν δύνασθαι· ὃ μὲν γὰρ τῇ ἐκλογῇ τὸν ἀκροατὴν τῶν λημμάτων, ὃ δὲ τῇ πυκνώσει τῶν ἐκλελεγμένων προσάγεται. οἷον ἡ Σαπφὼ τὰ συμβαίνοντα ταῖς ἐρωτικαῖς μανίαις παθήματα ἐκ τῶν παρεπομένων καὶ ἐκ τῆς ἀληθείας αὐτῆς ἑκάστοτε λαμβάνει. ποῦ δὲ τὴν ἀρετὴν ἀποδείκνυται; ὅτι τὰ ἄκρα αὐτῶν καὶ ὑπερτεταμένα δεινὴ καὶ ἐκλέξαι καὶ εἰς ἄλληλα συνδῆσαι· "φαίνεταί μοι κῆνος ἴσος θέοισιν ἔμμεν´ ὤνηρ, ὄττις ἐνάντιός τοι ἰσδάνει καὶ πλάσιον ἆδυ φωνείσας ὐπακούει καὶ γελαίσας ἰμέροεν, τό μ´ ἦ μὰν καρδίαν ἐν στήθεσιν ἐπτόαισεν. ὠς γὰρ ἔς ς´ ἴδω βρόχε´, ὤς με φώναις´ οὐδὲν ἔτ´ εἴκει· ἀλλὰ κὰμ μὲν γλῶσσα ἔαγε· λέπτον δ´ αὔτικα χρῷ πῦρ ὐπαδεδρόμακεν· ὀππάτεσσι δ´ οὐδὲν ὄρημμ´, ἐπιρρόμβεισι δ´ ἄκουαι· εκαδε μ´ ἴδρως ψυχρὸς κακχέεται, τρόμος δὲ παῖσαν ἄγρει, χλωροτέρα δὲ ποίας ἔμμι· τεθνάκην δ´ ὀλίγω ´πιδεύης φαίνομαι - - - ἀλλὰ πὰν τόλματον, ἐπεὶ καὶ πένητα" οὐ θαυμάζεις ὡς ὑπὸ τὸ αὐτὸ τὴν ψυχὴν τὸ σῶμα, τὰς ἀκοὰς τὴν γλῶσσαν, τὰς ὄψεις τὴν χρόαν, πάνθ´ ὡς ἀλλότρια διοιχόμενα ἐπιζητεῖ, καὶ καθ´ ὑπεναντιώσεις ἅμα ψύχεται καίεται, ἀλογιστεῖ φρονεῖ ἢ γὰρ φοβεῖται ἢ παρ´ ὀλίγον τέθνηκεν ἵνα μὴ ἕν τι περὶ αὐτὴν πάθος φαίνηται, παθῶν δὲ σύνοδος; πάντα μὲν τοιαῦτα γίνεται περὶ τοὺς ἐρῶντας, ἡ λῆψις δ´ ὡς ἔφην τῶν ἄκρων καὶ ἡ εἰς ταὐτὸ συναίρεσις ἀπειργάσατο τὴν ἐξοχήν. ὅνπερ οἶμαι καὶ ἐπὶ τῶν χειμώνων τρόπον ὁ ποιητὴς ἐκλαμβάνει τῶν παρακολουθούντων τὰ χαλεπώτατα. ὁ μὲν γὰρ τὰ Ἀριμάσπεια ποιήσας ἐκεῖνα οἴεται δεινά· "θαῦμ´ ἡμῖν καὶ τοῦτο μέγα φρεσὶν ἡμετέρῃσιν. ἄνδρες ὕδωρ ναίουσιν ἀπὸ χθονὸς ἐν πελάγεσσι· δύστηνοί τινές εἰσιν, ἔχουσι γὰρ ἔργα πονηρά· ὄμματ´ ἐν ἄστροισι, ψυχὴν δ´ ἐνὶ πόντῳ ἔχουσιν. ἦ που πολλὰ θεοῖσι φίλας ἀνὰ χεῖρας ἔχοντες εὔχονται σπλάγχνοισι κακῶς ἀναβαλλομένοισι". παντὶ οἶμαι δῆλον, ὡς πλέον ἄνθος ἔχει τὰ λεγόμενα ἢ δέος. ὁ δὲ Ὅμηρος πῶς; ἓν γὰρ ἀπὸ πολλῶν λεγέσθω· "ἐν δ´ ἔπες´, ὡς ὅτε κῦμα θοῇ ἐν νηὶ πέσῃσι λάβρον ὑπαὶ νεφέων ἀνεμοτρεφές, ἡ δέ τε πᾶσα ἄχνῃ ὑπεκρύφθη, ἀνέμοιο δὲ δεινὸς ἀήτης ἱστίῳ ἐμβρέμεται, τρομέουσι δέ τε φρένα ναῦται δειδιότες· τυτθὸν γὰρ ὑπὲκ θανάτοιο φέρονται. ἐπεχείρησε καὶ ὁ Ἄρατος τὸ αὐτὸ τοῦτο μετενεγκεῖν, ὀλίγον δὲ διὰ ξύλον ἄιδ´ ἐρύκει"· πλὴν μικρὸν αὐτὸ καὶ γλαφυρὸν ἐποίησεν ἀντὶ φοβεροῦ· ἔτι δὲ παρώρισε τὸν κίνδυνον εἰπών "ξύλον ἄιδ´ ἐρύκει". οὐκοῦν ἀπείργει. ὁ δὲ ποιητὴς οὐκ εἰς ἅπαξ παρορίζει τὸ δεινόν, ἀλλὰ τοὺς ἀεὶ καὶ μόνον οὐχὶ κατὰ πᾶν κῦμα πολλάκις ἀπολλυμένους εἰκονογραφεῖ. καὶ μὴν τὰς προθέσεις ἀσυνθέτους οὔσας συναναγκάσας παρὰ φύσιν καὶ εἰς ἀλλήλας συμβιασάμενος, {ὑπὲκ θανάτοιο} τῷ μὲν συνεμπίπτοντι πάθει τὸ ἔπος ὁμοίως ἐβασάνισε, τῇ δὲ τοῦ ἔπους συνθλίψει τὸ πάθος ἄκρως ἀπεπλάσατο καὶ μόνον οὐκ ἐνετύπωσε τῇ λέξει τοῦ κινδύνου τὸ ἰδίωμα· "ὑπὲκ θανάτοιο φέρονται." οὐκ ἄλλως ὁ Ἀρχίλοχος ἐπὶ τοῦ ναυαγίου, καὶ ἐπὶ τῇ προσαγγελίᾳ ὁ Δημοσθένης· "ἑσπέρα μὲν γὰρ ἦν" φησίν. ἀλλὰ τὰς ἐξοχάς, ὡς ἂν εἴποι τις, ἀριστίνδην ἐκκαθήραντες ἐπισυνέθηκαν, οὐδὲν φλοιῶδες ἢ ἄσεμνον ἢ σχολικὸν ἐγκατατάττοντες διὰ μέσου. λυμαίνεται γὰρ ταῦτα τὸ ὅλον, ὡσανεὶ ψύγματα ἢ ἀραιώματα ἐμποιοῦντα μεγέθη συνοικοδομούμενα τῇ πρὸς ἄλληλα σχέσει συντετειχισμένα.

Traduction française :

[9] CHAPITRE IX. De la sublimité qui se tire des circonstances. Voyons si nous n'avons point encore quelque autre moyen par où nous puissions rendre un discours sublime. Je dis donc, que comme naturellement rien n'arrive au monde qui ne soit toujours accompagné de certaines circonstances, ce sera un secret infaillible pour arriver au grand, si nous savons faire à propos le choix des plus considérables, et si en les liant bien ensemble, nous en formons comme un corps. Car d'un côté ce choix, et de l’autre cet amas de circonstances choisies attachent fortement l'esprit. Ainsi, quand Sapho veut exprimer les fureurs de l'amour, elle ramasse de tous cotés les accidents qui suivent et qui accompagnent en effet cette passion: mais où son adresse paraît principalement, c’est à choisir de tous ces accidents ceux qui marquent davantage l'excès et la violence de l'amour, et à bien lier tout cela ensemble. "Heureux ! qui près de toi, pour toi seule soupire ; Qui jouit du plaisir de t’entendre parler : Qui te voit quelquefois doucement lui sourire. Les Dieux, dans son bonheur peuvent-ils l’égaler ? Je sens de veine en veine une subtile flamme Courir par tout mon corps, si tôt que je te vois : Et dans les doux transports, où s'égare mon âme Je ne saurais trouver de langue, ni de voix Un nuage confus se répand sur ma vue Je n’entends plus, je tombe en de douces langueurs Et passe y sans haleine, interdite, éperdue, Un frisson me saisit, je tremble, je me meurs. Mais quand on n’a plus rien, il faut tout hasarder", etc. N'admirez-vous point comment elle ramasse toutes ces choses, l’âme, le corps, l'ouïe, la langue, la vue, la couleur, comme si c'étaient autant de personnes différentes et prêtes à expirer ? Voyez de combien de mouvements contraires elle est agitée, elle gèle, elle brûle, elle est folle, elle est sage ; ou elle est entièrement hors d'elle-même, ou elle va mourir : en un mot on dirait quelle n'est pas éprise d'une simple passion, mais que son âme est un rendez-vous de toutes les passions et c'est en effet ce qui arrive à ceux qui aiment. Vous voyez donc bien, comme j'ai déjà dit, que ce qui fait la principale beauté de son discours, ce sont toutes ces grandes circonstances marquées à propos, et ramassées avec choix. Ainsi quand Homère veut faire la description d’une tempête, il a soin d'exprimer tout ce qui peut arriver de plus affreux dans une tempête. Car par exemple l'auteur du poème des Arimaspiens pense dire des choses fort étonnantes quand il s’écrie : "O prodige étonnante ô fureur incroyable Des hommes insensés, sur de frêles vaisseaux, S’en vont loin de la terre habiter sur les eaux : Et suivant sur la mer une route incertaine, Courent chercher bien loin le travail et la peine. Ils ne goûtent jamais de paisible repos. Ils ont les yeux au Ciel, et l’esprit sur les flots : Et les bras étendus, les entrailles émues, Ils font souvent aux Dieux des prières perdues". Cependant il n y a personne, comme je pense, qui ne voie bien que ce discours est en effet plus fardé et plus fleuri que grand et sublime. Voyons donc comment fait Homère, et considérons cet endroit entre plusieurs autres : "Comme l’on voit les flots soulevés par l’orage, Fondre sur un vaisseau qui s’oppose à leur rage. Le vent avec fureur dans les voiles frémit, La mer blanchit d' écume et l’air au loin gémit Le matelot troublé, que son art abandonne, Croit voir dans chaque flot la mort qui l’environne". Aratus a tâché d'enchérir sur ce dernier vers, en disant : "Un bois mince et léger les défend de la mort". Mais en fardant ainsi cette pensée, il l’a rendue basse et fleurie de terrible qu'elle était. Et puis renfermant tout le péril dans ces mots, "Un bois mince et léger les défend de la mort", il l'éloigne et le diminue plutôt qu'il ne l'augmente. Mais Homère ne met pas pour une seule fois devant les yeux le danger où se trouvent les matelots ; il les représente, comme en un tableau, sur le point d'être immergés à tous les flots qui s'élèvent et imprime jusque dans ses mots et les syllabes, image du péril. Archiloque ne s’est point servi d'autre artifice dans la description de son naufrage non plus que Démosthène dans cet endroit où il décrit le trouble des Athéniens à la nouvelle de la prise d'Élatée, quand il dit: "Il était déjà fort tard", etc. Car ils n'ont fait tous deux que trier, pour ainsi dire, et ramasser soigneusement les grandes circonstances, prenant garde à ne point inférer dans leurs discours de particularités basses et superflues, ou qui sentissent l'école. En effet, de trop s'arrêter aux petites choses, cela gâte tout : et c'est comme du moellon ou des plâtras qu'on aurait arrangés, et comme entassés les uns sur les autres pour élever un bâtiment.





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Dernière mise à jour : 14/06/2007